Le WWF, Pro Natura et la Fédération Suisse de Pêche ont annoncé mardi dans un communiqué qu'elles saisissent le Conseil de l'Europe à Strasbourg, car les autorités suisses et françaises n'en font pas assez pour sauver le Doubs.
Agir rapidement pour éviter un cloaque
Pour les trois associations, les pollutions ainsi que les variations extrêmes du débit d'eau occasionnées par l'exploitation hydraulique de la rivière franco-suisse sont en cause dans sa lente agonie.
"Si nous n'agissons pas maintenant, le Doubs se transformera irréversiblement en cloaque", avertit Thomas Ammann, responsable du projet Riverwatch au WWF Suisse. "La Convention de Berne, qui classe le Roi du Doubs dans les espèces protégées, est à notre avis bafouée", renchérit Lucienne Merguin de Pro Natura.
Les barrages hydroélectriques accusés
En mai dernier, le canton du Jura disait vouloir renforcer la coordination avec le canton de Neuchâtel et la France pour intervenir auprès des exploitants des barrages hydroélectriques.
Ces derniers sont responsables des lâchers d'eau à l'origine des grosses variations du débit de la rivière. La pratique est jugée intempestive par les associations de protection de l'environnement.
Les pêcheurs estiment en outre que les sociétés d'électricité s'appuient sur des concessions anciennes. Ils demandent une surveillance fédérale. Ils exigent aussi une analyse des sédiments libérés lors de chaque éclusée pour savoir s'ils sont nocifs, et le cas échéant, de les traiter comme une décharge polluée. Ces matériaux reposent en effet derrière les barrages depuis des ans.
La Suisse travaille main dans la main avec les services français concernés pour "établir des priorités d'actions", rappelait l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), dans un communiqué publié le 12 mai. D'ici novembre, l'OFEV montrera si la Convention de Berne sur la protection des espèces est respectée et quelles mesures prendre, le cas échéant, pour qu'elle le soit.
Manifestation en mai
En mai également, plus d'un millier de personnes s'étaient rassemblées dans le village frontière de Goumois (JU), où la rivière trace la frontière franco-suisse. Elles protestaient alors contre "la mort lente" du Doubs. Deux cortèges, l'un parti de Suisse et l'autre de France, s'étaient rejoints au milieu du pont enjambant le Doubs. Les trois quarts des participants étaient français et le réalisateur et défenseur de la nature français Yann Arthus-Bertrand était présent.
ats/boi
Carte d'identité du Doubs
Le Doubs est une rivière de 453 kilomètres de long, dont 430 kilomètres sur territoire français.
C'est le dixième cours d'eau français par sa longueur.
Il prend sa source à Mouthe, en France, à 937 mètres d'altitude. Il se jette dans la Saône à Verdun-sur-le-Doubs et se trouve donc dans le bassin versant du Rhône.
Le Doubs marque une frontière naturelle entre la Suisse et la France sur 43,8 kilomètres, le long des cantons de Neuchâtel et du Jura.
Il effectue ensuite un parcours de quelques kilomètres entièrement en Suisse, dans le Clos-du-Doubs (Jura) puis il fait un coude brutal pour regagner définitivement la France.
La rivière a été classée réserve naturelle en 1974.
Selon les étymologistes, le Doubs est tout d'abord mentionné sous la forme Dubis, ce qui signifie "La noire" en gaulois