Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) rappelle, jeudi dans un communiqué, que la Suisse a "à plusieurs reprises déjà, publiquement appelé les autorités à respecter les droits fondamentaux". Berne indique aussi "déplorer particulièrement le grand nombre de morts et de blessés", une répression qui pousse Washington, Paris, Berlin et Londres à exiger le départ de Bachar al-Assad (lire encadré).
Le DFAE "appelle les autorités syriennes à mettre immédiatement fin à la répression et à respecter les droits fondamentaux de la population en Syrie, dont le droit à la vie, l'interdiction de la torture, ainsi que la liberté d'opinion et de réunion".
L'ambassade n'est pas fermée
Berne précise cependant que le rappel de l'ambassadeur, qui est "un signal fort à Damas, "n'équivaut toutefois pas à une rupture des relations diplomatiques. L'Ambassade de Suisse à Damas demeure ouverte et pleinement opérationnelle".
La Suisse s'est alignée le 18 mai dernier aux sanctions imposées par l'UE à la Syrie. Mercredi, elle a ajouté 12 noms sur la liste des personnes dont les avoirs ont été gelés, et interdits de visas. Berne a déjà bloqué des avoirs d'un montant de 27 millions de francs appartenant au président Bashar al-Assad et à 22 autres personnes.
Mais mercredi, la liste a été allongée, et Berne a ajouté le nom du cousin du président et chef de la sécurité présidentielle Zoulhima Chaliche ainsi que celui du ministre de la défense Ali Habib Mahmoud. En outre, la liste contient les noms de 4 sociétés qui financent le régime du président syrien.
Manifestation à Berne
A Berne, environ 200 Syriens en exil et des Suisses ont manifesté jeudi en début de soirée en solidarité avec le peuple syrien. Ils ont exigé la fin des violences dans le pays. Une représentante d'Amnesty International (AI) a lancé un appel à exercer plus de pressions sur le régime d'Assad.
AI demande à l'ONU d'adopter "une résolution juridiquement contraignante qui condamne clairement le régime syrien, et de décréter un embargo total sur les armes à destination de Syrie ainsi que le gel des avoirs à l'étranger du président Bachar al-Assad et de ses collaborateurs", a dit Antonia Bertschinger d'AI dans son discours devant les manifestants. L'ONG organisait cette manifestation en collaboration avec la communauté syrienne de Suisse.
La répression continue
Le retrait de l'ambassadeur intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit jeudi pour évoquer la question syrienne.De son côté, le président syrien Bachar al-Assad a affirmé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que les forces gouvernementales avaient cessé la répression (lire: Répression en Syrie) , alors que 14 morts ont été annoncés mercredi.
Sur le terrain, l'armée syrienne s'est déployée en force jeudi soir dans plusieurs localités, dont la banlieue de Damas où des tirs ont été entendus, alors que des manifestations nocturnes contre le régime avaient lieu, a indiqué une ONG syrienne de défense des droits de l'Homme.
Accusations graves
Les soldats accompagnés des membres des forces de sécurité ont pris position dans les quartiers de Zabadani, al-Mahatta, Al-Jisr et Al-Amira dans la banlieue de Damas, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) dans un communiqué. Ils ont établi de nombreux barrages routiers. A Damas même, des manifestants ont défilé après la prière du soir mais les forces de sécurité sont intervenues en ouvrant le feu, a ajouté l'ONG sans faire état de victime mais en annonçant l'arrestation de trois personnes.
Enfin, les forces syriennes auraient abattu 26 personnes dans un stade, dont un adolescent de 13 ans, au cours de la répression par Damas des manifestations, ont annoncé jeudi des responsables de l'ONU au Conseil de sécurité. Au total, depuis le début de la répression le 15 mars, au moins 2000 personnes ont été tuées en Syrie, selon ces responsables cités par des sources s'exprimant sous couvert d'anonymat.
agences/cer
Obama, Sarkozy, Merkel et Cameron appellent Assad à quitter le pouvoir
Barack Obama a pour la première fois jeudi exigé la démission du président syrien Bachar al-Assad et a annoncé avoir pris de nouvelles sanctions très dures contre le régime de Damas.
Le président américain annonce avoir signé un décret interdisant l'importation de pétrole et de produits pétroliers de Syrie aux Etats-Unis et gelant tous les avoirs que l'Etat syrien pourrait avoir sous juridiction américaine.
Le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont également appelé ouvertement le président syrien à "quitter le pouvoir", dans une déclaration commune rendue publique ce jeudi.
"Nos trois pays estiment que le président Assad, qui a recours à la force militaire brutale contre son propre peuple et qui porte la responsabilité de la situation, a perdu toute légitimité et ne peut plus prétendre diriger le pays", écrivent-ils dans ce document transmis à la presse par l'Elysée.