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Le DFAE préoccupé par les événements en Libye

Situation très confuse en Libye
La Suisse conseille à tous ses ressortissants qui se trouvent encore actuellement dans le pays "de le quitter si possible".
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) est très inquiet de la tournure des événements en Libye. Berne constate que les "hôpitaux sont débordés" et "les réserves de sang insuffisantes". Le DFAE s'est dit "profondément préoccupé" par les événements en cours en Libye.

Dans un communiqué publié lundi après-midi, il se fonde sur de nombreux témoignages et des rapports d'organisations de défense de droits de l'homme pour dresser son constat alarmant.

L'ambassade suisse à Tripoli.
L'ambassade suisse à Tripoli.

"Les autorités libyennes exercent une répression extrêmement dure et une violence ciblée à l'encontre des personnes qui participent depuis plusieurs jours à des manifestations et des marches funèbres", cite le Département de Micheline Calmy-Rey. "On parle de centaines de morts et de blessés", précise aussi le communiqué.

Berne s'inquiète également des conditions sanitaires sur place: "les hôpitaux sont débordés et leurs réserves en sang sont insuffisantes". Le DFAE "appelle les forces de sécurité libyennes à renoncer à recourir à la force contre leurs compatriotes".

Il note aussi qu'"eu égard à son expérience avec le régime de Tripoli, la Suisse est très consciente du courage dont font preuve celles et ceux qui descendent dans la rue et revendiquent leurs droits démocratiques".

L'appel à la retenue de Micheline Calmy-Rey

Par ailleurs, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey "condamne tous les actes de violence" de ces derniers jours dans plusieurs pays du Maghreb et du Proche-Orient et appelle à la retenue. Le DFAE n'a pas d'informations sur des Suisses en danger dans ces pays.

Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale en charge du DFAE. [Romina Amato / Reuteurs]
Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale en charge du DFAE. [Romina Amato / Reuteurs]

Micheline Calmy-Rey a demandé lundi aux autorités des pays en révolte "la plus grande retenue" face aux manifestants.

"Je suis profondément préoccupée par les actes de violence perpétrés lors des manifestations de ces derniers jours dans plusieurs pays du Maghreb et du Proche-Orient", a déclaré la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères dans une prise de position transmise.

"J'appelle les autorités compétentes à respecter les droits fondamentaux de leur peuple, en particulier en ce qui concerne la liberté d'expression, le droit de réunion et de manifestations pacifiques", affirme-t-elle aussi.

La prudence de mise pour les Suisses en Libye

S'agissant des manifestations en Libye et à Bahreïn, le Département fédéral des affaires étrangères indique lundi qu'il n'a à ce jour aucune information à propos de Suisses en danger dans ces pays. Au total, 46 ressortissants helvétiques sont annoncés à l'ambassade suisse à Tripoli et 137 au consulat général de Manama. La plupart de ces ressortissants ont la double nationalité.

Les services de Micheline Calmy-Rey sont en contact permanent avec l'ambassade de Suisse dans la capitale libyenne, qui assistera tous les ressortissants suisses dans le besoin. La Suisse conseille à tous ses ressortissants qui se trouvent encore actuellement dans le pays "de le quitter si possible". Le DFAE préconise en outre la plus grande prudence pour ceux qui voudraient se rendre en Libye.

ats/boi/hof

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Le Tribunal arbitral suspendu

La Suisse a annoncé lundi la suspension des travaux préparatoires du Tribunal arbitral chargé d'examiner "l'affaire Kadhafi". Cette décision communiquée par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Berne intervient en pleine tourmente en Libye.

Le DFAE a informé dans l'après-midi dans un communiqué sa décision de suspendre avec effet immédiat les travaux préparatoires du tribunal arbitral chargé de faire la lumière sur l'affaire Kadhafi, sans davantage de précision. La décision est liée aux événements qui ont lieu actuellement en Libye, a précisé à l'ATS un porte-parole.

Tripoli avait indiqué la semaine dernière, confirmant une information de Reuters, que la Suisse et la Libye s'étaient récemment mises d'accord sur la nomination de l'ancien président de la Cour pénale internationale, le Canadien Philippe Kirsch, comme futur président de ce tribunal. Mais le DFAE n'avait de son côté pas confirmé cet élément.

La création du tribunal arbitral, qui devait siéger à Berlin, était prévue dans le plan d'action signé en 2010 par la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey et son homologue libyen Moussa Koussa. L'organe devait se pencher sur les conditions de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi en 2008 à Genève. En représailles à cette interpellation, le Suisse Max Göldi et le double-national suisse et tunisien Rachid Hamdani avaient été détenus en Libye. Le principe du tribunal arbitral avait été accepté en 2009 par le président de la Confédération d'alors, Hans-Rudolf Merz.

Demandes de gel des avoirs de Kadhafi

Une association a saisi lundi le Conseil fédéral d'une demande de gel des avoirs du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et des membres de sa famille. Douze noms auraient été divulgués. Une autre procédure a été lancée par plusieurs ONG.

L'avocat Ridha Ajmi, établi à Fribourg, a saisi lundi le Conseil fédéral, le Ministère public de la Confédération (MPC) et la Direction du droit international public au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) d'une requête urgente pour geler les "fonds appartenant au clan du dictateur Mouammar Kadhafi, ainsi que les membres de sa famille". Dans un communiqué, l'étude dit agir "pour le compte de l'association Arabic Transparency Organisation ATO.

Cette requête veut éviter "la disparition des fonds déposés en Suisse, fonds qui peuvent provenir de détournement de deniers publics libyens", selon le communiqué. Me Ajmi estime que le blocage des éventuels avoirs et biens en Suisse doit être ordonné "immédiatement", "sans attendre la chute du régime en place à Tripoli", ceci pour éviter toute tentative de détournement vers "des destinations incontrôlables".

L'avocat a expliqué lundi avoir communiqué "une liste non exhaustive au Conseil fédéral de personnes soupçonnées". Cette liste totaliserait douze noms et raisons sociales. Selon Me Ajmi, des membres de la famille Kadhafi y figurent notamment.

Une autre procédure a également été lancée lundi après-midi, a annoncé sur les ondes de la Radio Suisse Romande (RSR) le président de l'ONG "Droit pour Tous", Anouar Gharbi. Cette dénonciation pénale a été envoyée au DFAE de la part de son organisation et de l'ONG Libyan Human Rights Solidarity. Elle exige "de bloquer les avoirs du clan Kadhafi" ainsi "qu'une demande de saisine des autorités pénales internationales", a précisé Anouar Gharbi.