La catastrophe nucléaire de Fukushima a pesé sur les élections zurichoises de dimanche. Le Vert Martin Graf entre au Conseil d'Etat. Le PLR essuie une gifle, tout comme le PDC qui perd son siège gouvernemental.
Pour la première fois depuis 48 ans, un ministre sortant n'a pas été réélu en terres zurichoises. Le directeur de la sécurité Hans Hollenstein (PDC) fait les frais de l'élection de Martin Graf, le Vert ayant sans doute bénéficié de la préoccupation des électeurs suite aux événements au Japon.
Âgé de 62 ans, le conseiller d'Etat démocrate-chrétien a certes obtenu la majorité absolue avec 118'487 voix mais il est éjecté du gouvernement en raison de sa 8e place surnuméraire. "Cette défaite est difficile à digérer", a admis M. Hollenstein qui s'en va après six ans de mandat.
Retour vert
La mine du ministre non réélu contrastait dimanche avec le sourire de Martin Graf. Âgé de 56 ans, le maire d'Illnau-Effretikon a été élu en 7e position avec 120'815 suffrages.
En 2007, il avait échoué à la 8e place. Le gouvernement zurichois avait déjà compté une ministre verte dans le passé, Verena Diener. Mais celle-ci avait quitté le parti en cours de mandat pour fonder les Vert'libéraux. L'élection de Martin Graf survient une semaine après celle de son camarade de parti Isaac Reber dans le canton de Bâle-Campagne.
Aeppli en danger, Fehr en fanfare
Autre homme du jour, le candidat socialiste Mario Fehr réalise l'exploit de terminer en tête de l'élection avec 137'035 voix. Très présent dans les médias, le conseiller national de 52 ans, domicilié à Adliswil suit une ligne pragmatique et entre les deux ailes du PS. Il succède à son collègue de parti Markus Notter qui ne se représentait pas.
Le ministre libéral-radical Thomas Heiniger arrive deuxième avec 134'061 voix. Le magistrat UDC Ernst Stocker complète le trio de tête avec 129'943 suffrages. Suivent la directrice des finances Ursula Gut (PLR) avec 129'349 voix et Markus Kägi (UDC) avec 123'159 voix. Mal placé dans un sondage, ce dernier a finalement profité d'une forte mobilisation des électeurs de son parti. La directrice de l'instruction publique Regine Aeppli (PS) termine elle 6e en obtenant 121'144 suffrages.
Sans surprise, la conseillère nationale évangélique Maja Ingold n'a pas eu l'ombre d'une chance. Elle ferme la marche avec 68'996 voix. La participation s'est avérée très faible. Elle n'a atteint que 33,2%. Le Conseil d'Etat est désormais composé de deux UDC, deux PLR, deux PS et d'un Vert.
Les Vert'libéraux en force au parlement
Au parlement, les vainqueurs s'appellent Vert'libéraux (10,27% des voix) et PBD (3,47%). Les premiers gagnent 10 sièges et passent à 19. Les seconds créent la surprise en entrant au Grand Conseil avec 6 sièges.
Le canton de Zurich ne fait pourtant pas partie des fiefs du PBD, à l'image de Berne, Glaris ou des Grisons. Dans le camp des perdants, le PLR (12,93%) chute de 6 sièges et passe à 23. Le PDC (4,86%) perd 4 fauteuils. Il n'en compte plus que 9.
UDC: deux sièges en moins
Premier parti du canton, l'UDC est freinée dans son essor. Le parti de droite conservatrice repasse sous la barre des 30% (29,63%) et perd 2 sièges (54 au total). Le PS limite quand à lui les dégâts en ne perdant qu'un siège. Il passe à 35 mandats en se stabilisant à 19,32% des voix. Les Verts restent la 3e force du canton avec 10,57%. Ils maintiennent leurs 19 sièges et se trouvent désormais à égalité avec leurs cousins ennemis Vert'libéraux.
