La Journée nationale d'action et de grève verra partout en Suisse des travailleurs et travailleuses faire des pauses prolongées ou sortir dans la rue pour manifester, indique mardi l'Union syndicale suisse (USS). Ses revendications principales: l'égalité des salaires entre femmes et hommes, une hausse des salaires minimaux, suffisamment de places dans les crèches et un congé de paternité.
Les 16 syndicats affiliés à l'USS font de la lutte contre la discrimination salariale leur priorité. "Pourquoi, ayant effectué la même formation, assumant la même fonction au même niveau hiérarchique et possédant la même expérience professionnelle, les femmes devraient-elles accepter d'être privées en moyenne de 9,4% de leur salaire?", se demande Corinne Schärer, secrétaire responsable de l'égalité au Syndicat Unia.
Plusieurs exigences
Les femmes se chargent toujours d'une grande partie des tâches domestiques, payant ainsi le prix fort en termes de revenu, de chances de carrière et de leur place dans la société, argumentent aussi les organisateurs de la Journée d'action.
"Afin qu'il soit possible de concilier famille et profession, il faut consacrer beaucoup plus de moyens aux structures d'accueil des enfants", revendique Michela Bovolenta, secrétaire du Syndicat suisse des services publics (SSP).
Il manque en Suisse au moins 50'000 places d'accueil, ont dénoncé les syndicats. Pour répondre aux recommandations de l'OCDE, soit consacrer 1% du PIB à l'accueil des enfants, la Suisse devrait multiplier par cinq les moyens alloués, a poursuivi Mme Bovolenta.
Le Parlement européen vient d'allonger la durée du congé maternité de 14 à 20 semaines, a-t-elle encore souligné. En Suisse, les syndicats demandent un congé maternité de 18 semaines, contre 14 actuellement, un congé paternité de 8 semaines et un congé parental. Enfin, ils saisissent l'occasion de promouvoir l'initiative pour les salaires minimaux. Pour Corinne Schärer, les très bas salaires concernent en effet en majorité des femmes. Les activités "typiquement féminines" sont généralement moins estimées, donc moins bien payées, a-t-elle aussi rappelé.
Une étude de Fribourg
Par ailleurs, une étude de l'Université de Fribourg démontre après analyse de données salariales sur dix ans que la discrimination salariale des femmes est nettement moins importante dans les associations, organisations et fondations que dans l'économie privée.
Tout n'est cependant pas parfait non plus dans ces organisations à but non lucratif: pour les fonctions à responsabilités, la différence de salaires est de 5% au plus haut niveau, et de 7% pour le niveau moyen, a indiqué mardi l'Institut pour la gestion des associations et des sociétés coopératives (VMI).
Ce dernier, affilié à la faculté des sciences économiques de Fribourg, rappelle que cette différence est de 31% pour le top management et de 22% pour le niveau moyen dans l'économie, selon une étude de l'Office fédéral de la statistique de 2008. Pour arriver à ces conclusions, le VMI a analysé des données salariales des dix dernières années.
Dans son analyse, il relève une autre particularité. Les discriminations salariales en faveur des hommes sont plus importantes dans les organisations à but non lucratif liées à l'économie, à la culture et au sport. Elles atteignent 8 à 9%. Cette différence est inférieure à 5% dans les organisations sociales. Enfin, dans les organisations s'occupant d'intérêts plus politiques, comme l'environnement ou la protection des consommateurs, ces discriminations sont inexistantes.
agences/jbu
Journée de la femme dans le monde
Flash-mob en Grèce, manifs en Italie, sit-in en Argentine, les initiatives prévues pour la Journée internationale des femmes, célébrée depuis un siècle, sont nombreuses dans le monde, prenant le plus souvent la forme de débats, d'expositions ou de concerts.
En Grèce, où l'emploi des femmes est frappé de plein fouet par la récession (17% de femmes au chômage en novembre contre 11,6% d'hommes), l'association Initiative féministe a organisé mardi un flash mob "trois minutes sans femmes" sur la place centrale d'Athènes.
En Italie, une commission du Sénat doit adopter un projet de loi obligeant les entreprises à nommer des femmes à au moins 30% des postes de leur conseil d'administration. Des cortèges étaient prévus à Rome, Milan, Bologne, Florence ou Naples.
A Bruxelles, la cheffe de la Diplomatie européenne, Catherine Ashton, et la vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, ont profité de cette journée pour souligner le "rôle crucial" des femmes dans les changements en cours en Tunisie et en Egypte.
Plusieurs milliers de femmes turques ont manifesté pour dénoncer les "crimes d'honneur" et les violences dont elles font l'objet en Turquie.
Au Japon, la plus importante société de courtage financier, Nomura, a profité du 8 mars pour annoncer la nomination d'une femme comme directeur financier, une première.