Les pêcheurs se mobilisent pour le Doubs

Selon la Fédération suisse de pêche, le Doubs agonise. Les organisations de pêcheurs et de protection de l'environnement ont tenté de collaborer avec les autorités, mais face au manque de dialogue et à l'immobilisme de la Confédération et du canton du Jura, elles ont décidé de descendre dans la rue à Goumois, avec les pêcheurs et les amoureux du Doubs.

Deux cortèges, l'un parti de Suisse et l'autre de France, se sont rejoints au milieu du pont de ce village frontière qui enjambe le Doubs. Environ trois quarts des participants étaient français, a indiqué le porte-parole de Pro Natura, Nicolas Wüthrich. Le réalisateur et défenseur de la nature français Yann Arthus-Bertrand était présent.

Le Doubs, un "cloaque"

Le Doubs, une rivière de 450 kilomètres dont une grande partie se trouve en France, se transforme en véritable cloaque, selon les pêcheurs. Il est devenu urgent d'étudier les pollutions possibles et la dynamique du régime de ses eaux, causes soupçonnées de la mort des poissons.

Pro Natura et le WWF Suisse n'arrivent pas à coopérer avec les autorités. Les demandes et propositions échouent l'une après l'autre et l'information est bloquée. La Fédération suisse de pêche, Pro Natura et le WWF Suisse dénoncent cette situation.

Ces organisations réclament leur accès au dossier et le droit de participer à la nouvelle gouvernance franco-suisse du Doubs, groupement chargé de ce problème écologique. Selon, Lucienne Merguin Rossé, spécialiste du Doubs chez Pro Natura, la situation a empiré ces deux dernières années et les autorités font la sourde oreille. Les risques de pollutions cachées sont peut-être la cause de ce blocage, mais faire l'autruche ne fait qu'aggraver le problème.

Des poissons à l'agonie

D'un côté de la frontière comme de l'autre, les pêcheurs en ont assez. "A chaque visite de la rivière, les pêcheurs trouvent de nouvelles truites, des ombres ou des aprons à l'agonie ou déjà morts", s'indigne Charles Kull, vice-président de la Fédération suisse de pêche.

Les autorités ont une responsabilité qu'elles n'assument plus sur le Doubs. Les éclusées brutales des usines hydrauliques et des substances mystérieuses font périr la faune. Le bassin versant du Doubs, avec ses trous et ses fissures dans le calcaire, est particulier. Il nécessite des recherches beaucoup plus approfondies que les analyses standards dont se contentent les autorités, analyses qui ont échoué à stopper la mort des poissons.

Sur la Loue, l'un de ses affluents, 90% des poissons sont déjà morts et les spécialistes annoncent le même sort pour le Doubs si les autorités ne réagissent pas.

agences/cer