Suite à la pression croissante des autorités italiennes, les mafias déplacent de plus en plus leurs activités criminelles telles que le blanchiment d'argent vers la Suisse. Plus de 6500 personnes ont été arrêtées dans la Péninsule entre 2008 et 2010. Ces opérations ont permis de séquestrer des valeurs patrimoniales pour quelque 18 milliards d'euros.
Les clans mafieux agissent en Suisse essentiellement sur le plan transfrontalier. Ils n'exercent pas de contrôle complet sur un territoire délimité comme à Naples ou en Sicile. L'omerta est en revanche appliquée sévèrement. Les témoignages sont donc rares, ce qui complique la tâche de fedpol. Autre problème: les structures familiales qui empêchent les infiltrations.
Les mafias italiennes cherchent de manière ciblée à s'associer à des spécialistes des secteurs financiers et bancaires pour leurs activités économiques illégales. Ces infractions sont commises dans la plus grande discrétion, ce qui les rend moins perceptibles par le grand public que, par exemple, les séries de cambriolages commises par des groupes géorgiens.
En 2010, plusieurs personnes liées à la mafia italienne ont été arrêtées. Certaines appartenant à la 'Ndrangheta ont été extradées vers la Péninsule après qu'elles y ont été condamnées à de longues peines de prison. D'autres ont été reconnues coupables de plusieurs infractions en Suisse, notamment de trafic de stupéfiants.
Blanchiment
Le crime organisé a d'autres visages en Suisse. Fedpol cite les organisations libanaises, maghrébines, turques, dominicaines et jamaïcaines (drogues) ainsi que les groupes chinois (traite d'êtres humains, trafic de migrants, escroquerie à la carte de crédit). Les Géorgiens se sont fait un nom avec les groupes commettant des vols à l'étalage et par effraction. Ces derniers appartiennent à la petite criminalité mais agissent aussi pour le compte de personnes occupant le rang le plus élevé dans la hiérarchie des milieux criminels russo-géorgiens.
La mafia de l'ex-URSS continue d'utiliser la place financière suisse à des fins de blanchiment, notamment en créant des entreprises fictives. Plusieurs experts estiment que le secteur immobilier (certaines ventes à des prix exorbitants ont fait couler beaucoup d'encre) pourrait aussi être utilisé. Le Conseil fédéral, flairant des abus, examine l'opportunité de prendre des mesures.
Trafic de drogues
Les groupes albanais, kosovars et macédoniens sont principalement actifs dans le trafic d'héroïne, un marché qu'ils dominent. Les groupes des Balkans et d'Europe de l'Est ont aussi joué une rôle important dans la délinquance itinérante. Le trafic de cocaïne, dont la consommation est en hausse en Suisse, est quant à lui l'affaire des réseaux criminels d'Afrique de l'Ouest. Ils agissent de manière très flexible. Après avoir recouru de plus en plus aux services de "mules" est-européennes, ils se sont également tournés vers des passeurs africains transportant de petites quantités de drogue.
Autre phénomène: le trafic de migrants, pratiqué à titre professionnel par des filières internationales de passeurs possédant des antennes en Suisse. Le Kosovo est un vivier important.
Internet sert les infractions
Dans son rapport, fedpol rappelle en outre le recours toujours plus fréquent des criminels à Internet pour planifier des infractions. Ils collaborent souvent avec des pirates informatiques et s'adaptent très rapidement aux changements techniques. Internet est aussi utilisé de plus en plus à des fins de propagande et d'incitation à la violence.
Pour lutter contre les menaces informatiques, une approche concertée aux niveaux national et international est nécessaire, estime fedpol. Il faut aussi engager des spécialistes supplémentaires. L'office se félicite que le Parlement lui ait attribué douze nouveaux postes.
ats/olhor