Pour le conseiller fédéral, il faudrait être "naïf" pour croire que les problèmes sont résolus. L'idéologie islamiste subsistera au-delà du décès du "gourou d'Al-Qaïda". Ueli Maurer a tenté d'esquiver les questions concernant son appréciation de la mort d'Oussama Ben Laden (lire: Al-Qaïda décapité), lundi lors d'une conférence de presse. Finalement, il a estimé que "ce n'est pas une mauvaise nouvelle, mais...".
Le danger va augmenter en Suisse
L'élimination du "père d'Al-Qaïda risque de susciter des actes de vengeance ces prochains temps, en particulier contre des objectifs américains", a jugé Ueli Maurer. Et de promettre une analyse plus poussée pour ces prochains jours. "Nous prenons la situation très au sérieux, même s'il ne faut pas peindre le diable sur la muraille".
Le danger latent d'attentat va augmenter en Suisse aussi ces prochains temps. Les Suisses ou les doubles nationaux actuellement dans des camps d'entraînement terroristes constituent un risque, a affirmé le chef du Département fédéral de la défense. Aucune mesure de sécurité particulière n'a encore été prise. Et le conseiller fédéral d'assurer: "on touche du bois".
Inquiétudes du renseignement suisse
Pour le chef des services de renseignements suisses, l'élimination d'Oussama Ben Laden risque de susciter des attentats. Markus Seiler, l'a admis lundi. La mort du chef d'Al-Qaïda ne va pas supprimer pour autant le terrorisme islamiste, selon lui. L'avenir de l'organisation dépendra du successeur d'Oussama Ben Laden, a jugé Markus Seiler lundi en conférence de presse.
Depuis quelque temps, les noyaux pakistanais et afghan de l'organisation terroriste paraissent affaiblis. Mais des poches de résistance demeurent dans les pays d'Afrique du Nord et de la péninsule arabique.
Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) souligne qu'on ne peut exclure le danger d'attentats en Suisse commis par des auteurs isolés et radicalisés. Les éventuelles réactions exagérées qui s'en suivraient pourraient causer davantage de dommages à long terme que l'attentat en soi. En 2010, les renseignements n'ont toutefois trouvé aucun indice de menace directe d'attentats terroristes contre la Suisse.
agences/mej
Une "bonne nouvelle" pour Calmy-Rey
"Le fait qu'(Al-Qaïda) soit aujourd'hui décapitée est une bonne nouvelle", a réagi lundi Micheline Calmy-Rey après l'annonce du décès du chef de l'organisation. "Oussama Ben Laden et son organisation sont les acteurs d'un terrorisme aveugle et brutal qui a fait des milliers et des milliers de morts", a-t-elle souligné.
"La Suisse condamne le terrorisme avec la plus grande vigueur et se félicite des actions concrètes qui visent à mettre fin aux structures et aux actions du terrorisme international - de l'Asie centrale au Maghreb en passant par le Proche-Orient", dit également la présidente de la Confédération dans une prise de position diffusée par ses services. "Ma pensée va en ce moment vers les victimes (d'Al-Qaïda) et à leur famille", ajoute-t-elle.
Une "erreur", dit l'expert Daniel Warner
L'élimination d'Oussama Ben Laden par un commando américain au Pakistan est qualifiée "d'erreur grandiose" par Daniel Warner, du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées à Genève (DCAF). Le réseau Al-Qaïda pourrait en sortir renforcé. "C'est une erreur grandiose des forces américaines", a martelé lundi matin Daniel Warner sur les ondes de la radio "One FM".
"C'est une idée très traditionnelle. On coupe la tête de l'adversaire et toute l'organisation va couler". Mais en l'occurrence, c'est le contraire qui risque de se passer, prévient-il. Le décès d'Oussama Ben Laden pourrait notamment pousser certains de ses partisans à chercher vengeance, souligne Daniel Warner.
Au final, les conséquences du décès d'Oussama Ben Laden pourraient être négatives pour les intérêts américains. Les Etats-Unis ne "cherchent pas les causes de la haine, ils ne font qu'éliminer des têtes". L'annonce du décès d'Oussama Ben Laden pourrait aider Barack Obama dans les sondages d'opinion, du moins pendant une courte période, estime Daniel Warner.
Le président américain a d'ailleurs joué cette carte en s'attribuant en grande partie le mérite de l'opération lors de son allocution. Alors que la traque visant Oussama Ben Laden dure depuis dix ans, rappelle Daniel Warner.