Détaillant en montres helvétiques d'une cinquantaine d'années, le commerçant avait été enlevé le 19 décembre à l'orée d'un bois près de sa résidence à Cuernavaca, à une heure et demie de route de la capitale mexicaine.
La piste d'un enlèvement crapuleux est aujourd'hui privilégiée par la famille du disparu, a indiqué cette dernière lundi. Une rançon de dix mille dollars a déjà été versée aux ravisseurs présumés le 20 décembre. Mais depuis cette date, le contact est rompu.
Affaire internationale
Plusieurs polices mexicaines ainsi qu'Interpol suivent le dossier de près. Un avis de recherche a été récemment lancé dans les médias mexicains, sans résultats. En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères, la police fédérale et la police cantonale bernoise se sont également saisis de l'affaire. En vain pour l'instant.
En l'absence d'élément nouveau, la famille a tenu lundi à "médiatiser" le cas sur conseil d'un avocat mexicain spécialiste des affaires d'enlèvements.
Une région pauvre
L'homme disparu est le cadet d'une famille de quatre enfants de Péry. Amateur de plantes exotiques et aventurier dans l'âme, il est parti il y a vingt ans vivre au Mexique. Sa belle famille est mexicaine. L'homme avait avoué en 2010 à sa soeur que le climat social s'était détérioré au Mexique et qu'il envisageait de rentrer en Suisse.
"Mon frère vivait en toute discrétion, ne montrant aucun signe de richesse", a précisé sa soeur. Pour l'avocat mexicain mandaté par la famille, la pauvreté qui règne dans le district de Morelos où il résidait explique la disparition du Jurassien bernois, enlevé probablement par des délinquants de la région. La famille n'exclut pas non plus l'implication d'agents corrompus de la police.
L'espoir demeure
Le rapt est un commerce au Mexique. Il n'est pas rare que des gangs se revendent des personnes enlevées. Tant que le corps du disparu n'a pas été retrouvé, un espoir demeure, a estimé la famille.
La mère de la victime est au Mexique depuis janvier. Elle rentrera en Suisse samedi. Elle harcèle les commissariats de police, le procureur de l'Etat et l'ambassade suisse pour obtenir des informations. Elle a également visité les morgues de la région. Dans un courriel envoyé la semaine dernière en Suisse, elle dit regretter "la passivité de notre consul et le fait que la police mexicaine est actuellement débordée par les affaires de rapts".
ats/cmen
Davantage de moyens demandés
"Notre négociateur a besoin aujourd'hui de preuves que la Suisse s'engage dans le dossier pour faire pression sur les autorités mexicaines afin qu'elles mènent l'enquête jusqu'au bout", a expliqué la soeur dU Suisse enlevé. Pour elle, toutes les hypothèses restent ouvertes.
L'avis de recherche lancé récemment par le gouvernement mexicain et relayé par l'ensemble des médias locaux et nationaux avec une récompense de 5 millions de pesos (plus de 385'000 francs) à la clé a fait chou blanc.
Les proches déplorent qu'aucune photo de leur parent n'ait été publiée. La famille s'interroge aussi sur l'absence de recherches systématiques les jours qui ont suivi le rapt. Deux battues ont été effectuées plus tard sans résultat. Seules les lunettes du disparu ont été retrouvées.
Trois agents de la police fédérale se sont rendus en janvier au Mexique pour cerner l'affaire, sans intervenir directement. Ils sont rentrés bredouilles.
Le 28 janvier pourtant, trois personnes ont été arrêtées par l'armée mexicaine dans la région de Cuernavaca. Elles pourraient être liées à l'enlèvement du Suisse. Mais rien n'a filtré des interrogatoires.