La peine s'élève à 240 jours-amendes à 30 francs (7200 francs) avec sursis pendant deux ans. La procureure avait requis huit mois de prison ferme et une amende de 2000 francs pour violation du secret bancaire, coercition et menace.
Pour la défense, l'ancien banquier s'est uniquement rendu coupable de tentative de contrainte. Elle avait donc plaidé pour une peine pécuniaire de 35 jours-amendes à 30 francs (1050 francs) avec sursis. Le secret bancaire suisse ne s'applique pas aux données provenant des Iles Caïmans, a souligné l'avocate.
Le prévenu a été pendant huit ans responsable de la filiale de Julius Baer dans ce paradis fiscal et archipel britannique. Licencié en 2002, Rudolf Elmer a emporté avec lui des données de clients de Julius Baer. Lundi à Londres, il a remis deux disques de données bancaires à Julian Assange, le créateur de WikiLeaks, ce qui a attiré de nombreux journalistes étrangers au procès. Ces disques contiendraient des informations sur 2000 clients (chefs d'entreprises, politiciens et artistes) qui auraient cherché à frauder le fisc suisse.
Des activités bancaires "immorales" dénoncées
Le prévenu a affirmé n'avoir jamais touché d'argent en échange. Il a expliqué aux juges avoir constaté dans le cadre de ses fonctions que les activités de la banque Julius Baer aux Iles Caïman étaient "immorales, non conformes à l'éthique et avaient pris un tour criminel". Il a donc décidé d'agir.
Le prévenu a reconnu avoir envoyé des courriels anonymes à son ancien employeur. Il y menaçait la banque de révéler des données sur la clientèle au fisc et aux médias, car il sentait que lui et sa famille étaient surveillés par la banque. Rudolf Elmer a par contre nié être l'auteur d'une alerte à la bombe dans une filiale de Julius Baer à la Bahnhofstrasse à Zurich. Il a aussi contesté avoir menacé un employé et avoir voulu exercer un chantage financier contre l'établissement bancaire.
Le prévenu a fait partie pendant des années du monde bancaire et il en a profité, a souligné le juge. Le magistrat estime que le motif de l'ancien banquier n'était pas la lutte contre l'évasion fiscale, mais son licenciement.
Pour la procureure, Rudolf Elmer prétend être un "whistleblower" (dénonciateur d'irrégularités au sein d'une entreprise), mais c'est une stratégie de défense. Il est donc normal qu'il nie l'alerte à la bombe et le chantage. Dans l'acte d'accusation, la procureure avait requis une peine de huit mois de prison avec sursis et une amende de 2000 francs. Le fait que le prévenu a transmis de nouvelles données lundi à WikiLeaks l'a incitée à demander une peine sans sursis "car il n'a rien appris", selon elle.
ats/mej
Rattrapé par la justice
Coup de théâtre à Zurich pour l'ancien collaborateur de la banque Julius Baer, Rudolf Elmer.
L'ex-banquier a à nouveau été arrêté mercredi soir et une procédure pénale a été ouverte contre lui en raison de soupçon d'infraction à la loi bancaire, ont indiqué le ministère public zurichois et la police cantonale.
Les raisons de cette nouvelle procédure et la réitération de l'arrestation sont les deux disques de données bancaires que Rudolf Elmer a remis lundi à Londres au fondateur de WikiLeaks Julian Assange (voir la vidéo ci-dessus).
Selon le communiqué, il s'agit maintenant d'élucider si Rudolf Elmer a ainsi enfreint la loi bancaire suisse.