Le projet lancé par le Département fédéral de l'environnement (DETEC) a suscité un large intérêt, selon un communiqué. Outre les cantons, 80 organisations, associations et particuliers ont donné leur avis durant la période de consultation terminée vendredi. Depuis leur retour en Suisse, le lynx en 1971, le loup en 1995 ou l'ours en 2005, ces animaux protégés sont source de conflits.
Le cormoran suscite également l'ire des pêcheurs professionnels depuis quelques années. Si la Confédération donne son aval, la révision de l'ordonnance prévoit que les cantons puissent dès 2012 prendre plus facilement des mesures pour juguler les effectifs de loups, de lynx ou d'ours lorsqu'ils causent d'importants dégâts aux cultures ou s'ils engendrent des pertes pour la chasse ou la pêche.
Des conditions
Une condition est posée: les effectifs des animaux concernés devront être suffisamment grands et stables pour maintenir la diversité des espèces. Mais l'ordonnance révisée ne précise pas la taille des effectifs et l'importance des dommages. Le projet forcerait les cantons à étudier la création de zones de tranquillité pour mieux protéger la faune sauvage.
Pour la Protection suisse des animaux ce projet est insuffisant et "consolide le statu quo". Elle veut notamment proscrire la chasse au terrier ou contraindre les chasseurs à s'exercer au tir comme cela existe dans les cantons des Grisons ou de Lucerne. Elle exige que l'abattage du loup soit interdit.
Pour Pro Natura, le WWF et l'Association Suisse pour la protection des oiseaux (ASPO) ce projet représente "une régression vers le 19e siècle". Et de critiquer le fait que les espèces animales protégées, telle que le loup, seront reléguées au rang d'animaux nuisibles et à nouveau abattues si elles prélèvent trop de gibier.
Projet insuffisant
L'Union suisse des paysans (USP) considère que la révision ne va pas assez loin. Elle estime que les espèces animales protégées doivent être régulées afin de gérer efficacement leurs espaces vitaux mais se demande si la Suisse dispose encore de l'espace vital nécessaire aux grands carnassiers.
La Fédération suisse de pêche (FSP) souhaite en particulier que l'ordonnance permette de lutter plus intensément contre le cormoran hivernant. Elle s'oppose aussi à une interdiction totale de la chevrotine au plomb, toxique, pour la chasse aux oiseaux d'eau.
La Fédération valaisanne des sociétés de chasse juge ce projet prématuré. S'il devait être adopté, elle préconise entre autres choses que la gestion de la faune et des grands prédateurs revienne "en priorité aux cantons".
Cantons plutôt satisfaits
La Conférence suisse des directeurs cantonaux de la chasse (CDC) accueille positivement une révision qui renforce notamment la protection des zones de tranquillité pour la faune sauvage. La CDC estime toutefois qu'obliger les cantons à soumettre la planification de ces zones à l'approbation de l'Office fédéral de l'environnement va trop loin.
ats/cht
Partis politiques aussi divisés
Les partis politiques n'étaient pas invités à donner leur avis lors de cette consultation. Mais certaines formations ont pris position.
Le PLR dit son "scepticisme" au sujet de nouvelles zones de tranquillité pour la faune sauvage. "Cela signifie une grande bureaucratie et impliquerait de devoir acheter une nouvelle carte avant chaque randonnnée", a indiqué Stefan Brupbacher, secrétaire général. A son avis, le respect de chacun pour les animaux doit suffire.
La révision mécontente les Verts. Ils n'admettent pas que des espèces comme le loup ou le lynx soient désormais livrées aux fusils du seul fait qu'elles réduisent le rendement des chasseurs. Il s'agit-là d'une "contradiction flagrante" avec les objectifs de la Suisse en matière de biodiversité. Avec cette révision, la conseillère fédérale Doris Leuthard "cède à la pression du lobby des chasseurs.