Le parti évangélique descend lui à 7 sièges (-3) et 3,78%. L'UDF reste stable (2,57%) et garde ses 5 sièges. La Liste alternative (extrême-gauche) gagne un siège et passe à 3 députés en obtenant 1,53% des suffrages. Les Démocrates suisses n'ont pas réussi à faire leur retour au Grand Conseil. Ils ne réalisent que 0,41%. Le Parti pirate rate lui son objectif d'obtenir un siège. Il fait 0,56%.
ats/cht
"L'effet Japon", selon le PLR et le PDC
Grand perdant des élections au parlement zurichois, le PLR a souffert de l'impact de la catastrophe nucléaire au Japon, confie son président Fulvio Pelli . Une partie des ses électeurs s'est tournée vers les Vert'libéraux et le PBD, constate-t-il. "Il y a deux semaines et demi, les sondages étaient encore favorables au PLR", a déclaré le président des libéraux-radicaux suisses. "Mais la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima a ensuite fortement désécurisé les gens."
Selon Fulvio Pelli, il y a toujours eu beaucoup d'électeurs qui hésitaient entre le PLR et les Vert'libéraux. "Cette fois-ci, ils se sont prononcés pour les Vert'libéraux." Le président du PLR Suisse s'est dit "très déçu" que la section zurichoise du parti n'ait "pas réussi à stabiliser son résultat" aux élections cantonales. Le parti perd six sièges au Grand Conseil, selon les projections. Fulvio Pelli n'a pas souhaité faire de pronostics en vue des élections fédérales d'octobre. "Il sera déterminant de voir si l'insécurité provoquée par la catastrophe nucléaire se maintient."
Même son de cloche pour le président du PDC: "D'ici octobre, d'autres sujets produiront peut-être d'autres effets", estime Christophe Darbellay. Son parti perd quatre sièges au parlement et son unique fauteuil au gouvernement zurichois. "Fukushima a donné des ailes aux Vert'libéraux pour le parlement et aux Verts pour le Conseil d'Etat", a commenté le Valaisan. Le conseiller national estime "décevant" que les électeurs n'aient pas pris en compte le travail accompli au parlement fédéral par le PDC en matière d'environnement et d'énergies renouvelables. Autre explication, le PBD et les Verts'libéraux concurrencent désormais le PLR et le PDC au centre. "Mais le gâteau à partager reste le même: nous en souffrons", concède M. Darbellay qui maintient toutefois ses objectifs: "rester numéro un au Conseil des Etats en gardant nos 14 sièges et gagner trois sièges au National".
Bénéficiaire de l'exode d'électeurs au PLR, le PBD est "surpris" par son son succès en terres zurichoises. Le parti bourgeois-démocratique entre au Grand Conseil avec 6 sièges, selon les projections. "Personne ne nous en aurait pensé capables à Zurich", a souligné le président du PBD suisse Hans Grunder. "C'est de bonne augure en vue des élections fédérales", s'est-il réjoui. Apparemment, le PBD réussit à glaner des voix au centre et parmi les personnes qui ne se rendent pas aux urnes habituellement. "Nous sommes perçus comme un parti bourgeois qui défend des valeurs écologistes."
Du côté de l'UDC, on se dit "très satisfait" du résultat stable du parti au Grand Conseil et de la réélection de ses deux ministres sortants. Pour son président Toni Brunner, cela prouve qu'il est "possible de se stabiliser à un si haut niveau". Le parti obtiendrait environ 30% des voix, selon les projections. Il perdrait deux sièges. Au gouvernement, Markus Kägi était annoncé en difficulté dans le sondage publié il y a 10 jours. Il n'en a finalement rien été. "Le bon résultat de nos deux conseillers d'Etat montre que la mobilisation a fonctionné." Et Toni Brunner de se déclarer "très confiant" pour les fédérales.
Pas de gros changements en Appenzell
Les élections de dimanche au parlement d'Appenzell Rhodes-Extérieures n'ont pas donné lieu à de grands changements. Le PLR a perdu deux sièges. Mais avec 22 mandats, il reste la formation la plus importante, devant les députés sans parti, qui obtiennent 21 fauteuils (-1).
Deux des 65 sièges du Grand Conseil du canton seront attribués lors du deuxième tour le 15 mai. Les 63 autres se répartissent ainsi: 22 PLR (-2), 21 sans parti (-1), 10 UDC (-), 5 PS (+1), 3 PDC (-), 1 PEV et 1 autre (+1). Les Verts ne sont pas représentés au parlement.
Les élections au gouvernement d'Appenzell Rhodes-Extérieures ont eu lieu le 13 février dernier. Les ministres sortants (4 PLR, 2 UDC, 1 PS) ont été réélus.