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Les Flûtes de Champagne savourent une victoire

Marc-André Cornu, patron de la boulangerie vaudoise, aura longtemps joué les irréductibles. [Martial Trezzini]
Le patron de la boulangerie vaudoise, ici en 2005, aura longtemps joué les irréductibles. - [Martial Trezzini]
La longue bataille sur l'appellation "Flûtes de Champagne" est terminée. Un accord à l'amiable a été trouvé entre le fabricant vaudois Cornu SA et les Français du Comité du vin de Champagne (CIVC). Toutes les procédures judiciaires sont abandonnées, indique un communiqué.

"On n'utilisera plus la désignation Champagne comme marque, mais on pourra l'utiliser pour mentionner l'origine du produit. Il faudra changer le logo sur les emballages", a expliqué vendredi Marc-André Cornu, patron du groupe de boulangerie fine et syndic de Champagne (VD).

"L'accord répond en partie à nos attentes. A un moment donné, il faut faire des concessions pour avancer", a poursuivi le responsable.

Lâchés par Berne

Marc-André Cornu s'est dit en revanche très déçu du peu de soutien des autorités fédérales dans sa lutte: "c'est le moins qu'on puisse dire".

Fin 2008, le Conseil fédéral avait clairement signifié que le village de Champagne devait mener seul son combat qui l'oppose à la France. Le gouvernement ne voulait ni renégocier le traité de 1974 passé avec Paris ni modifier la loi sur la protections des marques.

Le dossier des flûtes et celui du vin blanc de Champagne sont "totalement séparés", précise Marc-André Cornu. Il estime que l'accord à l'amiable trouvé sur les produits de boulangerie après 20 ans de querelles n'a "pas d'incidence négative" sur la controverse vinicole toujours en cours (voire encadré).

Le compromis obtenu pourrait peut-être "inspirer" ceux qui s'opposent sur le vin, ajoute Marc-André Cornu.

La justice française intraitable

Fondé en 1934, le groupe de boulangerie fine emploie aujourd'hui 330 collaborateurs et dégage un chiffre d'affaires de 100 millions de francs.

En 2008, le Tribunal de grande instance de Paris a condamné la boulangerie et lui a ordonné de cesser d'utiliser le terme "Champagne" sur ses emballages et à fermer son site internet. Selon le jugement, cette utilisation était "de nature à déprécier, banaliser et affaiblir l'appellation contrôlée Champagne".

ats/ap/jeh

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Guerre des bulles en coulisses

L'accord conclu pour les biscuits apéritifs n'a aucune incidence sur le différend concernant le vin.

La bisbille entre les producteurs du village de Champagne et la France dure depuis plusieurs années.

L'origine du nom du village vaudois remonterait au 9ème siècle: il s'appelait alors encore de son nom latin "campania", avant de devenir "champagne" aux alentours du 17ème siècle.

Les premières vignes y ont probablement été plantées par les Romains, soit bien avant l'invention du prestigieux vin français par Dom Pérignon.

En 2004, les vignerons vaudois se sont vus interdire de mentionner la provenance géographique de leur vin sur les étiquettes des bouteilles, en vertu des accords bilatéraux avec l'Union européenne.

Suite à un recours, cette interdiction a été confirmée en 2007 par la Cour européenne de justice.

Thomas Bindschedler, porte-parole du comité de défense de la commune de Champagne, a confirmé que le dossier sur le vin était "toujours pendant", mais que la voie judiciaire n'était "en tout cas pas privilégiée".

Le but serait d'obtenir un accord d'homonymie.

Le responsable a reconnu que l'accord à l'amiable sur les flûtes les inspirait "beaucoup".

La volonté est aussi de se retrouver autour d'une table de négociation avec le comité français.