Selon la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, les conséquences de la révolte en Libye et de son lot de réfugiés vers l'Europe restent totalement inconnus. De même, on ne peut évaluer pour l'heure la taille d'une éventuelle vague de migrants, a-t-elle déclaré samedi à la radio alémanique DRS.
Il n'y a toutefois pas lieu de paniquer, a souligné la plus haute responsable de l'asile en Suisse. La Confédération doit aider à gérer les suites des turbulences dans le monde arabe et pour ce faire, il s'agit de collaborer avec les Etats de l'Union européenne.
La Tunisie et l'Egypte, elles, ont besoin de soutien direct. Ce n'est qu'ainsi que les gens ayant fui ces pays pourront y retourner, estime Simonetta Sommaruga. Elle a ajouté qu'on ne saurait utiliser ces réfugiés comme thème de campagne électorale et a appelé les partis à la retenue.
Exportations d'armes examinées avec prudence
Quant au ministre de l'Economie, Johann Schneider-Ammann, il a annoncé qu'au vu des contestations actuelles, les demandes d'exportation d'armes vers le monde arabe sont examinées avec beaucoup de prudence. L'an dernier, les entreprises suisses ont livré pour des millions de francs de matériel de guerre dans ces régions.
Pour l'instant, aucune requête n'a été déposée par un pays arabe, a déclaré M. Schneider-Ammann dans une interview parue samedi dans la "Berner Zeitung". "Si des demandes d'exportations vers ces pays devaient surgir, le Conseil fédéral les examinerait avec beaucoup plus de retenue encore", a affirmé le ministre. Par le passé déjà, le gouvernement a toujours étudié de très près et avec beaucoup de soin ces sollicitations: "Je ne crois que nous devions avoir mauvaise conscience", a ajouté le Bernois.
Dispositions déjà plus strictes
Le conseiller fédéral PLR renonce à un durcissement des règles pour les exportations d'armes et de munitions. Les directives ont été renforcées il y a trois ans déjà: depuis, armes et munitions ne sont plus livrées à des pays qui enfreignent systématiquement et de manière grave les droits humains, a-t-il rappelé. Pour cette raison, les exportations d'armes sont interdites vers l'Arabie saoudite.
En 2010, la Suisse a pourtant encore livré du matériel de guerre d'une valeur de 132,6 millions de francs vers Riyad: mais il s'est agi d'un système de défense anti-aérienne dont l'exportation avait été autorisée en 2006. Les entreprises suisses actives dans l'armement ont exporté l'an dernier vers Oman (5,4 millions de francs), le Bahreïn (3,2 millions) et la Jordanie (0,6 million), selon les derniers chiffres du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Aide à l'économie?
L'évolution actuelle dans les pays arabes l'inquiète, a ajouté M. Schneider-Ammann: "Quand on voit avec combien d'effusion de sang se déroule cette révolution, je ne peux pas m'en réjouir". Les événements montrent toutefois que les populations de ces régions aussi aspirent à la liberté.
Le conseiller fédéral espère une rapide stabilisation. Afin d'y parvenir, il n'exclut pas une aide extérieure à l'économie. Johann Schneider-Ammann juge intéressante l'idée d'une sorte de plan Marshall - un programme de reconstruction économique - mais elle est irréaliste et ne se fera "certainement pas avec la Suisse dans les premiers rangs".
ats/jzim