Même si tous les regards sont tournés vers la tragédie japonaise, les révoltes contre des dictateurs au Maghreb sont historiques, ont souligné l'ensemble des intervenants. Le consensus s'est toutefois arrêté là: droite et gauche ont campé sur leurs positions en matière migratoire dans un débat idéologique moins émotionnel qu'escompté.
Débat gauche-droite
Au nom des Verts, Ueli Leuenberger (GE) a appelé le Parlement à placer la solidarité, les droits humains et la paix au-dessus des intérêts économiques et à renoncer à toute forme de collaboration avec les dictateurs. Berne doit réviser sa politique d'exportation d'armement et la Suisse soutenir la jeunesse arabe qui se révolte: elle doit être prête à accueillir des réfugiés.
Le PS a renchéri en appelant à un durcissement de la législation contre le blanchiment d'argent et une surveillance accrue des intermédiaires financiers. "La place financière ne doit pas rester le coffre-fort des fortunes de potentats", a justifié Susanne Leutenegger Oberholzer (BL) en saluant tout de même le blocage de l'argent des clans Kadhafi, Ben Ali et Moubarak.
La droite s'est rangée derrière la ligne gouvernementale: privilégier l'aide sur place et limiter l'afflux migratoire en Suisse. Pour prévenir "l'invasion de réfugiés", il faut réactiver les contrôles aux frontières comme le prévoit l'accord de Schengen en cas d'urgence et renforcer l'effectif des gardes-frontière, a exigé Jean-Pierre Grin (UDC/VD).
Les structures d'asile dont dispose la Suisse ne sont plus adaptées à la situation actuelle, a estimé Philipp Müller (PLR/AG). Il faut réduire de manière drastique la durée du traitement des demandes dont la moyenne se situe entre deux et trois ans et qui empêche l'exécution des renvois. Et ne pas attribuer les arrivants aux cantons et communes de manière à faciliter leur retour.
Par son action rapide et décidée, la Suisse a fait office de pionnier, a répondu la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey. Avant de détailler toutes les mesures déjà prises et prévues (lire ci-contre).
ats/ap/hof
Berne a déjà débloqué 12 millions
La Suisse soutient les mouvements démocratiques nés récemment dans les pays arabo-musulmans. Elle a déjà débloqué 12 millions de francs pour les mesures liées à l'aide humanitaire et au soutien au processus de transition.
De plus, la Direction du développement et de la coopération (DDC) va consacrer 20 à 30 millions à des projets en 2011 et 2012.
C'est ce qu'a précisé mercredi la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey en réponse à une série d'interpellations urgentes devant le Conseil national.
Le Conseil fédéral a déjà pris toute une série de mesures urgentes allant de la condamnation des violations des droits humains à la protection de ses ressortissants, en passant par le gel des avoirs des dictateurs, l'aide humanitaire et le soutien au CICR.
Quelque 6 millions de francs ont été affectés à l'aide humanitaire, ainsi que 5 millions aux mesures d'aide à la transition vers un système démocratique. La Confédération s'emploie actuellement à coordonner ses activités avec d'autres Etats: Dublin fonctionne bien même s'il y a encore des problèmes d'application avec l'Italie, a expliqué Micheline Calmy-Rey.
Elle a rappelé que quelque 9000 personnes sont arrivées sur l'île italienne de Lampedusa et n'entrent pas dans le cadre de la procédure d'asile, alors que 267'000 ressortissants étrangers ont quitté la Libye aux frontières tunisienne et égyptienne.
La Suisse s'est assurée une certaine estime des Tunisiens et des Egyptiens en bloquant les avoirs des potentats et de leurs proches.