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Genève: procès des assassins d'une femme enceinte

La jeune Loreidy était enceinte de trois mois au moment du drame.
La jeune Loreidy était enceinte de trois mois au moment du drame.
Le procès d'un homme de 28 ans et de sa compagne de 30 ans s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel de Genève. Ils sont accusés d'avoir assassiné fin 2007 l'amante de l'homme, âgée de 20 ans et enceinte de trois mois, et d'avoir brûlé son corps, avant de l'enterrer.

Si les deux accusés n'ont pas contesté le déroulement général des faits, chacun a livré une version légèrement différente. Repérages des lieux du crime, achat de pelles et de chaux: l'homme a déclaré froidement être amoureux de son amante et n'avoir fait que suivre le plan de sa compagne, déterminée à "se débarrasser" d'une rivale qui ne voulait pas avorter.

Le 2 novembre au soir, il conduit son amante dans la zone industrielle de Vernier (GE). Ils ont un rapport sexuel dans la voiture, puis il tente de l'étrangler "pour qu'elle parle". Lorsqu'elle lui dit que l'enfant n'est pas de lui, il pense que c'est ce que sa compagne veut entendre.

Les pressions de sa compagne

Arrivée sur les lieux, celle-ci estime malgré tout qu'il faut en finir, et il l'étrangle. "Je ne voulais pas la tuer", a-t-il répondu à son avocat François Canonica. "J'étais faible psychiquement et physiquement", a-t-il expliqué, racontant qu'il travaillait beaucoup pour subvenir aux besoins de son ménage, incapable de dire "non" à une compagne qui ne lui donnait pas d'amour.

De son côté, l'accusée a déclaré lundi avoir pris conscience des faits depuis son arrestation en novembre 2007. Après avoir fait porter la responsabilité sur son compagnon pendant la durée de l'instruction, elle a admis devant la Cour qu'ils avaient élaboré le plan ensemble.

Mais, selon elle, il était en train de l'étrangler lorsqu'elle est montée dans la voiture. L'accusée n'a toutefois pas dit un mot pour arrêter son compagnon, alors qu'il a fallu près d'un quart d'heure pour que la victime, qui s'est violemment débattue, succombe.

Remords de la femme

"Vous ne supportiez pas l'idée que cet enfant naisse. Pourquoi?", lui a lancé Lorella Bertani, avocate de la partie plaignante, sans obtenir de réponse. "Vous êtes une momie. C'est le dernier moment de montrer ce que vous avez dans les tripes", a enjoint son avocat Vincent Spira. "Y'a rien qui sort", a-t-elle répondu d'une toute petite voix, avant de faire part de ses remords à l'égard de la mère de la victime et de son propre fils, notamment.

Le procès se poursuit mardi avec l'audition des experts psychiatriques. Le couple est aussi accusé d'interruption non volontaire de grossesse et de profanation de cadavre, le corps ayant été conduit dans la forêt fribourgeoise de Stockera, où il a été brûlé, déposé dans un trou et recouvert de chaux pour masquer l'odeur. Le verdict sera rendu vendredi après-midi.

ats/sbo

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