Modifié

Le Jura et Neuchâtel veulent fusionner leurs polices

Les polices jurassiennes et neuchâteloises pratiquent déjà des exercices communs. [Laurent Gillieron]
Les polices jurassiennes et neuchâteloises pratiquent déjà des exercices communs. - [Laurent Gillieron]
Les polices jurassienne et neuchâteloise pourraient bientôt ne faire plus qu’une. Les deux cantons de l’Arc jurassien étudient la fusion de leurs corps de police au sein d'une force unique de sécurité. Le projet a été confié à Olivier Guéniat, nouveau chef de la police jurassienne.

"Une nouvelle page de l'Arc jurassien", "une nouvelle étape dans la collaboration entre les deux cantons": le ministre jurassien en charge de la police Charles Juillard et son collègue neuchâtelois Jean Studer ont présenté vendredi après-midi à Delémont un projet de fusion des polices des cantons du Jura et de Neuchâtel. L'objectif est de parvenir à une police unique pour l’Arc jurassien d’ici 2015.

Economies en vue

Suivant les recommandations de l'audit de la police cantonale jurassienne réalisé en 2010, une collaboration avec la police neuchâteloise semble la formule qui peut procurer le plus d'avantages, selon un communiqué. Un rapport intermédiaire sera adressé aux deux gouvernements au plus tard à fin 2013 quant au choix de la variante.

Olivier Guéniat, Charles Juillard et Jean Studer ce vendredi 8 avril à Delémont. [Gaël Klein]
Olivier Guéniat, Charles Juillard et Jean Studer ce vendredi 8 avril à Delémont. [Gaël Klein]

L’actuel chef de la police de sûreté neuchâteloise Olivier Guéniat a été chargé de la gestion du projet. Il sera détaché pour une durée de cinq ans par le canton de Neuchâtel au profit du Jura et prendra également en charge la conduite de la police. Ce processus d'intégration permettra des économies et une meilleure efficacité sur le terrain.

Afin d'assurer la coordination du projet, Olivier Guéniat restera membre du comité de direction de la police neuchâteloise. Il prendra ses nouvelles fonctions le 1er juin 2011 pour une période de trois ans, renouvelable à cinq ans.

Un homme d'expérience

Le nouvel homme fort de la police jurassienne avait dans un premier temps refusé ce poste, selon des informations du bureau jurassien de la TSR. La perspective de cette fusion inédite – il s’agirait d’une première helvétique - l’a finalement convaincu d’accepter.

Né en 1967 à Porrentruy, Olivier Guéniat est diplômé de criminologie. Il a occupé le poste de chef du service scientifique de la police cantonale jurassienne entre 1992 et 1997, avant de se voir confier la tête de la police judiciaire neuchâteloise.

bkel

Publié Modifié

Réactions mitigées

La Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) voit d'un bon oeil le projet de fusion des police neuchâteloise et jurassienne. Elle encourage les synergies et les collaborations, et ce projet va exactement dans ce sens.

La CCDJP a précisément débattu jeudi du rapport d'un groupe de travail sur le manque d'effectifs dont souffrent les corps de police, a indiqué vendredi Roger Schneeberger, le secrétaire de la conférence. Sur la base de ce rapport, la CCDJP adresse des recommandations aux cantons qui vont dans le sens de synergies accrues.

Roger Schneeberger n'a pas connaissance d'un autre projet de fusion de polices, à part les fusions entre polices cantonales et communales dans plusieurs cantons. En revanche, des collaborations existent déjà, comme le projet Police 21 en Suisse centrale ou le concordat des polices de Suisse occidentale, relève-t-il.

Pour sa part, la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP) ne se prononce pas sur l'aspect technique du projet. Mais elle craint une "opération alibi pour montrer qu'on fait quelque chose pour pallier le manque d'effectifs".

"Au niveau suisse, il manque 1500 policiers", a martelé Max Hofmann, secrétaire général de la FSFP, interrogé par l'ATS. "On peut fusionner tout ce qu'on veut, on peut instaurer des synergies, mais il manquera toujours ces 1500 postes. Nous ne voulons pas de maquillage".

La priorité absolue, pour la fédération, c'est d'avoir le personnel nécessaire pour faire le travail sur le terrain. Reste que la FSFP estime aussi que des synergies sont possibles dans certains services spécialisés.

ats