En Suisse, un congé paternité de 5 à 10 jours n'est accordé que par la moitié environ des employeurs publics, tandis que les congés maternité sont généralement plus généreux que le minimum fixé par la loi.
Inégalité hommes-femmes
Face à cette inégalité, Travail.Suisse estime nécessaire et urgent d'harmoniser les pratiques et de porter à 20 le nombre de jours de congé pour les jeunes papas, a déclaré le syndicat jeudi à Berne en présentant son enquête annuelle sur les congés parentaux.
Le modèle proposé prévoit que ces jours pourraient être pris de manière flexible et seraient financés, comme pour le congé maternité, par les allocations pour pertes de gain (APG).
Accorder un congé paternité permet d'ancrer dans la loi et dans les mentalités l'idée que l'homme a aussi un rôle de père à assumer auprès de son nouveau-né, de sa partenaire et des éventuels autres enfants, explique Valérie Borioli Sandoz, responsable de la politique d'égalité au sein du syndicat.
Selon elle, cette étape est inévitable si l'on veut ensuite introduire un véritable congé parental à partager entre père et mère. Son avis sur l'importance du congé paternité est partagé par trois conseillers nationaux: Roger Nordmann (PS/VD), Luc Barthassat (PDC/GE) et Marianne Streiff-Feller (PEV/BE). Chacun d'eux a déposé une motion qui propose, sous une forme ou une autre, d'accorder un congé aux jeunes pères.
Parlement intraitable
Pour l'heure le Parlement a rejeté toutes les propositions en ce sens. Et la seule qu'il avait acceptée, avant de revenir en arrière, "c'est parce que le jour du débat correspondait à la Journée de la femme et parce que quelques élus avaient préféré se rendre au Salon de l'auto", note avec humour Roger Nordmann.
Le travail de persuasion reste donc important. Luc Barthassat se dit néanmoins convaincu que "les mentalités changent et que les partis du centre sont plus sensibles à la question". Le nerf de la guerre reste toutefois le financement d'un congé paternité. Mais en proposant différentes solutions, il est possible de voir où une majorité peut être obtenue, a-t-il fait valoir.
ats/bkel
Pratiques divergentes
Une bonne moitié des cantons et des 25 plus grandes villes accordent entre 5 et 10 jours de congé aux jeunes papas, les autres prévoyant en général entre 1 et 3 jours.
En la matière, la ville de Lausanne se montre la plus généreuse avec 21 jours tandis que Neuchâtel et les cantons d'Obwald et St-Gall n'octroient qu'une seule journée, selon l'enquête du syndicat publiée jeudi.
Travail.Suisse relève également que le congé d'adoption est plus répandu dans les administrations des grandes villes que dans les cantons. Toutefois, comme pour le congé non-payé, son octroi engendre des discriminations: certains employeurs publics ne les accordent qu'aux femmes ou alors de manière plus généreuse à ces dernières qu'aux hommes, dénonce la centrale syndicale.
Cette dernière note également que les minimums légaux des allocations familiales (200 francs par enfant et 250 francs par enfant en formation) ne suffisent souvent plus aux familles pour faire face à leurs frais. Plusieurs grandes villes, contrairement à la plupart des cantons, ont ainsi été amenées à compléter ces montants par diverses primes.
Dans ce contexte, les allocations tout comme les divers congés parentaux constituent des avantages concurrentiels qui sont utilisés par les employeurs, publics comme privés, pour recruter du personnel et le fidéliser.
Or, pour Travail.Suisse, ces avantages sociaux doivent d'abord répondre aux besoins de toutes les familles. Il s'agit donc pour le syndicat de mettre fin à ces disparités en relevant notamment les montants des allocations familiales et en harmonisant les congés paternités.
En comparaison, les employeurs publics que sont les cantons et les grandes villes accordent très souvent un congé maternité de 16 semaines payées à 100% alors que la loi prévoit un minimum de 14 semaines à 80%.