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Les actes racistes sont en légère hausse en Suisse

Des manifestants dénoncent la ségrégation dont sont victimes les noirs en Suisse, notamment lors d'interventions policières. Lausanne, 2006. [Laurent Gillieron]
Des manifestants dénoncent la ségrégation dont sont victimes les noirs en Suisse, notamment lors d'interventions policières. Lausanne, 2006. - [Laurent Gillieron]
Les actes racistes dénoncés auprès du Réseau de consultations pour les victimes ont augmenté en 2010, mais plus légèrement que les années précédentes. Une hausse est manifeste notamment pour les personnes de couleur ou pour les cas relevant de l'abus de pouvoir.

Durant l'ensemble de l'année, les sept centres de consultation qui participent à cette compilation de données ont documenté 178 cas relevant effectivement d'un contexte de discrimination raciale, contre 162 en 2009, indique le rapport publié lundi par la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et l'association humanrights.ch.

Les incidents rapportés vont du "racisme subtil ordinaire aux blessures corporelles". On constate en outre qu'une part considérable des incidents traités sont associés à une forme latente de xénophobie ou d'intolérance, à la couleur de la peau ou à l'islamisme, soit à des sujets qui ont défrayé la chronique en Suisse l'an dernier.

Victimes bien établies en Suisse

En 2010, les actes racistes dus à la xénophobie ont été très fréquents, tant de l'avis des victimes (81 fois) que de celui des conseillers du Réseau de consultation (72 fois). L'islamophobie a également été signalée à de nombreuses reprises (23 fois).

Les personnes le plus fréquemment victimes de discrimination raciale proviennent d'Afrique subsaharienne (42), d'Europe centrale (26) et d'Afrique du Nord (23) sur un total de 134 cas où la provenance des victimes est connue. Les personnes visées séjournent souvent en Suisse depuis longtemps ou y sont nées. Trente-neuf détenaient un passeport suisse, 23 un permis B et autant un permis C.

Les personnes dont le statut est précaire comme les sans-papiers ou les requérants d'asile frappés d'une décision de non-entrée en matière ne s'adressent que rarement à un centre de consultation. Non parce qu'elles ont moins conscience d'être victimes, mais parce qu'elles ont moins facilement accès aux services d'aide.

Interdits de boîtes de nuit

Les insultes racistes (69) sont de loin l'incident le plus souvent enregistré. La catégorie "refus de prestations publiques" (17) est en hausse. Il s'agit par exemple du refus d'admission dans des établissements nocturnes comme des dancings.

Comme en 2009, de nombreux problèmes sont survenus dans l'espace public (25) et dans le monde du travail (23). Vingt-trois incidents ont eu lieu avec la police (23), légèrement plus qu'en 2009, dont 15 où celle-ci a été accusée de racisme anti-noir.

Le rapport fait en revanche état d'une diminution des cas sur Internet et sur les blogs. Les hommes de plus de 25 ans sont en majorité la cible de racisme. Ils font surtout l'objet d'insultes (30 cas), d'atteintes à l'intégrité physique (10), de refus de prestations publiques (16) et d'inégalités de traitement dans le domaine du logement (10).

Les centres de consultation reçoivent peu d'informations sur les auteurs de discrimination raciale. Victimes, témoins et proches ont fourni dans 38 cas seulement des données sur ce point. Deux-tiers des auteurs présumés sont de nationalité suisse (24).

ats/sbo

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La pointe de l'iceberg

Les cas recensés fondés sur des discriminations documentées par le Réseau de consultations ne couvrent de loin pas tous les actes de racisme perpétrés en 2010, soulignent les auteurs du rapport. Ils permettent néanmoins de se faire une idée plus précise de la forme que prend cette forme d'agression.

Ce rapport annuel, le troisième du genre, rassemble les observations de sept centres qui couvrent les régions de Zurich, Berne, Bienne, le nord-ouest et le nord-est de la Suisse. Dès 2011, le rapport inclura les données de services de consultation supplémentaires.