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Amnesty déplore une poussée xénophobe en Suisse

Amnesty s'inquiète notamment d'initiatives comme celle sur les minarets. [Michael Buholzer]
Amnesty s'inquiète notamment d'initiatives comme celle sur les minarets. - [Michael Buholzer]
La section suisse d'Amnesty International déplore la montée d'un climat xénophobe et hostile aux droits humains dans le pays. Les 200 membres réunis en assemblée générale à Soleure samedi et dimanche ont aussi lancé les festivités des 50 ans de l'organisation.

Amnesty International lance un appel à "tous les partis
et tous les politiciens à abandonner tout discours xénophobe et discriminatoire
lors des "campagnes électorales à venir". Une telle orientation
caractérise de plus en plus l'agenda politique suisse, alors que les fédérales
approchent, s'est inquiétée l'organisation dimanche.

"La démocratie s’est opposée aux droits humains"

"Par l'interdiction des minarets et l'initiative sur le
renvoi, des dispositions discriminatoires ont même été inclues dans notre
Constitution". De cette manière, la démocratie s'est opposée aux droits
humains "alors que ce sont justement ces droits qui garantissent notre
liberté", a souligné Manon Schick, directrice générale de la section
suisse d'Amnesty.

Suite au printemps arabe, il faut que la Suisse accorde
"une protection temporaire aux réfugiés de guerre libyens", a exigé Manon
Schick. Amnesty a lancé un appel dans ce sens au Conseil fédéral.
L'organisation demande aussi au gouvernement de "soutenir activement les
processus de démocratisation en cours en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient".

Au-delà des événements actuels, il est nécessaire que la
Suisse "remette en question de manière fondamentale ses relations
économiques avec les régimes autoritaires", réclame Amnesty. Il s'agit
notamment de "renoncer à livrer des armes à des gouvernements qui, tôt ou tard,
les utiliseront contre leur propre population".

Dans le reste du monde aussi

Faisant écho aux propos de Manon Schick concernant la
Suisse, le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty a déploré samedi la montée
du populisme dans les pays développés. "En Amérique du Nord et en Europe
de l'ouest, des gouvernements populistes, souvent orientés à droite, utilisent
la récession et le risque sécuritaire comme de puissants outils pour rabaisser
le niveau des droits humains".

"Même les partis centristes et de gauche sont dès lors
contraints de relativiser leur position sur la migration pour être seulement
entendus et ne pas perdre les élections", a ajouté Salil Shetty.

ats/bkel

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Amnesty fête ses cinquante ans

L'assemblée générale a permis de lancer une année de jubilé pour célébrer les 50 ans d'Amnesty le 28 mai prochain.

En 1961, un avocat britannique, Peter Benenson, lançait un appel en faveur de plusieurs prisonniers d'opinion. Aujourd'hui, Amnesty compte trois millions de militants, dont 50'000 en Suisse, qui s'engagent pour les droits humains.

"L'indignation et l'espoir de changement d'un homme se révèlent capables d'en pousser d'autres à l'action jusqu'à ce que ces voix deviennent trop fortes pour être ignorées". Par ces mots, le secrétaire général de l'organisation Salil Shetty a rendu hommage à l'action fondatrice de Peter Benenson.

Salil Shetty a aussi relevé quelques-unes des réussites du demi-siècle écoulé, parmi lesquelles la libération de l'activiste birmane Aung San Suu Kyi. Une libération "qui ne serait jamais arrivée sans les milliers de lettres écrites par nos membres et la pression internationale".