Par rapport à 2007, les Verts gagnent 1,1 point à 10,9% des intentions de vote, tandis que les Verts libéraux avancent de 4,3 points à 5,7%. A gauche, le Parti socialiste recule de 1,8% à 17,7%. Du côté de la droite et du centre, le Parti libéral-radical (PLR) chute de 2,5 points à 15,2%. Les démocrates-chrétiens (PDC) perdent quant à eux 1,8 point à 12,7%, tandis que le nouveau Parti bourgeois-démocratique suisse (PBD) obtiendrait 3,5% des suffrages, selon le sondage de l'Institut gfs.bern publié mercredi. Cette vague verte n'ébranle pas l'UDC qui grignote toujours du terrain.
Le premier thème qui préoccupe les Suisses est désormais l'environnement avant l'asile et les étrangers qui était jusqu'ici le thème politique considéré comme le plus important. Dans les faits, les Verts rebondissent, progressant de 2,1 points par rapport au précédent sondage de janvier après une phase de repli dans différentes prises de température. Parallèlement, les Verts libéraux gagnent encore du terrain.
Différences régionales
Cette préoccupation pour l'environnement semble d'ailleurs beaucoup plus forte en Suisse alémanique, selon les résultats des deux derniers baromètres de gfs.bern cumulés (janvier et avril) et qui ne peuvent donc pas être comparés directement aux résultats seuls de ce dernier coup de sonde. Ainsi, 32% des Alémaniques estiment que ce thème est l'un des plus importants, contre 23% des Romands et 16% des Tessinois.
D'autres différences assez importantes apparaissent entre les régions linguistiques. Le chômage n'est ainsi une des principales préoccupations que pour 11% des Alémaniques, contre 23% des Romands et 33% des Tessinois. Dans la même veine, la santé et les caisses-maladie ne sont des préoccupations que pour 16% des germanophones, contre 24% des francophones et 31% des italophones.
Les Verts moins crédibles
Se pose alors la question du parti qui serait le plus à même de résoudre les problèmes prioritaires des sondés. L'UDC arrive en tête pour 25,5% des sondés, soit une hausse de 5,5 points depuis le précédent sondage. Le PS arrive en deuxième position avec un taux de citation de 21% en baisse d'un point. Quelque 21,8% (-4,8%) des sondés estiment qu’aucun parti ne répond à leurs attentes.
Concrètement, alors que l'environnement devient le principal thème, il est piquant de constater que les Verts semblent désormais moins compétents aux yeux des sondés, puisqu'ils ne sont plus que cités par 6,5% des électeurs, en baisse de 3,8%. Parallèlement, les Verts libéraux progressent quant à eux de 3,3% à 5,8%.
Sortir progressivement du nucléaire
Après la catastrophe japonaise et la relance du débat autour du nucléaire en Suisse, gfs.bern s'est aussi intéressé à la politique énergétique suisse pour les 20 prochaines années. Pour 96% des Suisses, une meilleure approche énergétique passe par des économies d'énergie, tandis que 92% estiment que les énergies renouvelables doivent remplacer progressivement l'énergie nucléaire.
Quelque 65% des Suisses sont prêts ou résolus à sortir du nucléaire contre 27% d'opposants et 8% des sondés qui ne savent pas. L'institut relève toutefois que les Helvètes sont pragmatiques et prônent plutôt un passage progressif à d'autres énergies qu'un abandon immédiat de la filière nucléaire. D'ailleurs, 87% des Suisses plébiscitent un approvisionnement énergétique mixte.
L'UDC mène toujours le débat
Concrètement, même si le thème environnemental est une des premières priorités des Suisses, c'est l'UDC qui mène actuellement toujours la meilleure campagne, selon 29% des sondés. Derrière, les Verts et les Verts libéraux mènent les débats, selon 6% des sondés. Derrière encore, respectivement 3% et 2% des électeurs estiment que les libéraux-radicaux et les démocrates-chrétiens donnent le ton.
Pour tenter de faire ressortir un challenger crédible à l'UDC, l'institut a ensuite demandé aux sondés quel est selon eux le deuxième parti à avoir mené la meilleure campagne. L'UDC, les socialistes et les Verts libéraux remportent alors chacun 16% des suffrages, les Verts 13%, les libéraux-radicaux 12% et les démocrates-chrétiens 8% seulement.
