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L'initiative sur les armes clairement repoussée

Fusil d'assaut SIG 550 de l'armée suisse.
Les armes militaires ne sont pas chassées des domiciles.
Les Suisses pourront garder leurs armes à domicile. Ils ont nettement rejeté dimanche, avec 56,3% des voix, l'initiative sur les armes. En Suisse romande, Vaud, Genève, Neuchâtel et le Jura se sont démarqués en glissant un oui dans les urnes. Fribourg et le Valais ont en revanche dit non.

Le non à l'initiative "Pour la protection face à la violence des armes" est très marqué outre-Sarine, avec des rejets dépassant souvent les 60%, voire les 70%. La palme du refus revient à Appenzell Rhodes-Intérieures, avec 72,3%.Seuls deux cantons alémaniques, urbains, ont choisi le camp du oui: Zurich, de justesse, avec 50,4% des voix et Bâle-Ville, avec un gros 58,9%.

Au sein d'une Suisse romande plutôt favorable au texte de la gauche, le Valais et Fribourg font exception, avec respectivement 61,9% et 58,9% de non. Idem dans le canton de Berne, avec un refus de 59,4%. Genève (61% de oui, record suisse), Vaud (53,7%), Neuchâtel (53,2%) et le Jura (52%) ont en revanche accepté l'initiative. Le Tessin a pour sa part envoyé un non ferme, à 63,5%.

Clivage villes-campagnes

Les premières analyses du vote montrent un important clivage villes-campagnes. Les différences apparaissent au sein même des entités cantonales. Ainsi, par exemple,  dans le canton de Vaud les taux d'acceptation vont de 36,3% dans la Broye à 64,8% à Lausanne. Dans le canton de Zurich, les différences sont tout aussi considérables entre un district rural comme Andelfingen (33,9%) et celui de Zurich (65,4%).

Lancée après plusieurs drames, comme la tuerie de Zoug ou le meurtre de la skieuse Corinne Rey-Bellet, l'initiative "Pour la protection face à la violence des armes" avait abouti début 2009 avec 107'000 signatures.

La campagne des opposants à l'initiative de la gauche, emmenée par l'UDC, a fini par être payante. [KEYSTONE - Lukas Lehmann]
La campagne des opposants à l'initiative de la gauche, emmenée par l'UDC, a fini par être payante. [KEYSTONE - Lukas Lehmann]

Tradition victorieuse

Le texte voulait rendre obligatoire le dépôt des armes d'ordonnance dans les arsenaux et interdire leur conservation après la fin des obligations militaires. Le but était de retirer 1,7 million d'armes militaires de la circulation afin de réduire les suicides et les meurtres. Un registre des armes à feu aurait aussi été mis sur pied.

La défaite est cinglante pour la gauche, milieux pacifistes en tête. L'idée d'éviter de nouveaux faits divers tragiques en sauvant des vies n'a pas fait le poids face à la défense de la tradition du soldat suisse que l'initiative aurait piétinée pour rien, de l'avis du camp bourgeois.

Pour le gouvernement et la majorité du Parlement, la législation protège suffisamment la population contre l'usage abusif d'armes. Il n'est déjà plus possible de prendre des munitions de guerre à domicile et les armes peuvent être déposées à l'arsenal. Pour ses détracteurs, l'initiative aurait en outre offert une protection illusoire en ne résolvant pas le problème des armes illégales.

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LES REACTIONS A BERNE ET DANS LES DEUX CAMPS

Simonetta Sommaruga a réagi au rejet de l’initiative sur la protection face à la violence des armes en affirmant sa volonté de continuer à améliorer la protection de la population. Elle soumettra sans doute fin avril au Conseil fédéral de nouvelles propositions en ce sens.

Simonetta Sommaruga face à la presse dimanche à Berne. [Peter Schneider]
Simonetta Sommaruga face à la presse dimanche à Berne. [Peter Schneider]

Devant la presse, la ministre de Justice et Police a fait savoir qu'elle voulait améliorer la traçabilité des armes grâce à un marquage plus poussé et intensifier la collaboration avec les pays ne faisant pas partie de l'espace Schengen. La socialiste bernoise salue par ailleurs la volonté des cantons de mieux coordonner leurs registres des armes. Elle en appelle aussi aux militaires, qui peuvent déjà déposer leurs armes à l'arsenal. Aucune justification militaires ne s’y oppose, estime-t-elle.

Le comité contre l’initiative sur les armes ne cachait pas sa satisfaction dimanche. Pour la conseillère nationale Sylvie Perrinjaquet  (PLR/NE),  les électeurs ont su faire la part des choses entre les violences  domestiques et l'interdiction des armes. "Chaque Suisse se sent concerné par l'arme qu'il a chez lui".

Satisfaction aussi pour les partis bourgeois. Pour Toni Brunner, le président de l’UDC, le vote clair des Suisses représente une reconnaissance de l'armée de milice et de la tradition du tir en Suisse. Pour Fulvio Pelli, le président du PLR, les Suisses se sont prononcés pour la responsabilité individuelle et contre la  bureaucratie de l'Etat. Le président du PDC Christophe Darbellay salue,  lui, "la maturité du peuple suisse" qui "ne s'est pas laissé berner par les arguments émotionnels de la gauche". 

Pour la Fédération sportive suisse de tir, le clair rejet de l'initiative sur les armes est l'expression de la confiance du peuple envers les tireurs et les chasseurs. Le peuple suisse juge que ces milieux utilisent leurs armes de manière responsable

Dans le camp des défenseurs de l’initiative, le conseiller national Jo Lang (Les Verts/ZG) se refuse pour l'instant de parler d'un verdict clair. Selon  lui,  il n'a visiblement pas été possible de mobiliser la population citadine  aussi fortement que les gens de la campagne. Il semble également que les hommes se sont plus massivement rendus aux urnes que les femmes.

Le Parti socialiste suisse dénonce un débat émotionnel autour des valeurs suisses et de l'armée mené par les opposants à l'initiative sur les armes. Pour son vice-président Stéphane Rossini, le camp du "non" a nié le phénomène des suicides et de la violence par les armes.

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) attend des adversaires du texte qu'ils présentent "rapidement des pro positions pour résoudre le problème de la violence avec les armes". Il déplore également les moyens disproportionnés à disposition des opposants.

Egalement dans le camp des battus, l'association des sociétés féminines suisses Alliance F estime que plusieurs objectifs ont été atteints grâce à l’initiative, comme la possibilité de déposer son arme à l’arsenal et les examens d’aptitude pour les recrues.

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Les résultats en Suisse romande

Genève: 61% de oui
Vaud: 53,7% de oui
Neuchâtel: 53,2% de oui
Jura: 52% de oui
Valais: 61,9% de non
Fribourg: 58,9% de non
Berne: 59,4% de non

Participation: sous les 50%

La participation au niveau fédéral a atteint 49,2%. C'est moins que le 28 novembre lorsque les votants devaient se prononcer sur le renvoi des criminels étrangers (53% de participation) et la fiscalité (52%).