Le conseiller d'Etat Philippe Leuba a présenté lundi à la presse la "réforme en profondeur" du Service pénitentiaire (SPEN) lancée il y a neuf mois, après la publication du rapport Rouiller sur le drame survenu aux Etablissements de la plaine de l'Orbe (EPO) de Bochuz. Actuellement, 25 des 31 recommandations du rapport sont satisfaites ou en passe de l'être.
Le service a entamé sa réorganisation, la formation a été renforcée et le matériel adapté, avec notamment l'introduction en prison de briquets sans flamme. Elément nouveau: la division d'attente des EPO, où Skander Vogt est décédé, sera démolie, reconstruite et réaménagée cet été.
Groupe d'intervention spécial
Les cellules de ce quartier de haute sécurité seront moins nombreuses mais elles bénéficieront de plus d'espace. Un local pour le sport et un atelier-bibliothèque seront créés. Enfin, une nouvelle ventilation sera installée."Cela signifie un changement d'optique dans la prise en charge des détenus", a expliqué Denis Froidevaux, chef par intérim du SPEN.
Par ailleurs, Bochuz et la prison la Croisée à Orbe ont désormais leur propre groupe d'intervention "formé, équipé et entraîné pour faire face aux premiers niveaux des situations d'urgence", a ajouté le chef de service ad intérim. Dans l'affaire Vogt, le DARD, troupe d'élite de la police cantonale, était arrivé trop tard sur place.
Une nouvelle aile destinée aux cas psychiatriques sera construite à l'horizon 2014 aux EPO. "Le nombre grandissant de détenus souffrant de troubles psychiques est extrêmement préoccupant", a dit Philippe Leuba. Les prisons vaudoises abritent 120 détenus faisant l'objet d'une mesure thérapeutique, au sens des articles 59 et 64 du code pénal. Cet hôpital psychiatrique carcéral améliorera la prise en charge des détenus qui présentent des troubles psychiques.
ats/cab
Un service pénitentiaire à réformer
Le chef par intérim du service pénitentiaire vaudois (SPEN) a par ailleurs pointé l'état déplorable du service.
"Le SPEN fait depuis dix ans l'objet d'audits, d'analyses, et de plus de 200 recommandations, dont moins de 10% ont été mises en oeuvre. Manifestement, il y a eu une absence de management et de leadership", a déclaré Denis Froidevaux.
"Je veux une réforme en profondeur, mais il ne faut pas se faire d'illusions, le risque zéro n'existe pas, des drames sont toujours susceptibles de se produire", a de son côté souligné le chef du Département vaudois de l'intérieur Philippe Leuba.
Pour rappel, le poste de chef du SPEN sera mis au concours dans le courant de l'été.
Rappelons que son ancienne responsable, Catherine Martin, avait quitté son poste à la suite de la publication du rapport Rouiller qui dénonçait en juillet dernier les dysfonctionnements du service.