"Je ne peux pas accepter une telle rupture de confiance", a ajouté la cheffe du département genevois de la sécurité, de la police et de l'environnement. Pour la libérale, le mouvement de grogne est d'autant plus incompréhensible que l'Etat a consenti à d'importants efforts pour améliorer les conditions de travail des gendarmes.
Isabel Rochat en appelle au bon sens et à la raison pour que cessent les actions de protestation. "Je n'aime pas travailler sous la menace", a-t-elle souligné. Pour elle, la grève de l'uniforme des gendarmes a un effet catastrophique sur l'image que donnent les forces de l'ordre auprès de la population.
Revendications floues
Les revendications de l'Union du personnel du corps de police (UPCP) sont entourées de flou, a en outre déploré Isabel Rochat. Pourtant, selon elle, le gouvernement genevois a fait son possible pour revaloriser les salaires des gendarmes et leur offrir un pont retraite très favorable, qui coûte cher à l'Etat.
Les syndicats des policiers ont été associés à ces réformes. La conseillère d'Etat genevoise a notamment mentionné une multitude de séances bilatérales avec eux et la signature d'un protocole d'accord. Reste que "idéalement, ils aimeraient être dans mon bureau tous les jours", a regretté Isabel Rochat.
La magistrate libérale n'a pas exclu de recourir à des "mesures drastiques", comme l'appel à des forces d'autres cantons, si les gendarmes genevois ne mettent pas fin à leur grève rapidement. La devise des policiers, des gens qui ont prêté serment en uniforme, est "servir et protéger", a-t-elle rappelé.
La conseillère d'Etat comprend parfaitement que le métier de policier justifie "un traitement particulier". Elle s'engage à "donner à la police les moyens nécessaires" pour qu'elle puisse mener à bien sa mission. Elle affirme également "être à l'écoute des syndicats".
Travail modifié
Isabel Rochat, tout comme la cheffe de la police genevoise Monica Bonfanti, est aussi consciente que l'introduction du nouveau code de procédure pénale, en début d'année, a chamboulé le travail des policiers, qui se perdent aujourd'hui dans des tâches administratives au lieu d'être sur le terrain. Pour décharger les policiers, des assistants de sécurité ont été engagés, a relevé la conseillère d'Etat. On en dénombre déjà 170.
Le projet de réorganisation de la police "Phenix", dont les résultats sont attendus à la fin du mois de juin, tiendra compte de ce problème de formalisme excessif, a par ailleurs indiqué Monica Bonfanti.
Sécurité assurée
La grève de l'uniforme et du rasage n'a aucune incidence sur la sécurité, a tenu à souligner la cheffe de la police genevoise. Jeudi, le nombre d'interventions effectuées par les gendarmes n'a ainsi pas baissé par rapport à un relevé fait il y a une année exactement.
L'UPCP déplore notamment le fait de ne pas être respecté par le gouvernement genevois et de ne pas pouvoir se déterminer sur les réformes en cours. Le syndicat s'est défendu jeudi de revenir sur des accords conclus entre la police et le Conseil d'Etat, affirmant que des modifications avaient été faites "derrière son dos".
Les policiers genevois, emmenés par leur puissant syndicat UPCP, ont déjà recouru à des mesures de lutte pour protester contre la politique du Conseil d'Etat à leur égard. Fin 2008 et début 2009, ils s'étaient ainsi lancés dans une grève des amendes d'ordre et des heures supplémentaires.
ats/ther