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Quatre journalistes romands de retour du Caire

Le Caire, 3 février. Un journaliste est secouru par l'armée après avoir été agressé par des manifestants. [Kyodo]
Le Caire, 3 février. Un journaliste est secouru par l'armée après avoir été agressé par des manifestants. - [Kyodo]
Trois journalistes et un photographe romands arrêtés et molestés au Caire sont arrivés vendredi soir à Zurich. Choqués mais sains et saufs, ils racontent les longues heures d'arrestation et de menaces. Sur place, violences et intimidations à l'encontre des médias occidentaux se poursuivent.

"Tout a basculé après le discours du président Moubarak mardi soir", expliquent Sid Ahmed Hammouche, envoyé spécial de La Liberté, et Patrick Vallélian, de L'Hebdo, dans le quotidien fribourgeois de samedi. "Le régime a trouvé des boucs émissaires, les étrangers, et surtout les journalistes étrangers."

"Nous avons vu, dès le mercredi, les policiers amener des truands, nous les avons vus payer des gens qu'ils étaient allés chercher dans les villages pour tabasser et effrayer les jeunes sur la place Al-Tahrir", racontent les deux journalistes questionnés par La Liberté peu après leur descente d'avion.

"Si tu bouges, je te tire dessus"

"La violence contre nous est allée crescendo. Le mercredi soir, j'ai vu les choses les plus horribles", ajoute Sid Ahmed Hammouche, sans donner de précisions sur les exactions. Arrêtés jeudi à un barrage, les journalistes ont été retenus par l'armée pendant quatre heures sur un trottoir avec un groupe d'une trentaine de personnes, toutes étrangères, expliquent les deux hommes. "Ils nous disaient: 'Si tu bouges, si tu essayes de partir, je te tire dessus!'."

Un policier en civil s'apprête à attaquer le photographe de Reuters, tandis que d'autres tabassent un manifestant. [Goran Tomasevic]
Un policier en civil s'apprête à attaquer le photographe de Reuters, tandis que d'autres tabassent un manifestant. [Goran Tomasevic]

Relâchés à la tombée de la nuit, les deux journalistes se sont ensuite fait agresser à sept reprises à des barrages de milices de quartier, relatent-ils. Au passage, ils ont repêché un touriste perdu, un globe-trotter argovien, a raconté Sid Ahmed Hammouche samedi à l'ATS. Ils l'ont emmené avec eux en le protégeant du mieux qu'ils ont pu.

Plus utile de l'extérieur

Grâce à des copies de sauvegarde régulières, les deux journalistes ont pu préserver leur matériel, a expliqué Sid Ahmed Hammouche. Le journaliste du quotidien fribourgeois compte bien l'utiliser ces prochains jours pour réaliser notamment des portraits de ces Egyptiens luttant pour la liberté.

Arrivés dimanche dernier en Egypte, les deux journalistes ont passé en tout six jours sur place. Mais au vu les difficultés actuelles, Sid Ahmed Hammouche pense être désormais plus utile de l'extérieur, "plutôt que terrés au centre du Caire", a-t-il dit. Sans nier avoir reçu de l'aide de l'ambassade de Suisse au Caire, Sid Hammouche déplore le fait que lui et son collègue aient dû se débrouiller seuls pour se rendre jusqu'à l'aéroport, "pour sauver notre peau".

Des équipes de la RTS molestées

Lundi et mardi, des équipes de la RTS (voir vidéo ci-dessus) faisaient état de violences contre un de ses journalistes et surtout un de ses cameramen, pris à partie par la foule dans un quartier. Le cameraman a été blessé à la main et sa caméra abîmée.

Une équipe de la RSR a été prise à partie mardi par la foule dans une banlieue du Caire. Aidés par certaines personnes, nos confrères ont pu rejoindre leur taxi et quitter le quartier sans dommages.

Encore importunés jeudi matin à la sortie de leur hôtel situé aux abords de la place Tahrir, les journalistes de la radio ont été refoulés à l'intérieur de l'établissement.

ats/afp/sbo

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Un journaliste tué, d'autres arrêtés

Alors que les appels au respect de la liberté de presse se multipliaient après les attaques subies par des journalistes étrangers, un journal gouvernemental a annoncé le décès vendredi d'un journaliste égyptien de 36 ans, Ahmed Mohammed Mahmoud, touché la semaine dernière par un tir de "sniper".

Le ministre égyptien des Finances Samir Radwan a présenté ses excuses pour les cas de "mauvais traitements" infligés aux journalistes et manifestants par les forces de l'ordre, dans une interview à CNN.

La chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jazira a annoncé samedi que le directeur de son bureau au Caire et l'un de ses journalistes avaient été arrêtés, au lendemain de la mise à sac du bureau.

Les autorités égyptiennes ont déjà interdit depuis le 30 janvier à la chaîne, qui couvre largement le soulèvement contre le président Hosni Moubarak, de travailler en Egypte. Al-Jazira a toujours eu des relations tendues avec le gouvernement égyptien.

Manifs à Zurich, Berne et Genève

Près de 300 personnes ont exprimé leur soutien au mouvements d'opposition en Egypte et en Tunisie en défilant pacifiquement samedi après-midi notamment dans la vieille ville de Zurich. Cette manifestation était autorisée par la police.

Des défilés identiques ont aussi eu lieu à Genève et à Berne. Les participants ont exprimé plusieurs revendications. Ils ont notamment exigé le départ immédiat du président égyptien Hosni Moubarak.