Sur des photographies de l'armée saoudienne mi-mars, on peut voir des chars Piranha, a indiqué dimanche le service du contrôle à l'exportation de matériel de guerre du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), confirmant une information de l'hebdomadaire alémanique "Sonntag".
Dans les années 90, un peu moins de trente chars Piranha (blindés montés sur roues) ont été vendus directement à l'Arabie saoudite, a expliqué le SECO. Ryad dispose d'un millier de chars, selon les experts en armement.
Des ventes d'armes interdites
En 1991, selon la société de consultants en armement américaine Forecast International, les Saoudiens ont commandé à Mowag une grande quantité de Piranha de type 8x8. La même année, le Conseil fédéral avait décrété l'interdiction de vente de matériel de guerre à ce pays (dans le contexte de la première Guerre du Golfe). La majorité des chars commandés avaient alors été montés sous licence et livrés par une société canadienne.
En raison des multiples violations des droits de l'homme en Arabie saoudite, les ventes d'armes à ce pays ont à nouveau été interdites en 2009 par les autorités suisses. Des armes et des pièces de rechange, commandées avant l'interdiction, ont toutefois été livrées depuis à Ryad.
L'Arabie saoudite, un gros client
Après l'Allemagne, l'Arabie saoudite est le plus gros acheteur de matériel de guerre à la Suisse. En 2010, Ryad en a acheté pour un montant de 132,6 millions de francs. Bahreïn en a acquis pour environ 3,2 millions de francs.
Un système de défense anti-aérienne notamment, commandé en 2006, a été exporté vers l'Arabie en 2009-2010. Mais aussi des armes à feu, de la munition et des pièces de rechange sont partis vers Ryad et Manama dans le même laps de temps.
Ainsi, rien qu'en 2009, selon le SECO, la Garde royale saoudienne a reçu des fusils d'assaut et des pistolets pour une valeur de 221'000 francs. Ryad s'est aussi vu livrer des pièces de rechange pour les chars Piranha pour un montant de 285'000 francs.
Des armes livrées au Bahreïn
Quant à Barhein, le royaume a bénéficié essentiellement d'un armement non-approprié à la répression de la population civile, selon la même source. Manama a consacré en outre près de 150'000 francs à des viseurs au laser pour des armes à feu.
Après les actions brutales des forces de sécurité contre des manifestants non armés, les organisations de défense de droits de l'homme telle Amnesty International (AI) ont critiqué la Suisse pour avoir livré des armes dans la région du Golfe. AI n'a ainsi pas pu exclure que des armes suisses aient été utilisées contre des manifestants à Bahreïn.
Afin d'éclarcir les faits, le SECO doit désormais fournir des informations plus précises sur les armes qui ont été livrées, a exigé dimanche le porte-parole d'AI Daniel Graf. Selon lui, les conventions concernant les exportations d'armement doivent également être vérifiées de manière générale, cela afin de s'assurer qu'aucune arme ne puisse être utilisée en violation des droits de l'homme.
ats/sbo
Appel au dialogue des Etats-Unis
Les Etats-Unis ont appelé dimanche les autorités de Bahreïn au dialogue avec l'opposition, a rapporté la Maison Blanche après un entretien téléphonique entre le vice-président Joe Biden et Salman ben Hamad Al-Khalifa, prince héritier de cette petite monarchie arabe.
"Le vice-président a reconnu les mesures importantes prises par le prince pour dialoguer avec l'opposition, et aussi que l'ordre est nécessaire à la poursuite d'un dialogue productif", a indiqué la présidence américaine dans un communiqué. Joe Biden "a invité à un effort supplémentaire et à des réformes significatives répondant aux aspirations de tous les Bahreïnis", poursuit le texte.
D'après la Maison Blanche, les deux hommes seraient convenus que "seule une solution politique permettra à Bahreïn de connaître la stabilité à long terme".
La police avait dispersé vendredi à coups de grenades lacrymogènes des manifestants ayant défié l'état d'urgence dans plusieurs villages chiites proches de Manama. Les rassemblements sont interdits en vertu de cette mesure, décrétée le 15 mars par les autorités pour trois mois.
Bahreïn a annoncé cette semaine avoir déjoué un complot contre sa sécurité, laissant planer le doute sur une implication de l'Iran. Cette perspective inquiète également les Etats-Unis, dont la Ve Flotte est basée dans ce pays du Golfe.