Le capitaine Urs W. Honegger estime que de nombreux officiers actifs ou ayant achevé leur service soutiennent cette initiative tout en restant favorables au principe de l'armée. Questionné par l'ATS, il n'a pas pu présenter de chiffre plus précis car beaucoup d'entre eux ne veulent pas "salir leur nid".
Ancien commandant de compagnie, Urs W. Honegger souligne n'avoir "pas encore entendu un seul officier articuler un argument fondé et objectif en faveur du maintien de l'arme personnelle à domicile. D'un point de vue strictement militaire, il n'y a aucune raison de poursuivre dans cette voie, ni en cas de mobilisation, ni pour les tirs obligatoires menés en dehors du service".
"Prévenir des tragédies"
L'ancien capitaine d'Etat-major Ebo Aebischer soutient l'initiative notamment en raison de son expérience en tant que pasteur dans la vie civile. A son avis, "réduire la disponibilité des armes constitue incontestablement un moyen de prévenir des tragédies".
Des faits divers comme la tuerie de Zoug, commise au fusil d'assaut, qui avait fait 14 morts, ou plus récemment, en 2007, le meurtre d'une jeune fille abattue sans raison apparente à un abribus à Zurich par une recrue, sont là pour rappeler le danger de la disponibilité des armes à feu. Il a également mis en avant le taux de suicide par armes à feu "toujours considérable" en Suisse.
S'il existe un article constitutionnel qui oblige la Confédération à prendre des mesures contre l'abus d'armes à feu, "sa mise en oeuvre est encore par trop lacunaire", souligne Ebo Aebischer.
Les tirs obligatoires, un leurre
L'ancien lieutenant-colonel Jean-Marc Guinchard prône le oui car "l'arme à la maison, héritée et imagée selon la légende de Guillaume Tell, n'a plus cours de nos jours (...) La guerre du futur est économique, terroriste ou informatique, ce qui signifie que le paradigme a totalement changé".
Il rappelle que la Suisse est le pays comptant le plus d'armes à feu à domicile: 2,3 millions dont 200'000 armes de service. En outre, près de la moitié des suicides par armes à feu sont dus à l'utilisation de l'arme de service, selon lui.
L'argument des tirs obligatoires pour justifier le maintien de l'arme à domicile est un leurre, à son avis. "Ces tirs ne servent qu'à financer les sociétés de tir et pourraient être accomplis pendant les cours de répétition." Jean-Marc Guinchard considère que l'initiative "contribue grandement" à restreindre la disponibilité d'un engin mortel. En cela, elle est "un acte citoyen et responsable".
Les Démocrates suisses opposés
Le comité central des Démocrates suisses (DS) s'est prononcé à l'unanimité contre l'initiative "pour la protection face à la violence des armes", en votation le 13 février. Elle vise uniquement le désarmement des membres de l'armée, explique le parti pour justifier le "non".
Désarmer les Suisses équivaut à créer un monopole d'armes pour les criminels étrangers, écrivent les DS dans un communiqué publié lundi soir.
ats/ap/sbo
Une initiative de la gauche
Déposée en février 2009 forte de 106'000 signatures, l'initiative vise à réduire le nombre d'armes dans les ménages en Suisse.
Elle demande notamment l'entreposage des armes d'ordonnance dans les arsenaux, ce qui éliminerait les risques de vols comme ceux d'actes de violence qui découlent de leur stockage dans les foyers helvétiques, ainsi que la création d'un registre national des armes à feu.
Soutenu notamment par le PS, les Verts, le Parti chrétien-social, le Parti évangélique, le Groupe pour une suisse dans armée (GSsA) ainsi que des organisations féminines et de prévention du suicide, le texte veut aussi interdire les armes automatiques et les fusils à pompe.