En provenance de Madrid, l'avion des monarques espagnols a atterri sur le coup des 12h15 à Zurich-Kloten, alors que la pluie, battante jusqu'alors, a laissé place à une accalmie.
Micheline Calmy-Rey, accompagnée de la chancelière de la Confédération Corina Casanova, de la présidente du Conseil d'Etat zurichois Ursula Gut-Winterberger, du secrétaire d'Etat Peter Maurer ainsi que de l'ambassadeur de Suisse en Espagne Urs Ziswiler ont souhaité au couple royal la bienvenue sur territoire helvétique.
Le roi paraît en bonne forme
Juan Carlos et Sofía d'Espagne sont ensuite arrivés l'après-midi en gare de Kehrsatz, près de Berne, à bord d'un convoi spécial. Le couple royal a été accueilli par les autorités bernoises ainsi que par un choeur d'écoliers. Charmé, le couple royal a écouté avec bienveillance et s'est précipité pour féliciter les écoliers à la fin de la représentation.
Malgré les spéculations sur sa santé depuis son opération d'une tumeur aux poumons l'an dernier, alimentées par son absence à quelques actes officiels dernièrement, le roi Juan Carlos, âgé de 73 ans, est apparu en forme et souriant devant la presse, portant fièrement une légère barbe, apparence inhabituelle chez lui.
Sous haute escorte, le roi et la reine se sont ensuite rendus dans un grand hôtel de la ville afin d'y procéder au traditionnel échange de cadeaux ainsi qu'à la signature du livre d'or du Conseil fédéral. Puis ils ont été reçus avec les honneurs militaires sur la Place fédérale par un Conseil fédéral incomplet. En effet, les "Sept sages" se trouvaient exceptionnellement au nombre de six, contrairement à ce qu'exige le protocole pour toute visite d'Etat, en raison d'un déplacement de la ministre de la Justice Simmonetta Sommaruga à Bruxelles. Cette entorse au rituel n'a jamais connu de précédent, selon le site du DFAE.
C'est la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey qui la première est venue saluer Juan Carlos et son épouse. Après les hymnes nationaux, le monarque a distribué quelques poignées de main à des sympathisants qui brandissaient des drapeaux espagnols. Les discours ont été précédés d'une minute de silence en hommage aux victimes du tremblement de terre à Lorca, dans le sud de l'Espagne, qui a fait neuf morts.
Entretiens diplomatiques
"Depuis ma dernière visite d'Etat en Suisse en juin 1979, la coopération entre Madrid et Berne a évolué de manière extraordinaire et est toujours plus intense", a poursuivi le monarque espagnol. A ses yeux, l'Espagne et la Suisse "ont des valeurs et des principes communs" qui nourrissent une vision similaire des relations internationales.
Sur ce point, le roi a assuré l'appui de l'Espagne à la Suisse "dans son processus d'amplification et de révision des accords bilatéraux avec l'Union européenne". De son côté, Mme Calmy-Rey a souligné l'importance de partenariat avec des pays membres de l'UE, "comme l'Espagne", afin de consolider les accords de Schengen et Dublin.
Lors d'un entretien avec son homologue espagnole Trinidad Jiménez, la cheffe de la diplomatie suisse a réitéré "la volonté de la Suisse de poursuivre la voie bilatérale avec l'UE". Mais elle a ajouté qu'il s'agissait de maintenir "une autonomie suffisante quant à la reprise de l'acquis communautaire". Les négociations entre Berne et Bruxelles sur les accords bilatéraux se heurtent actuellement à des questions institutionnelles.
Le roi, qui n'intervient pas dans les décisions politiques, a assisté à cette rencontre en tant que plus haut représentant de l'Etat espagnol. Micheline Calmy-Rey l'a remercié pour ses bons offices auprès de la Libye dans l'affaire Kadhafi, qui a contribué selon elle à un dénouement heureux pour les deux otages suisses.
"Des souvenirs touchants"
"De touchants souvenirs familiaux m'unissent à la Suisse", a par ailleurs déclaré le souverain, âgé de 73 ans, qui a passé une partie de son enfance à Lausanne et à Fribourg lors de l'exil de sa famille sous la dictature de Francisco Franco. Ses fiançailles avec Sofía de Grèce ont du reste eu lieu en 1961 dans la capitale vaudoise.
Le monarque a rappelé que nombre de ses compatriotes avaient eux choisi d'émigrer en Suisse, contribuant à construire ce pays. "Les quelque 100'000 Espagnols vivant dans notre pays sont très bien intégrés et enrichissent notre pays", a relevé Micheline Calmy-Rey.
Vendredi, Juan Carlos et Sofía d'Espagne se réuniront avec les milieux économiques à Berne. Dans l'après-midi un programme culturel les attend à Lausanne, où ils rencontreront également des représentants de la communauté espagnole.
ats/jzim/olhor
Forte relation du couple royal avec la Suisse
Agé de 73 ans, Juan Carlos a noué une relation très étroite avec la Suisse puisqu'il a passé une partie de son enfance à Lausanne et à Fribourg lors de l'exil de sa famille en raison de la dictature de Francisco Franco. Ses fiançailles avec Sofía de Grèce ont du reste eu lieu en 1961 à Lausanne dans la demeure de sa grand-mère paternelle Victoria Eugenia de Battenberg, qui y a vécu jusqu'à son décès en 1969.
Vendredi, Juan Carlos et Sofía auront l'occasion de se rendre sur des lieux empreints de souvenirs pour eux puisque, après une réunion avec les milieux économiques à Berne, un programme culturel les attend dans la capitale vaudoise. Ils y rencontreront également des représentants de la communauté espagnole en Suisse, qui compte près de 100'000 membres.