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Vers une armée à 100'000 militaires?

Une nouvelle affaire de bizutage secoue l'armée suisse.
La commission ne souhaite pas rester dans le flou concernant le prix à payer. Elle souhaite un chiffre clair. La question sera tranchée le 26 août.
L'armée du futur devrait compter 100'000 militaires. La majorité de la commission compétente du National se rallie sur ce point au Conseil des Etats. La question du financement doit être tranchée la semaine prochaine. A droite, on parle désormais d'une facture limitée à 5 milliards.

En juin, le Conseil des Etats s'est prononcé pour un effectif de 100'000 militaires, tout en refusant de fixer un budget pour cette variante dont les coûts sont évalués à 5,1 milliards de francs par an. Dans la foulée, les sénateurs ont réclamé l'achat rapide de 22 nouveaux avions de combat pour un plafond fixé à 5 milliards ainsi que 1,2 milliard pour combler les lacunes en équipement.

L'option du Conseil fédéral rejetée

L'option défendue par le Conseil fédéral (80'000 militaires pour un budget annuel de 4,4 milliards) avait alors été rejetée. Elle n'a pas eu plus de succès devant la commission de la politique de sécurité du National, qui l'a repoussée par 17 voix contre 8. Personne ne la défendra devant le plénum, a indiqué mardi à la presse le président de la commission Jakob Büchler (PDC/SG).

Plusieurs minorités tenteront néanmoins de corriger la donne. La droite militariste (UDC et PDC) défend une armée à 120'000 soldats, devisée à 5,2 milliards. Cette variante a été rejetée par 15 voix contre 11 en commission. Les Verts souhaitent quant à eux limiter les effectifs à 30'000 et supprimer l'obligation de servir. Cette option a été balayée par 18 voix contre 7.

Le PS se range quant à lui derrière un modèle à 60'000 soldats et une facture annuelle de 3,5 milliards. Il mise en outre sur une coopération européenne en matière de sécurité et davantage de militaires en service long. Cette variante a été repoussée par 19 voix contre 7.

Par 18 voix contre 8, la commission souhaite que le Conseil fédéral revienne devant le Parlement avec des propositions de modification de loi à fin 2012 déjà. Le Conseil des Etats était prêt à attendre jusqu'à fin 2013.

Il faut arrêter de cumuler les retards concernant les réformes qui attendent l'armée, a fait valoir Jakob Büchler. Et de préciser que le dossier devrait être bouclé au Parlement avant les élections fédérales.

Nouvelle facture

Contrairement au Conseil des Etats, la commission ne souhaite pas rester dans le flou concernant le prix à payer. Elle souhaite un chiffre clair, selon Jakob Büchler. La question sera tranchée le 26 août. D'ici là, le ministre de la Défense devra montrer comment financer avec seulement 5 milliards à la fois une armée de 100'000 soldats, l'achat de nouveaux avions et l'élimination des lacunes en équipement.

Selon Ueli Maurer, ce serait possible. Mais il faudrait acquérir les avions en plusieurs tranches. Le conseiller fédéral devra présenter un concept par écrit à la commission. Il devra aussi montrer quelle variante permettrait d'acheter les avions le plus rapidement possible.

Le Conseil des Etats privilégie un financement spécial, qui pourrait reposer en partie sur la vente de terrains de l'armée. L'autre option serait de dégager l'argent nécessaire dans le cadre des programmes d'armements ordinaires.

L'idée de compresser des coûts annuels de 5,1 milliards (soit 600 millions de plus qu'actuellement) et des investissements de 6,2 milliards à un plafond général de 5 milliard fait bondir à gauche. Le camp rose-vert s'interroge sur le sérieux de ce nouveau concept.

Le Groupe pour une Suisse sans armée y voit une tactique du camp bourgeois pour éviter un référendum contre le projet servant à assurer le financement de l'achat d'avions et de l'élimination des lacunes d'équipement. Mais ce ne serait qu'une victoire à la Pyrrhus puisqu'il serait quand même possible de lancer un référendum contre la révision de la loi servant de base à une armée à 100'000 soldats, selon le GSsA.

ats/hof

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