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Jumelles disparues: pas de témoin sur la piste corse

Aucun témoin n'a vu ni le père, ni les fillettes, sur le ferry à destination de la Corse. [Photononstop]
Aucun témoin n'a vu ni le père, ni les fillettes, sur le ferry à destination de la Corse. - [Photononstop]
Le père de famille de St-Sulpice (VD), retrouvé mort vendredi en Italie après avoir disparu dimanche dernier avec ses jumelles, qui restent introuvables, a acheté un billet de bateau pour trois pour la Corse. Mais aucun témoin ne l'a vu à bord, a indiqué dimanche le parquet de Marseille. La police a aussi retrouvé son testament.

La police cantonale vaudoise a appris de la Police nationale à Marseille que le père des jumelles avait réservé, à Marseille, trois billets pour embarquer le soir-même vers la Corse. Le bateau a quitté Marseille, le 31 janvier 2011 à 18h35 pour arriver à Propriano le 1er février à 6h30.

La compagnie maritime a pu confirmer aux enquêteurs que le billet "avait été scanné" sur le quai d'embarquement du bateau et que le père "figurait sur le rôle des passagers", "ce qui n'est pas suffisant pour dire que le père et les fillettes étaient à bord", a-t-il ajouté. "Nous n'avons pas de témoins ou d'éléments qui nous confirment qu'il est bien monté sur le bateau", a-t-il dit.

Sans les affaires des filles

Les deux fillettes ont été vues pour la dernière fois sur un ferry entre Marseille et la Corse.
Les deux fillettes ont été vues pour la dernière fois sur un ferry entre Marseille et la Corse.

Le personnel de l'agence de voyage qui a vendu le billet n'a pas vu les fillettes, le père s'étant présenté seul, a précisé le procureur-adjoint de la République de Marseille, Christophe Barret. Pour l'heure, "nous n'avons pas de témoins qui ont vu les petites filles en France", a rappelé le magistrat. Dimanche matin, la police vaudoise évoquait pourtant un témoin qui aurait vu le trio dans l'agence.

Les enquêteurs interrogent le personnel de la CMN et des ports de Marseille et Propriano à la recherche de témoins ayant vu le trio, la vidéo du bateau n'étant "pas exploitable". La compagnie maritime a envoyé un SMS à tous ses employés pour les inviter à visionner les photos du trio.

Le billet pour trois "laisse penser que les fillettes étaient à Marseille" mais "d'autres éléments donneraient une interprétation contraire", notamment le fait qu'il a quitté son domicile suisse "sans les sièges auto, sans les affaires des enfants ce qui n'était absolument pas dans ses habitudes apparemment", a dit Christophe Barret.

Testament du père

L'enquête de la police italienne a également permis d'établir que le père se trouvait à Naples le jeudi 3 février vers midi dans un restaurant. Les témoins ne l'ont pas vu en compagnie de ses deux fillettes de 6 ans.

Auparavant la police vaudoise a confirmé avoir découvert le testament du père. Ce document, trouvé "il y a quelques jours", est "récent", a indiqué Jean-Christophe Sauterel. Le porte-parole n'a pas donné d'informations sur le contenu du texte. Le père des fillettes,  un Suisse de 43 ans qui vivait mal la séparation d'avec sa femme italienne (44 ans), les avait enlevées dimanche à Saint-Sulpice (VD) à bord de la voiture de son épouse qu'il avait volée.

A la recherche des fillettes, la police italienne a même inspecté les puits de la région de Cerignola. [Donato Fasano]
A la recherche des fillettes, la police italienne a même inspecté les puits de la région de Cerignola. [Donato Fasano]

La mère s'était présentée vendredi à la police française à la recherche de ses filles à Marseille (sud de la France), d'où le père lui avait envoyé le 31 janvier une carte postale dans laquelle il se disait désespéré et affirmait ne pas pouvoir vivre sans elle.

Une importante somme d'argent

Le père aurait retiré 7500 euros dans cinq distributeurs de billets différents de Marseille mais il n'avait qu'une centaine d'euros sur lui quand il est mort, rapporte le quotidien La Repubblica. "Qu'est devenu le reste de l'argent?", s'interrogent les enquêteurs espérant qu'il ait pu servir à payer quelqu'un pour s'occuper des fillettes, selon le journal.

"La mère espère que le père a confié les fillettes à quelqu'un en Suisse, en France ou en Italie", a déclaré une amie de la mère au journal SonntagsZeitung.

Alors que le sort des deux enfants suscite les plus grandes craintes de la part des pouvoirs publics, la famille se veut toutefois optimiste: "Nous restons pleins d'espoir. L'unique chose qui importe en ce moment est de retrouver les fillettes saines et sauves. Si elles ont été confiées à quelqu'un, qu'il les relâche. Tout signalement peut être utile", a dit samedi soir leur oncle au nom de leur mère.

Cette dernière a préféré ne pas quitter son domicile suisse, d'où elle reste en contact constant avec les enquêteurs italiens.

ats/afp/jzim

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Chronologie des événement, selon les premiers éléments d'enquête

- Dimanche 30 janvier: les fillettes disparaissent de St-Sulpice (VD) avec leur père à bord de la voiture de la mère. Le trio aurait transité par Annecy.

- Lundi 31 janvier: le père effectue d'importants retraits d'argent à Marseille (7500 euros dans 5 distributeurs différents) et réserve un billet de ferry pour trois personnes à destination de Propriano, en Corse. Il envoie également une carte postale à son épouse.

- Mardi 1er février: le ferry arrive à 6h30 en Corse, mais aucun élément ne permet d'affirmer que le père était à bord, avec ou sans ses filles.

- Jeudi 3 février: le père est aperçu, seul, dans un restaurant de Naples. Le soir, il se suicide à 200 km de là, à Cerignola, dans les Pouilles.

- Vendredi 4 février: le corps du père est retrouvé. La mère se présente à la police de Marseille, après avoir reçu la carte postale de son mari. Les recherches commencent en France, en Italie et en Suisse.

- Dimanche 6 février: dans son testament retrouvé à son domicile de St-Sulpice, le père légue la plupart de ses biens à ses filles. Interpol lance une alerte internationale.

Alerte internationale d'Interpol

Interpol a lancé ce week-end une alerte à ses 188 pays-membres après la disparition des jumelles vaudoises. "Interpol a lancé une notice jaune internationale (utilisée pour aider à retrouver des personnes disparues, en particulier des mineurs) pour les jumelles de six ans enlevées à leur domicile en Suisse par leur père", annonce l'organisation policière internationale, basée à Lyon (centre-est), dans un communiqué.

"Au moment de leur disparition, Livia portait un t-shirt vert, un jeans, une veste de ski violette et des baskets Adidas, et Alessia un t-shirt à bandes rouges et blanches, un jeans, une veste marron et des chaussures noires. Les deux fillettes sont blondes et mesurent 1,15 mètre", précise Interpol, qui diffuse des photos des enfants sur la page d'accueil de son site internet.

Interpol, qui a publié cette notice à la demande du bureau à Berne, qualifie cette affaire de "prioritaire" pour ses services et appelle tout témoin à se mettre en contact avec les enquêteurs suisses.