Franc fort: Migros baisse les prix de 500 articles

"Les négociations dures mais correctes que nous avons menées avec nos partenaires de longue date ont débouché sur de premiers résultats. Ainsi, nous pourrons abaisser nos prix entre 10 et 20%", explique le patron de Migros, Herbert Bolliger, cité dans un communiqué publié tard mardi soir.

Une première série d'articles de marque des entreprises Nestlé (San Pellegrino, Nestlé Baby), Ferrero (Kinder, Nutella), Beiersdorf (Nivea), Procter & Gamble (Braun), Unilever (Axe) et L'Oréal (Studio Line) diminueront à partir de lundi. Le groupe se réjouit de ne pas avoir été contraint d'exclure certains produits de son assortiment comme vient de le faire son concurrent Coop.

Coop boycotte

Le groupe bâlois a en effet décidé de supprimer certains articles de ses rayons faute d'avoir obtenu des fournisseurs une baisse de prix liée aux gains de change. Coop a pourtant négocié avec certains des mêmes fournisseurs que Migros, à savoir Ferrero et L'Oréal. Il est également en discussion avec le géant américain Mars.

En l'absence de réponse positive de ces trois groupes, Coop a décidé d'accorder à sa clientèle un rabais de 50% dès cette semaine et ce, jusqu'à épuisement des stocks. Une fois ces produits épuisés, le numéro deux suisse de la grande distribution supprimera ces articles de ses étalages. L'action de Coop concerne un total de 95 produits représentant un chiffre d'affaires annuel de quelque 30 millions de francs.

Migros veut aller plus loin

Denner avait lancé le mouvement des baisses de prix vendredi déjà. Le discounter en mains de Migros avait annoncé réduire les prix d'une cinquantaine de produits de marque.

Ces annonces successives font suite à la table ronde réunie mercredi dernier par le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann sur le franc fort. La réunion n'a cependant débouché sur aucune mesure concrète pour faire baisser les prix importés, alors que des voix s'élèvent depuis des semaines pour réclamer que la baisse de l'euro rejaillisse sur les prix de vente.

Migros n'entend pas en rester là et veut obtenir des adaptations de prix de ses autres fournisseurs. Le distributeur rappelle qu'il a déjà réduit depuis le début de l'année le prix de 4000 articles, représentant un avantage de plus de 300 millions de francs pour sa clientèle.

Des réactions positives

Les annonces fracassantes des grands distributeurs suscitent des réactions plutôt positives. "La discussion a enfin lieu entre les parties intéressées, soit entre les distributeurs et les fabricants", se réjouit Rafael Corazza, directeur de la Commission de la concurrence (COMCO).

Lors des négociations sur les prix, la pression exercée par les consommateurs est un facteur important, d'après lui. Sans les réclamations de baisses de prix ou les achats transfrontaliers, les prix n'auraient pas bougé, estime Rafael Corazza.

Aux yeux de la SKS, la fondation alémanique pour la protection des consommateurs, il s'agit d'un premier pas important. "Nous exigeons maintenant une action coordonnée, cohérente de l'ensemble de la chaîne de distribution avec un fort soutien de la COMCO", a indiqué sa présidente Prisca Birrer-Heimo.

L'Union suisse l'article de marque Promarca conteste en revanche les mesures de Coop et de Migros. "Les grands distributeurs font actuellement tout pour accentuer la pression sur les fournisseurs", déplore Anastasia Li-Treyer, directrice de l'association. Or selon elle, la plupart des membres de Promarca ont répercuté les gains de change.

ats/cer