Recul nécessaire
Les différents chiffres de ce sondage sont à prendre avec une certaine prudence puisque la campagne passe par des phases pendant lesquelles certaines thématiques sont plus ou moins marquées, à l'image de la poussée verte actuelle. De même, selon ses auteurs, le sondage précédent avait été influencé par la campagne sur le renvoi des criminels étrangers.
Autre élément qui donne à réfléchir: la manière de présenter certains résultats. Ainsi, globalement, les dernières préoccupations des Suisses sont hiérarchisées selon la dernière prise de température de gfs.bern. Raison pour laquelle l'environnement passe en tête.
En revanche, lorsqu'il s'agit de comparer les différentes régions linguistiques, gfs additionne les données des deux derniers sondages pour avoir une base suffisamment solide. L'environnement passe alors en deuxième position.
Le sondage a été réalisé du 4 au 16 avril auprès de 1066 personnes représentatives des différentes régions linguistiques. La marge d’erreur théorique est de 2,2%.
Xavier Studer
Analyse: l'effet Fukushima
L’aiguille des compteurs de tous les partis s’agite en cette année électorale. Depuis le 11 mars, date du tremblement de terre au Japon, elle s’affole même.
Toutes, sauf celle de l’UDC. Muet sur la question nucléaire pendant plusieurs semaines, volontairement seul parti à ne pas prôner la sortie de l’atome, l’UDC garde la confiance de quasi 30% de l’électorat.
Une confiance que le PS peine à retrouver. Certes son recul est plus lent, mais il se poursuit. Le débat sur la sortie du nucléaire – un des piliers du programme électoral socialiste – ne profite pas au parti.
Le PLR, lui, encaisse coup sur coup. Après des revers électoraux à Bâle-Campagne, Zurich, Lucerne et le Tessin, le Parti libéral-radical voit cette tendance confirmée au niveau national. Stable dans tous les baromètres depuis 2007, le PLR décroche. 15,2% d’intentions de vote, très loin de l’objectif de 20% que s’est fixé le président Fulvio Pelli comme condition pour peser sur la politique suisse.
Derrière le PLR, le PDC ne fanfaronne pas non plus. Il stagne loin de son score de 2007. Il sent même désormais le souffle des Verts se rapprocher. 12,7% d’intentions de vote pour le PDC, 10,9% pour les Verts, des chiffres propres à instiller le doute dans les états-majors. Faut-il rappeler que l’après-élections d’octobre, ce sera le renouvellement du Conseil fédéral dans son ensemble?
Singulière, l’analyse du phénomène «Verts libéraux». En plein boom en Suisse alémanique, ils affichent officiellement et à travers leurs leaders un profil de centre-droite. Or le baromètre SSR donne une autre image de ses électeurs: plutôt de centre-gauche, en majorité anciens soutiens du PS, des Verts ou du PDC.
L’heure de la révolution verte de la politique suisse a-t-elle sonné? Pas sûr. Pour un vrai renversement, l’institut gfs estime qu’il faudrait une mobilisation marquée des électeurs. C’est ce qui s’est produit en Allemagne par exemple. Or ici, rien de cela, la participation stagnerait à 49%.
Réputés pragmatiques, les Suisses restent fidèles à cette image dans le domaine de l’atome. Ils plébiscitent pour ces 20 prochaines années la recherche des économies d’énergie ou le recours aux énergies renouvelables, mais ils se montrent plus sceptiques quant à une possible sortie rapide du nucléaire.
Au sommet des préoccupations des Suisses en ce printemps 2011, l’environnement monopolise l’attention. Du monde politique et des citoyens. Mais les vents de l’opinion sont changeants. En janvier, dans le prolongement du vote sur le renvoi des étrangers criminels, les migrations et les étrangers occupaient la première place des questions urgentes à traiter. Loin devant l’environnement, sixième préoccupation à ce moment-là.
Qu’en sera-t-il dans quelques semaines ou à l’automne prochain? A la question qui tarabuste les directions de partis, le baromètre électoral ne peut pas répondre. Prochaine prise de température en juin.
David Berger, correspondant de la TSR à Berne