Ces constats figurent dans le rapport de l'expert chargé d'analyser le déroulement de l'opération policière qui a tenu en haleine toute la Suisse durant dix jours voici près d'une année.
Plusieurs lacunes de la police
Dans son rapport dévoilé mardi, l'expert neutre estime qu'il n'est pas nécessaire de procéder à des changements fondamentaux dans l'organisation de la police. Mais il relève plusieurs lacunes. La police n'a ainsi pas effectué toutes les recherches sur le retraité avant de mettre en place son dispositif.
Elle a renoncé à consulter le courrier du forcené dont disposait la préfecture alors qu'elle avait connaissance de son existence. Une lettre contenait un passage qui pouvait être interprété comme un indice de danger pour des tiers.
"Si l'on avait disposé plus tôt du courrier de Peter Hans Kneubühl, on aurait eu plus de temps pour l'analyser, penser des variantes et peaufiner la planification", a expliqué l'ancien conseiller d'Etat zougois Hanspeter Uster chargé de l'enquête. La police aurait dû examiner toutes les sources possibles et connues d'elle.
Mauvaise évaluation du profil
Autre erreur de jugement dans cette affaire, la conviction que le forcené voulait mourir sous les balles. La police était arrivée à cette conclusion le 1er jour de son intervention même si très peu d'indices venaient conforter ce cas de figure. Et en privilégiant l'hypothèse du suicide volontaire, elle n'a pas envisagé la fuite.
"Les cadres supérieurs de la police doivent constamment examiner leur hypothèse d'intervention sous un angle critique", a souligné le conseiller d'Etat bernois Hans-Jürg Käser.
Pour le directeur de la police, les chefs doivent prendre en compte toutes les options pour éviter des erreurs de gestion. Il faudra désormais mieux définir le rôle et la place des cadres de la police. Pour le commandant Stefan Blättler, une situation donnée doit être réévaluée en permanence, et cela n'a pas été suffisamment le cas dans cette affaire. Les forces de l'ordre avaient été très sévèrement critiquées par une partie de la population.
Problème technique
Le rapport livre quelques détails sur le déroulement des faits. On apprend qu'un problème technique a empêché l'arrestation du fuyard lorsqu'il est retourné dans sa maison assiégée par la police. C'est un appareil radio de transmission d'un policier provenant d'un autre canton qui n'a pas fonctionné.
"Il est arrivé dans le dispositif sans préavis", a expliqué devant la presse Stefan Blättler en parlant du sexagénaire. Les forces d'intervention tablaient sur son retour dans la nuit du 9 au 10 septembre et avaient mis en place un dispositif en conséquence. Dès que les policiers surpris ont tenté de le maîtriser, il a tiré une première fois. Le retraité a une nouvelle fois ouvert le feu après que des éléments des unités d'élite ont riposté.
Durant cet échange de tirs, un policier bernois a été grièvement blessé à la tête. Il a depuis pu reprendre progressivement son travail. Pour le reste, l'expert indépendant souligne que le dispositif mis en place dans les différentes phases était judicieux et adapté aux circonstances. Il estime que dans l'immense majorité des cas d'intervention analysés, le travail a été excellent.
ats/mej
Il souffre de troubles délirants
Le forcené de Bienne souffre, selon l'expertise psychiatrique, de troubles délirants chroniques paranoïaques.
Ces troubles se manifestent notamment par un état ou une psychose paranoïaques. Cette expertise va peser sur la question de la responsabilité du sexagénaire.
Un délai a été imparti jusqu'à fin août aux parties pour demander d'éventuels compléments à l'expertise psychiatrique, a annoncé le Ministère public régional Jura bernois-Seeland.
L'accusé pourra se prononcer sur les résultats de la procédure avant la clôture de l'instruction qui n'est pas attendue avant la fin de l'année. L'inculpé âgé de 68 ans n'a toujours fait aucune déclaration quant à son lieu de repli durant sa fuite qui a duré près d'une dizaine de jours.
Il ne s'est pas montré davantage coopératif sur l'arme qu'il a utilisée pour tirer sur la police. Dès que le Ministère public estime l'instruction terminée, il peut décider d'une mise en accusation de l'inculpé ou, dans le cas d'une irresponsabilité totale, demander au tribunal des mesures en faveur d'une privation de liberté.
La justice devra déterminer quels sont les effets de ces troubles mentaux sur la capacité du prévenu à comprendre et à contrôler ses actes.