Actuellement, les travailleurs ont droit à quatre semaines de vacances par an au minimum et cinq semaines pour les moins de vingt ans. Allonger cette durée menacerait l'emploi, a fait valoir Philipp Müller (PLR/AG), au nom de la commission.
Les coûts de la main d'oeuvre augmenteraient de 2% pour une semaine supplémentaire et de 4% pour deux semaines. Cela empêcherait une hausse des salaires. "La qualité d'un emploi ne se calcule pas seulement en nombre de jours de vacances, mais aussi en terme de salaire", a estimé Jean-Pierre Grin (UDC/VD).
Stress au travail
Mais les coûts générés par les problèmes de santé au travail se montent à dix milliards de francs par an, ont rétorqué sans succès plusieurs orateurs de gauche, citant une étude du Secrétariat d'Etat à l'économie. Deux tiers des travailleurs souffrent de stress. Les cas de surmenage, de dépression, les maux de tête et de dos sont légion.
La dernière augmentation du nombre de semaines de vacances remonte à 1984. Les conditions de travail ont beaucoup changé en raison des nouveaux modes de communication qui se sont développés depuis, ont insisté en vain les partisans d'une augmentation du nombre de semaines de vacances, à l'instar d'Ueli Leuenberger (Verts/ GE).
Les employés doivent être toujours plus rapides, disponibles, efficaces et flexibles. En outre, la productivité a augmenté de 20% en vingt ans, mais dans le même temps, les salaires réels n'ont crû que de 5%, a souligné Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL). Ces gains doivent être rendus aux travailleurs sous forme de vacances supplémentaires, a insisté sans succès la gauche.
Difficile pour les PME
"Il est vrai que le monde du travail est exigeant", a admis le libéral-radical Charles Favre. Mais pour le Vaudois, allonger les vacances augmentera la pression sur les employés. Ceux-ci devront être plus productifs durant les heures passées sur le lieu de travail. Surtout dans les petites entreprises, qui ne peuvent pas se permettre d'engager du personnel supplémentaire pour compenser ces absences.
Une réglementation plus généreuse en matière de vacances ne doit donc pas être inscrite dans la loi, mais faire l'objet de conventions collectives de travail. Les entreprises doivent négocier au cas par cas avec les partenaires sociaux, en fonction de leurs possibilités. D'ailleurs, celles qui peuvent accorder cinq semaines à leurs employés le font déjà, ont souligné plusieurs orateurs bourgeois.
Les adversaires d'une augmentation du nombre de jours de congé ont plaidé pour des horaires de travail hebdomadaires plus flexibles, comme c'est la tendance actuellement. Cela permet aux travailleurs de mieux concilier vie familiale et professionnelle.
La charge de travail a augmenté et la santé des travailleurs est importante, a reconnu Simonetta Sommaruga. Mais le Conseil fédéral ne veut pas ancrer six semaines de vacances dans la constitution. Il souhaite garder la souplesse qui existe actuellement et dont bénéficie le monde du travail.
ats/cht
Pas de contre-projet
Par 110 voix contre 44, le National a aussi refusé un contreprojet indirect à l'initiative populaire, qui réclamait cinq semaines de vacances pour tous.
Alec von Graffenried (Verts/BE), à l'origine du texte, estimait que sa proposition permettrait de se mettre en phase avec ce qui se passe déjà sur le terrain. Mais il n'a pas réussi à convaincre.
La Chambre du peuple a aussi rejeté à une grande majorité deux initiatives de gauche qui voulaient notamment prolonger la durée minimale des vacances de cinq à six semaines pour les travailleurs de moins de 20 ans et de plus de 55 ans, et de quatre à cinq semaines pour tous les autres.
Il n'a pas non plus donné suite à une initiative parlementaire proposant cinq semaines de vacances dès 50 ans.