"Je ne suis plus un homme d’affaires". La déclaration de Sergei Polonsky, le richissime patron du groupe russe Mirax donne le ton. Des médias russes et internationaux rapportent que la marque Mirax a cessé d’exister. La nouvelle est confirmée par une déclaration officielle du Conseil d’administration du groupe rédigée en russe sur le site de Mirax. Le journal moscovite Kommersant évoque une situation au bord de la faillite : le siège social de la société serait déjà en vente.
Cette annonce constitue une sérieuse menace sur Aminona Luxury Resort and Village. La société ALRV porteuse du mégaprojet de Crans-Montana, basée à Genève, joue un jeu étonnant. Hier elle tenait conférence de presse en Valais pour fustiger les oppositions écologistes. L’occasion aussi de confirmer que le projet se fera coûte que coûte. Et avec l’appui de Mirax, dixit son directeur et administrateur Vladimir Marakutsa.
Mirax "se porte bien"
Vladimir Marakutsa a même assuré les journalistes de la bonne santé de Mirax. Il en veut pour preuve un prêt de 370 millions de dollars, accordé par une banque russe le 7 mars dernier. Or, selon les médias russes, cet argent servira uniquement à éviter la faillite, et à terminer les chantiers en cours en Russie, dont la Tour de la fédération à Moscou.
A Crans-Montana, aucun responsable n’a évoqué la fin annoncée de Mirax, comme si tout allait bien. Contacté aujourd’hui par la TSR, Vladimir Marakutsa admet que "le groupe Mirax change de nom pour des questions d’image." Et il ajoute: "Parler de faillite est mensonger. Le groupe et notre société se portent bien. Aminona fait partie des projets en cours. Nous comptons le réaliser rapidement."
Pessimisme
Mais la confiance est ébranlée. Comme à Aminona, Mirax possède un grand projet à Paris via une société fille. Même discours rassurant des promoteurs russes. Mêmes doutes localement."Les médias russes citent des experts économiques qui sont plus que pessimistes sur la capacité de Mirax à poursuivre ses projets à l’étranger, notamment en Suisse et en France", précise à la TSR Emmanuel Grinspan, journaliste à Moscou. A Aminona, ALRV rappelle son indépendance vis-à-vis du groupe Mirax, et l’existence d’investisseurs extérieurs. Possible. Mais à ce jour, le site internet d’ALRV renvoie au groupe Mirax.
Laurent Dufour et François Ruchti