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On n'accouchera plus à l'hôpital de Fribourg

L'hôpital de Fribourg doit suspendre temporairement les accouchements . [Dominic Favre]
Plus d'accouchement à l'hôpital de Fribourg dès fin août. - [Dominic Favre]
Pénurie de médecins et départ prochain de ses deux médecins-cheffes: le département de gynécologie et obstétrique de l'hôpital fribourgeois est contraint dès la fin août à ne plus pratiquer ni accouchement ni opération gynécologique sur son site de Fribourg. Une prise en charge des patientes reste assurée.

Le manque de médecins gynécologues touche de plein fouet l'hôpital cantonal de Fribourg. Conséquence: les futures mères devront provisoirement accoucher à la maternité de l'hôpital Daler, en ville, ou à celle de Riaz, en Gruyère.

La décision, qui concerne également les opérations gynécologiques, entrera en vigueur le lundi 29 août, peut-on lire dans le communiqué diffusé mardi par l'Hôpital cantonal de Fribourg (HFR). Elle résulte des départs de deux médecins-cheffes démissionnaires de la clinique de gynécologie et obstétrique, lesquelles n'ont pour l'heure pas été remplacées.

Le HFR a signé une convention de collaboration avec l'hôpital Daler, clinique privée en ville de Fribourg, qui pourra compter sur cinq équivalents plein-temps en provenance de l'Hôpital cantonal. L'équipe soignante du site de Riaz sera également renforcée. La maternité du HFR devrait rouvrir avant la fin de l'année.

Situation unique en suisse

"Cette situation est à ma connaissance unique en Suisse", réagit le Dr Jacques Seydoux, président de la Société suisse de gynécologie et obstétrique (SSGO). Selon lui, un grave problème de gestion serait à l'origine du cas fribourgeois. Mais de manière générale, le médecin pointe une pénurie qui touche l'entier de la branche.

Selon un récent sondage mené dans les facultés de médecine en Suisse, seuls 12 % des étudiants envisagent la gynécologie pour leur future carrière. "Beaucoup ont peur des procès qui pourraient s'ouvrir contre eux en cas de faux diagnostics, à l'image de ce qui se fait aux Etats-Unis ou au Canada", explique Jacques Seydoux.

Le président de la SSGO évoque également des conditions d'exercice du métier plus difficiles et une spécialisation rampante qui découragerait certains médecins assistants. "Les politiques devraient revaloriser la profession, surtout dans les établissements publics périphériques", estime le médecin.

Temps partiel

Pour contrer la pénurie, la multiplication des temps partiels est encouragée, d'où une féminisation du métier. "Près de 80% des internes sont aujourd'hui des femmes", détaille le Dr Seydoux. Il rappelle qu'en 2010 plus d'un gynécologue sur deux en Suisse était un étranger. "Plutôt des Allemands en Suisse alémanique et des Grecs ou des Italiens en Suisse romande."

Selon Jacques de Haller, président de la Fédération des médecins suisses (FMH), la pénurie qui pénalise la gynécologie affecte d'autres secteurs de la médecine. Les hôpitaux doivent du coup recruter entre 25% et 50% de leurs effectifs à l'étranger.

"Je n'ai rien contre la libre-circulation des personnes", déclare l'homme fort de la FMH. "Mais on ne peut pas demander à un médecin étranger de connaître le système de santé de notre pays dès l'instant où il arrive", conclut-il.

agences/pym

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