Alors que le débat sur les risques du nucléaire a été relancé après le séisme au Japon, la conseillère fédérale a aussi admis que les risques relatifs à l'énergie nucléaire avaient peut-être été "sous-estimés". Toutefois, avant de discuter d'un avenir sans énergie nucléaire, Doris Leuthard souhaite obtenir plus d'informations afin de pouvoir analyser la situation.
La ministre a par ailleurs rappelé qu'à l'heure actuelle, les nouvelles énergies renouvelables telles que l'éolien, le solaire ou le biogaz ne couvrent que 6% des besoins en énergie. Quintupler cette part implique "d'énormes efforts", a-t-elle souligné, faisant notamment référence à des projets éoliens ou hydrauliques bloqués pour des raisons de protection du paysage.
"Centrales suisses sûres"
La Suisse vit depuis 40 ans avec l'énergie nucléaire et à l'heure actuelle toutes les centrales sont sûres, a plaidé Doris Leuthard. La seule question ouverte concerne le cas d'un tremblement de terre de 7 sur l'échelle de Richter, a-t-elle ajouté.
Face aux accidents nucléaires au Japon, Doris Leuthard a suspendu lundi les procédures de demande d'autorisation pour de nouvelles centrales en Suisse. L'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) mène pour sa part un examen anticipé des centrales existantes. Les premiers résultats sont attendus pour la fin mars.
Par ailleurs, quelque 500 personnes ont manifesté samedi à Berne pour un tournant énergétique. Elles ont exprimé par quelques minutes de recueillement leur solidarité avec le Japon et demandé l'abandon de l'énergie nucléaire.
ats/cab
Situation "critique" mais stable à Fukushima
Pour l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), la situation au Japon restait samedi sérieuse et critique. Mais le responsable de la radioprotection à l'IFSN Georges Piller a évoqué devant la presse à Berne une certaine stabilisation.
Il n'y a pas eu de nouvelles émanations radioactives importantes, a-t-il indiqué. Les valeurs relevées dans un rayon de 20 à 70 kilomètres autour de la centrale de Fukushima rendent toutefois un séjour prolongé à l'extérieur risqué pour la santé. Aucun risque n'est à prévoir pour la Suisse.
La météo suscite de l'inquiétude: les vents pourraient bientôt tourner et emporter la radioactivité vers le sud, et donc vers des zones peuplées. Pire, de la pluie est possible, avec à la clé un risque de contamination du sol et des denrées alimentaires.
Interrogé à la radio alémanique DRS, le vice-directeur de l'IFSN Georg Schwarz s'est dit "prudemment optimiste". Selon lui, les Japonais sont toujours en train d'improviser et de nombreux problèmes peuvent encore survenir.