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Procès BCGE: l'ex-président conteste les accusations

Dominique Ducret, a gauche, ancien président du conseil d'administration de la BCGE, accompagné de son avocat Robert Assaël. [Sandro Campardo]
Dominique Ducret, à gauche, ancien président du conseil d'administration de la BCGE, accompagné de son avocat Robert Assaël. - [Sandro Campardo]
Le procès des responsables présumés de la débâcle de la BCGE est entré lundi dans le vif du sujet. La semaine est consacrée à l'interrogatoire des cinq prévenus. L'ex-président de la banque Dominique Ducret a ouvert les feux. Il conteste les accusations portées contre lui.

"J'ai commis des erreurs d'appréciation, de diagnostic, de médication, mais j'affirme que toutes les décisions que j'ai prises l'ont été de bonne foi et dans le seul souci de défendre les intérêts de la banque", a déclaré l'ancien conseiller national PDC, âgé aujourd'hui de 68 ans.

Dominique Ducret, comme les quatre autres accusés, doit répondre devant le tribunal correctionnel de Genève de faux dans les titres et de gestion déloyale aggravée. La justice lui reproche d'avoir dissimulé la situation financière catastrophique de la Banque cantonale de Genève (BCGE) entre 1996 et fin 1998.

Tout le monde savait

Pour l'ex-président de la BCGE, "rien n'a été caché aux autorités politiques". Celles-ci avaient d'ailleurs leurs représentants au sein du conseil d'administration de l'établissement. Selon Dominique Ducret, les décisions de cet organe ont toujours été prises de manière collégiale et en toute transparence.

L'ex-président s'est longuement exprimé lundi matin, relevant l'absence complète d'éléments dans le dossier BCGE et revenant sur le choc qu'a constitué l'annonce de son inculpation. "Ma vie a complètement basculé ce jour là et même après onze ans (de procédure), je n'ai pas réussi à me forger une carapace contre cette injustice".

"Nous avons tout fait pour sauver cette banque, mais nous avons échoué", a-t-il encore souligné. Selon lui, la conjoncture n'a pas été favorable et la crise s'est creusée après la création de la banque en 1994, empêchant de liquider progressivement les crédits pourris hérités de la folie immobilière des années quatre-vingts.

La sonnette d'alarme est tirée en 1999. "Ce n'est qu'à ce moment que nous avons eu la certitude que nous avions un sérieux problème", a noté Dominique Ducret. Des mesures drastiques seront prises pour sauver la banque, avec notamment la mise sur pied par l'Etat d'une fondation de valorisation reprenant les actifs toxiques.

L'accusation, pour sa part, est persuadée que la banque était sous-dotée en provisions avant 1999 et que les accusés ont voulu le cacher. La Commission fédérale des banques (CFB) avait d'ailleurs émis une directive portant sur l'évaluation des gages bien plus sévère que les pratiques qui avaient cours à la BCGE.

Le casse-tête des sociétés de portage

Lors de l'interrogatoire de l'accusé, le procureur général Daniel Zappelli a notamment évoqué les sociétés de portage dont la banque a usé pour transférer une partie de ses crédits douteux et libérer ainsi des fonds propres.

La question aujourd'hui est de savoir si ces sociétés devaient être consolidées dans les comptes de la BCGE. "On s'est interrogé là-dessus, et on a sollicité plusieurs avis", a indiqué M.Ducret.

Au final, tout le monde a été d'accord pour dire "qu'il n'était pas nécessaire de consolider" ces sociétés. S'il en avait été autrement, "nous n'aurions pas fait de sociétés de portage", car ces opérations n'auraient servi à rien.

Le procès se poursuit mardi avec l'audition de l'ancien directeur général de la banque Marc Fues. Elle devrait être suivie de l'interrogatoire de son adjoint René Curti. Les deux ex-réviseurs d'Ernst&Young devraient quant à eux être entendus en fin de semaine par les juges du tribunal correctionnel.

ats/vkiss

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