Le sondage Isopublic publié dimanche dans la "SonntagsZeitung" a été effectué auprès de 503 personnes interrogées. Il y a deux mois et demi, peu après la catastrophe japonaise de Fukushima, 74% des Suisses disaient vouloir sortir de l'énergie nucléaire. Cette fois-ci, la barre des 75% est dépassée dans toutes les catégories de personnes (sexe, âge, profession) et dans toutes les régions de Suisse.
Même l'électorat des partis politiques bourgeois est clairement pour la sortie du nucléaire. Une majorité se dessine aussi du côté des électeurs UDC. Chez les sympathisants du PS et des Verts, les 100% d'avis favorables sont presque atteints.
Faible majorité au Conseil national
Au niveau politique, une faible majorité se dessine en faveur d'une sortie du nucléaire à l'approche du vote du 8 juin prochain au Conseil national. Selon un sondage publié dans "Der Sonntag", les opposants aux centrales atomiques l'emporteraient par 99 voix contre 96. "Chaque voix va compter lors du vote du 8 juin", a constaté le journal dominical alémanique.
Le PDC est sûr d'une victoire des opposants à l'énergie atomique: "je suis confiant", a déclaré son président Christophe Darbellay. "Le PDC est à l'origine de ce changement de tendance au Conseil fédéral, nous allons tout faire maintenant pour que le Parlement confirme cette voie", a-t-il expliqué.
Des huit PDC qui s'opposent à l'abandon du nucléaire ou ne veulent pas s'exprimer, plusieurs devraient finalement s'abstenir de voter par égard pour le parti ou pour sa conseillère fédérale Doris Leuthard.
Les Verts, les Verts libéraux, le parti socialiste, les évangélistes et le parti bourgeois démocratique vont approuver en bloc l'abandon de l'énergie nucléaire. Ils recevront les voix de quelques libéraux-radicaux, notamment le Bâlois Peter Malama, le Lucernois Otto Ineichen et le Zurichois Ruedi Noser.
Deux motions du PLR
La direction du PLR ne pense en revanche pas se rallier à la position du Conseil fédéral. "Nous ne voulons pas d'interdiction technologique", a lancé le conseiller national Filippo Leutenegger. Lors de la séance du groupe parlementaire PLR de mardi, la direction du parti va proposer comme compromis de voter une motion contre la construction de centrales nucléaires du type actuel.
Le PLR entend ainsi autoriser des centrales d'une nouvelle génération plus sûre, selon le Fribourgeois Jacques Bourgeois, qui préside la commission interne du parti sur l'énergie. Dans une deuxième motion, le PLR va demander que l'on organise une votation fédérale sur les centrales nucléaires en 2025. Ce qui correspondrait à un moratoire de 15 ans, même si Jacques Bourgeois s'en défend vivement.
agences/vkiss
lire aussi: L'eau des glaciers pourrait être une source d'énergie
Alpiq: "Il faudrait huit centrales à gaz"
Les grandes sociétés d'électricité suisses lancent des mises en garde après la décision du Conseil fédéral de "sortir du nucléaire". Il faudra construire huit centrales à gaz si on renonce à l'énergie atomique, a déclaré à "Der Sonntag" Giovanni Leonardi, patron d'Alpiq qui couvre un tiers de la production suisse.
A l'heure actuelle pour Alpiq, la question de construire ou non des centrales à gaz est ouverte. "Pour nous, Chavalon a la première priorité", a-t-il souligné. Giovanni Leonardi n'est pas tendre avec le Conseil fédéral: "nous mettons en jeu la sécurité d'approvisionnement de notre pays". Il estime que la position du gouvernement est indéfendable alors que tous sont d'avis que la force hydraulique n'a presque plus de possibilité de développement.
Le patron d'Alpiq considère comme totalement irréaliste de réduire la consommation d'électricité d'un quart d'ici 2050, une hypothèse qui va à l'encontre des estimations réalisées jusqu'ici. "Il pourrait y avoir des blackouts, déjà cet hiver", met en garde le président d'Alpiq Hans Schweickardt. "Les exploitants des réseaux suisses et allemands disent tous deux que la situation est critique; tous deux parlent d'une situation délicate sur le réseau" et "je dis toujours: il n'y pas de fumée sans feu; c'est une simple question de temps". Hans Schweickardt se déclare déçu et souligne qu'après Fukushima, les faits ne sont pas encore là. Il prévoit qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne pourra être construite ou planifiée jusqu'en 2020.
Le CFF misent sur l'hydraulique
L'ouverture du nouveau tunnel de base du Gothard va augmenter nettement la consommation d'électricité des CFF. La régie entend couvrir ses besoins par l'extension des ouvrages hydrauliques existants et d'éventuelles participations à l'étranger, comme l'affirme le journal dominical alémanique "Der Sonntag". Sont notamment concernées les centrales du Tessin et du Valais. Les CFF prévoient ainsi de transformer les installations du Lac Ritom au nord du Tessin et de construire une station de pompage-turbinage.
La régie prévoit également une extension de la centrale d'Etzel au lac de Sihl, qui fournit aujourd'hui 14% de l'électricité des CFF. Les détails n'ont pas encore été fixés. En outre, une augmentation de la production des centrales hydrauliques du Bas Valais et d'Uri est également à l'ordre du jour. Des extensions sont à l'étude dans le cadre des investissements destinés au renouvellement des installations des centrales du Châtelard, Vernayaz et Göschenen. La production devrait également être augmentée dans la centrale hydraulique de Massaboden dans le Haut-Valais. Toutes les options sont encore ouvertes, a toutefois souligné le porte-parole. Les CFF pourraient ainsi acquérir des participations dans des centrales hydrauliques à l'étranger mais aucun pays n'est encore cité.