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Elections fédérales 2011: l'UDC flirte avec les 30%

L'UDC remporterait presque 30% des suffrages.
L'UDC remporterait presque 30% des suffrages.
L’UDC remporterait 29,8% des suffrages lors des prochaines élections fédérales d’octobre, selon le deuxième baromètre électoral de gfs.bern réalisé pour le compte de SRG SSR idée suisse. Soit une hausse de 0,9% par rapport à 2007. La gauche recule, le centre s’affaiblit.

Le Parti socialiste, pour commencer, recule de 1,5% à 18% comme les Verts en retrait d’un point à 8,8%. Le Parti libéral-radical se maintient à 17,7%. Les démocrates-chrétiens perdent quant à eux 1,6 point à 12,9%. Enfin, les Verts libéraux gagnent 3,8 points à 5,2%, tandis que le nouveau Parti bourgeois démocratique suisse obtiendrait 2,6% des suffrages.

Ces chiffres ne vont pas dans le sens de la première prise de température de gfs en octobre 2010. Pour mémoire, l’UDC remportait alors 26,1% des suffrages, tandis que les socialistes progressaient à 20,1%. Les libéraux-radicaux reculaient à 17,2%, les démocrates-chrétiens à 14,1% et les Verts à 8,5%. Bref, de grosses différences qui sont étroitement liées à la dernière campagne sur le renvoi des criminels étrangers, selon les auteurs de l'étude.

Encore l'asile et les étrangers

L’Institut a demandé à son panel quels sont à leurs yeux les problèmes  les plus importantes à résoudre.  Pour 34% des sondés, les questions  de migration, d'étrangers et d’asile sont leur première ou seconde préoccupation. Derrière, le dossier de la santé préoccupe 19% des personnes et le chômage 18%.

La problématique de l’asile et des étrangers figure d’ailleurs, à des degrés différents,  presque toujours  parmi les principales préoccupations de la plupart des partis. Quelque 33% des partisans socialistes, par exemple, estiment qu’il s’agit d’un des problèmes les plus urgents à régler. Chez les radicaux, ce sont 29% des sondés qui sont de cet avis.

PS et UDC les plus crédibles

Se pose alors la question du parti qui serait le plus à même de résoudre les problèmes prioritaires des sondés. Quelque 22% ont répondu le PS. L’UDC arrive ensuite avec 20% et les radicaux se positionnent au troisième rang avec 11,5%.  Plus de 26% des sondés estiment qu’aucun parti ne répond à ses attentes.

L’institut de sondage s’est aussi intéressé à la crédibilité des chefs de partis. Fulvio Pelli (PLR) arrive en tête avec 55% d’avis favorables. Il est suivi du démocrate-chrétien Christophe Darbellay (51%), du socialiste Christian Levrat (49%) et de l’UDC Toni Brunner (44%).

Lorsqu’on pose la même question aux partisans d’une formation par rapport à leur président, Fulvio Pelli et Toni Brunner arrivent en tête avec 79% d’opinions positives. Christian Levrat et Christophe Darvellay séduisent quant à eux 70% de leurs troupes.

L'UDC se démarque

Bien que le combat politique n’ait pas vraiment commencé, gfs a demandé aux sondés quel était selon eux le parti qui réalise la meilleure campagne 2011. Quelque 35% des sondés citent l’UDC tandis qu’aucun autre parti ne parvient à dépasser la barre des 5%. Il faut aussi noter que 39% des personnes interrogées étaient sans avis.

Les partis ne disposent pas du même soutien dans toutes les couches de la population. L’UDC peut ainsi compter sur 40% de partisans ayant une formation moyenne alors que les socialistes ont le soutien de 17% de ce groupe. Les élites votent à 20% pour l’UDC et à 18% pour le PS. Enfin, les personnes les moins formées votent à 31% pour l’UDC et à 27% pour le PS.

L’UDC se positionne en première position dans quasiment toutes les couches sociales quel que soit le niveau de formation, selon un autre graphique. Derrière, le PS tire surtout son épingle du jeu dans les grandes agglomérations.

Prudence

Les différents chiffres de ce sondage sont évidemment à prendre avec une certaine prudence puisque la campagne n’a pas vraiment débuté.  Il est par ailleurs intéressant de souligner les grosses différences entre la première et cette deuxième prise de température. Seul constat qui semble s’imposer, la force de l’UDC dans quasiment toutes les couches de la population.

Le sondage a été réalisé du 10 au 22 janvier auprès de 1229 personnes représentatives des différentes régions linguistiques. La marge d’erreur théorique est de 2,5%

Xavier Studer

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L'analyse de Romaine Morard

Pourquoi l'UDC progresse-t-elle de 3 points par rapport au précédent baromètre électoral? Ce bond s'explique par la campagne en faveur de l’initiative sur l’expulsion des étrangers criminels. L’UDC a clairement su convaincre bien au-delà de son électorat. Surtout, c’est le parti le plus crédible sur cette problématique des étrangers, préoccupation majeure des Suisses aujourd’hui selon le baromètre gfs. Les autres formations n’ont pas le choix, elles devront s’emparer du sujet, mais elles auront de la peine à refaire leur retard en la matière.

Autre enseignement du sondage: l’UDC est le premier parti de Suisse dans quasiment toutes les couches de la population. Jeunes, vieux, catholiques, protestants ou sans confessions, bas et hauts revenus… Il n’y a que chez les citadins et les universitaires que l’UDC n’est pas le premier parti.

A neuf mois du scrutin, difficile de dire si l’UDC peut dépasser cette barre symbolique des 30% d’électeurs. Mais il y a peu de chance que le capital de sympathie du parti baisse. Avec sa forte capacité à mobiliser, à mener une campagne électorale, avec un budget bien supérieur à celui des autres partis et des thématiques qui font mouche, le parti de Christoph Blocher a probablement une très belle année devant elle.

Du côté du PS en revanche, la situation n’est pas rose. Avec 18% d’intention de vote, le parti tombe encore plus bas que le niveau déjà décevant de 2007. Des électeurs déçus par le programme du parti décidé en automne dernier se tournent vers le centre: PDC, Verts libéraux et même PBD. La direction du PS va devoir renverser la tendance. Elle peut compter sur la nouvelle conseillère fédérale Simonetta Sommaruga pour essayer de faire revenir les électeurs tentés par le centre, notamment en Suisse alémanique. Mais l’exercice promet d’être difficile.

Enfin, le PDC est également en position délicate. Les démocrates-chrétiens n’ont pas réussi à récupérer leur deuxième siège au Conseil fédéral. Ils partent en campagne avec un Christophe Darbellay très présent, mais ce ne sera peut-être pas suffisant.

D’autant que la locomotive Leuthard est maintenant à la tête du DETEC où elle a déjà fâché beaucoup de monde avec son intention de faire passer les pendulaires à la caisse. Tout l’enjeu du PDC sera de ne pas trop perdre de plumes, et surtout de sièges, au Conseil des Etats, où le parti doit maintenir sa position dominante avec le PLR.