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Crise libyenne: il faut "bloquer les fonds de Tamoil"

Les pollutions de Tamoil ont déjà été dénoncées par l'Etat du Valais.
Le clan Kadhafi aurait un "haut degré de contrôle" sur Tamoil Suisse, selon Mark Pieth.
L'entreprise pétrolière Tamoil Suisse n'est pas directement visée par les sanctions contre les dirigeants libyens et leurs proches. Mais selon un expert, il existe un risque qu'elle livre, directement ou indirectement, de l'argent à la famille Kadhafi.

"La plus grande prudence s'impose donc", déclare samedi dans les colonnes de 24heures et de la Tribune de Genève Mark Pieth, président du groupe anticorruption de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Et de rappeler que le Conseil fédéral a interdit autant les versements directs qu'indirects liés aux personnes physiques figurant sur sa liste libyenne, qui correspond à celle du Conseil de sécurité de l'ONU.

"Bloquer les fonds de Tamoil"

Tamoil Suisse n'est qu'indirectement liée à la Libye, avait rappelé la semaine dernière Laurent Paoliello, porte-parole de Tamoil Suisse. Son capital-actions est contrôlé à 100% par Tamoil Group, une personne morale sise à Monaco. Ce dernier dépend d'Oilinvest, un groupe aux Pays-Bas qui est lui-même contrôlé par Libyan Investment Authority.

Mais pour Mark Pieth, le blocage en 2008 durant deux jours de la livraison de pétrole libyen à la Suisse en représailles à l'arrestation à Genève d'Hannibal Kadhafi "avait clairement démontré le haut degré de contrôle du clan Kadhafi sur l'entreprise et la difficulté de s'en protéger".

"Ces éléments justifient d'autant plus le blocage des fonds de Tamoil", temporairement et sans entraver la marche de l'entreprise, selon le professeur de droit pénal à l'Université de Bâle.

De l'argent pour les mercenaires

Mark Pieth demande aux banques suisses d'examiner attentivement dans quelle mesure le président du conseil d'administration de Tamoil Suisse "peut soutenir financièrement des personnes dont le nom figure sur la liste publiée par le Conseil fédéral. S'agit-il d'un homme de paille au service de Mouammar Kadhafi et de son clan?".

Car pour Mark Pieth, il y a de "bonnes raisons de couper immédiatement les ressources du régime Kadhafi". "N'oublions pas qu'elles sont actuellement utilisées pour payer des mercenaires. Le leader libyen semble d'ailleurs éprouver de gros besoins de liquidités". Et le spécialiste de rappeler que la semaine dernière, la marine britannique a arraisonné un bateau qui naviguait vers la Libye avec à son bord environ 151 millions de francs en liquide.

Depuis deux ans et demi, la raffinerie Tamoil de Collombey (VS) n'utilise plus du tout de pétrole libyen mais un brut d'une qualité particulière "pour des raisons d'infrastructures techniques", avait précisé Laurent Paoliello. Sur l'ensemble du pétrole vendu sur le marché suisse, 8% viennent de Libye.

ats/sbo

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10 milliards d'euros gelés en Allemagne

Plus de 10 milliards d'euros d'avoirs libyens ont été gelés mercredi sur des comptes dans diverses banques allemandes et à la Bundesbank, rapporte le magazine allemand Der Spiegel daté de lundi.

Quatorze banques allemandes et un total de 193 comptes sont concernés, dont un compte à la banque centrale allemande (Bundesbank) crédité de 1,96 milliard d'euros.

Les comptes de la Banque centrale et d'un fonds souverain, le Libyan Investment Authorithy (LIA), ont notamment été bloqués, avait précisé Berlin jeudi.

Les 27 pays de l'Union européenne se sont mis d'accord mardi sur des sanctions supplémentaires contre la Libye, visant notamment le LIA, qui est un fonds souverain gérant les revenus du pétrole libyen et détenteur de parts dans plusieurs grandes entreprises européennes.

Les pays européens avaient déjà décidé fin février le gel des avoirs de Mouammar Kadhafi et de 25 membres de sa famille et responsables du régime libyen.