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Genève: prison à vie pour les assassins de Loreidy

Le procureur Yves Bertossa ne retient aucune circonstance atténuante pour les deux accusés.
En demandant la prison à vie pour les deux accusés, le procureur Yves Bertossa a été suivi par le Tribunal criminel de Genève.
L'homme qui avait étranglé son amante enceinte, ainsi que sa compagne et complice ont été reconnus coupables d'assassinat et condamnés à la prison à vie vendredi par le Tribunal criminel de Genève, qui a suivi le réquisitoire du procureur. Les avocats des deux accusés ont annoncé qu'ils allaient faire appel.

Le Tribunal criminel de Genève a reconnu N., l'amant meurtrier de Loreidy, et P. sa compagne et complice, coupables d'assassinat, ainsi que d'interruption punissable de grossesse et d'atteinte à la paix des morts. La Cour les a condamnés à la prison à vie.

Les juges ont ainsi suivi le Ministère public, qui, en la personne du procureur Yves Bertossa, avait requis la prison à vie pour les deux assassins de Loreidy, parlant dans son réquisitoire de "crime le plus odieux des 15 dernières années" à Genève.

La Cour a tenu compte d'une responsabilité légèrement diminuée pour P. et d'une absence d'antécédents pour N. Mais ces éléments n'ont pas pesé face à la gravité du crime.

"Montée de la violence judiciaire"

A la lecture de ce jugement, l'accusé N. ainsi que la mère de Loreidy ont éclaté en sanglots dans les bras de leur défenseur respectif. L'un des défenseurs de N., Me François Canonica, a immédiatement annoncé qu'il allait faire appel de ce jugement, fustigeant ce qu'il a désigné comme une "montée de de la violence judiciaire".

Les défenseurs de l'accusée P., Mes Jacques Barillon et Vincent Spira, ont également indiqué leur intention de faire appel. Me Spira a regretté que les juges se soient prononcé sur "un dossier, des photos, sans tenir compte de la personnalité" de leur cliente.

La mère de Loreidy "soulagée"

Me Lorella Bertani, avocate de la mère de Loreidy, a fait part du "soulagement" de celle-ci. Elle s'est aussi dit satisfaite que la cour ait considéré que "les deux accusés ont agi ensemble", même si cela "ne rendra pas Loreidy à sa mère".

La nuit du 2 novembre, N. avait étranglé à mort son amante Loreidy, alors enceinte de lui, avec la complicité de P., avec laquelle il a déjà un enfant, aujourd'hui âgé de 5 ans. Ils avaient ensuite emmené le corps de Loreidy dans une forêt de Fribourg, lui avait mis le feu, avant de le couvrir de chaux et de l'enterrer.

Le procureur Bertossa avait qualifié tant le mobile que le mode opératoire d'odieux, ajoutant: "Vous avez dansé avec le cadavre de Loreidy!"

"N., un homme faible"

Mes Canonica et Bitton, défenseurs de N., avaient décrit leur client comme un homme faible, influençable, au prise avec un couple à la mécanique viciée. Ils avaient aussi rappelé que celui-ci présentait peu de risque de récidive.

Mes Spira et Barillon, conseils de P., s'étaient efforcé de mettre en évidence la part de responsabilité de N. et de démonter la thèse de la femme manipulatrice, cerveau du crime. Ils avaient aussi rappelé l'enfance difficile et le profil psychologique borderline de leur cliente.

Tybalt Félix

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La prison à vie en bref

En Suisse, la prison à vie se caractérise par une peine d'emprisonnement de 15 ans incompressible.

Au-delà de ces 15 ans, un condamné peut-être libéré, pour autant que son parcours en prison ne soit pas parsemé d'incident et qu'il ne représente pas un danger.

A noter que les condamnés reconnus coupables d'assassinat tombent sous le coup de la loi approuvée par le peuple dite "de l'internement à vie".

Celui-ci ne peut, toutefois, être prononcé que s'il est démontré que la probabilité de récidive est élevée.