A ses yeux, les énergies renouvelables sont une grande opportunité économique pour les entreprises. "Il n'est plus possible de construire de nouvelles centrales nucléaires", affirme le ministre de l'Economie dans Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung.
Un avis qui a évolué
En un mois, la position de Johann Schneider-Ammann sur le nucléaire a donc bien évolué. Alors qu'il affirmait ne pas encore s'être forgé une conviction, dans une interview mi-mars, il déclare dimanche qu'une sortie du nucléaire est possible dans un horizon de 30 ans. "Je ne suis pas encore arrivé à la conclusion que nous devrions renoncer à la technologie nucléaire mais je la considère avec des yeux différents", déclarait-il encore mi-mars.
Le Parti libéral-radical (PLR) a clairement annoncé, après l'accident nucléaire de Fukushima, au Japon, la nécessité d'une réorientation de la politique énergétique à moyen terme. "Il est possible de sortir du nucléaire, mais cela prendra du temps, peut-être 30 ans, jusqu'à pouvoir renoncer complètement à l'électricité nucléaire", précise le conseiller fédéral bernois.
Pas du jour au lendemain
Le Parti libéral-radical, qui a souffert selon lui de l'effet Fukushima lors des dernières élections cantonales, a l'honnêteté de dire que cela ne se fera pas du jour au lendemain si l'on veut garantir l'approvisionnement. Cette attitude n'est pas forcément très populaire, mais "elle finira par être payante", assure Johann Schneider-Ammann.
Le conseiller fédéral ajoute que les progrès en matière d'énergies renouvelables sont "énormes et vont continuer". Cela offre d'intéressantes perspectives aux entreprises.
Il se défend d'être un discret
Répondant à ceux qui le jugent peu présent dans ses dossiers depuis qu'il est au gouvernement, Johann Schneider-Ammann rappelle qu'il s'est donné "un an de mise au courant". "La critique actuelle me laisse froid".
Et le ministre de l'Economie d'exprimer sa confiance dans la politique que défend son parti, un libéralisme raisonnable et fiable. "J'en suis persuadé: (en automne prochain), les libéraux-radicaux ne perdront pas autant de plumes qu'il faudrait pour déclencher une discussion sur leur droit à revendiquer deux sièges au Conseil fédéral, remettant ainsi le mien en question".
agences/mej
Bon marché, l'électricité n'est pas économisée
Malgré toutes les déclarations d'intention après la catastrophe nucléaire de Fukushima, la consommation d'électricité n'a pas baissé en Suisse ces dernières semaines. Au contraire.
Selon des experts, seules des interdictions feront évoluer les mentalités et les pratiques. Il y a des aberrations, d'énormes gaspillages, tonne Charles Weinmann, expert en énergie à Echallens (VD). "Il ne devrait par exemple plus y avoir de chauffages électriques ou encore de chauffe-eau électriques. Ca devrait être interdit mais on manque encore de courage politique pour aller jusque-là", déclare-t-il dans une interview au Matin Dimanche.
Le monde politique doit inciter le consommateur à faire les bons choix, selon l'expert. Et ce dernier de proposer d'offrir un subside pendant cinq ans pour changer ces installations, puis les interdire après un délai de dix ans.
En outre, l'électricité est trop bon marché, selon lui. Pour un ménage, elle représente au quotidien le prix d'un café. "On pourrait par exemple imaginer une taxe sur l'électricité qui permettrait de financer les projets d'efficacité et d'énergies alternatives". Cette taxe n'agirait en revanche pas sur la consommation, "car pour cela il faudrait une hausse massive", nuance Charles Weinmann.
La sortie de l'atome pas réalisable "avant longtemps", dit economiesuisse
Sortir du nucléaire n'est pas réalisable avant des dizaines d'années, estime le président d'economiesuisse Gerold Bührer.
"L'énergie atomique doit être maintenue aussi longtemps qu'une alternative n'est pas disponible en suffisance", dit-il dans la SonntagsZeitung.
La sécurité d'approvisionnement et un prix de l'électricité concurrentiel sont absolument indispensables à l'économie suisse, déclare, le président de l'organisation faîtière. Et de souligner l'effort déjà consenti par l'industrie qui a amélioré de près de 10% son efficacité énergétique ces dix dernières années.
Selon lui, si la Suisse devait se passer des deux centrales de Beznau, de celle de Mühleberg ainsi que du contrat d'approvisionnement avec la France, cela représenterait un manque de 30% par rapport aux besoins actuels en électricité. La Suisse se retrouverait dans une dangereuse situation de dépendance vis-à-vis de l'étranger, "une réalité que nous ne devons pas perdre des yeux", relève Gerold Bührer.