Vendredi vers 10h30, un homme a demandé au personnel d'un restaurant des Rasses, près de Sainte-Croix, d'aviser la gendarmerie vaudoise. Il a expliqué qu'il était la personne recherchée depuis quelques jours dans le Nord vaudois. Une patrouille du poste de Sainte-Croix est immédiatement intervenue pour l'interpeller.
L'homme a été emmené dans les locaux de la police cantonale vaudoise, puis il a été transféré en soirée dans une prison du canton de Berne.
Lors d'un point presse vendredi, le conseiller d'Etat Jean Studer a dit tout son soulagement que ce détenu soit à nouveau privé de liberté "comme ça aurait toujours dû être le cas".
Affamé et assoiffé
Arrêté à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de l'endroit où il s'est échappé, l'homme semble donc être resté dans les forêts de cette région depuis sa fuite. Il avait visiblement faim et soif, a déclaré Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise. Il était sous forte pression "avec des centaines de policiers à ses trousses partout".
"Il a commandé une bière à ma fille et nous lui avons servi un verre d'eau avec du pain et une pomme", a déclaré au site "20 Minutes" le patron de l'hôtel restaurant des Planets aux Rasses. Il a raconté qu'il s'était nourri de baies des bois, avait bu dans les abreuvoirs à vaches et dormi sous les arbres, parfois sous la pluie. Il n'a pas eu le temps de finir son verre d'eau: les policiers sont arrivés et l'ont menotté.
Le fuyard de Gorgier (NE) aurait décidé de s'enfuir après avoir appris qu'un nouveau régime carcéral allait lui être appliqué, ont indiqué vendredi les polices vaudoise et neuchâteloise lors d'une conférence de presse. Il n'aurait plus pu sortir de prison. Il semble avoir agi sans complice.
En fuite depuis lundi
Les recherches pour interpeller ce détenu s'étaient poursuivies ces dernières heures. Plus de 60 policiers cantonaux et communaux ont notamment été mobilisés vers Chavannes-près-Renens, dans l'Ouest lausannois, suite à l'appel vers 5h d'un témoin ayant cru reconnaître le détenu en fuite.
Le Jurassien âgé de 64 ans avait profité d'une sortie accompagnée pour s'évader lundi. Il était accompagné de deux agents, dont une femme. Il avait saisi l'agente au cou, la menaçant avec un objet tranchant "indéterminé". En voulant se défendre, elle s'était blessée à la main.
Les trois personnes sont alors sorties de la voiture et les deux agents ont essayé de le convaincre de rentrer. A ce moment, le prisonnier s'est enfui et l'agente a essayé sans succès de le rattraper.
Le fuyard avait été condamné pour assassinat, viol, tentative de viol et dommages à la propriété, peines suspendues au profit d'un internement pour une durée indéterminée.
agences/boi
LA DIRECTION DE LA PRISON DE GORGIER DEMISSIONNE
A la demande du conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer, le directeur de la prison de Gorgier et son adjoint ont donné leur démission avec effet immédiat.
Selon les autorités, la direction de la prison "n'a pas pris la mesure des risques présentés par ce détenu (...) malgré les observations, mises en garde et injonctions" émises entre autres par le Service pénitenciaire.
De plus, elle n'aurait pas observé les règles de sécurité.
Une enquête administrative devra encore faire la lumière sur toutes les circonstances qui ont conduit à l'évasion. Jean Studer proposera au Conseil d'Etat de confier cette tâche à l'ancien juge fédéral Claude Rouiller.
La procédure devra déterminer si Gorgier, qui n'est pas un établissement de haute sécurité, était adapté au profil d'un tel détenu.
De manière générale, il faudrait en savoir plus sur les conditions optimales de la détention de ce type de détenus. "La loi est toujours plus sécuritaire, mais les moyens ne suivent pas", a précisé Jean Studer.