Les principaux syndicats affiliés à l'Union syndicale suisse (USS) revendiquent des hausses salariales de 2% à 3%, mais au moins 100 francs en sus de la compensation du renchérissement, a fait savoir la centrale syndicale vendredi en conférence de presse à Berne (voir le communiqué).
Des hausses générales réclamées
Les hausses devront être générales et les versements uniques seront refusés, prévient l'USS selon qui il s'agit du seul moyen de relever les bas et moyens salaires afin de combler le retard pris. Et de dénoncer une fois encore que seuls les hauts et très hauts salaires ont profité de la reprise entre 2004 et 2008, alors que les autres ont perdu en valeur réelle.
Ces revendications sont notamment formulées par les syndicats Unia, SSP (Syndicat des services publics), ASEB (employés de banque) et SEV (personnel des transports).
Ces dernières semaines, d'autres organisations de salariés avaient exprimé des exigences similaires, parmi lesquelles SEC Suisse (employés de commerce), Travail.Suisse, Syna, Transfair et Hotel&Gastro Union, qui demandent des hausses de salaires de 1,5% à 4% selon les branches.
Le franc fort est un mauvais prétexte
Selon le président de l'USS Paul Rechsteiner, si certaines branches et entreprises subissent les effets de la forte surévaluation du franc, en faire pâtir le personnel par le refus de hausses de salaires "n'est pas la bonne recette".
"Les problèmes de taux de change doivent être attaqués à leur racine, à travers le cours largement surfait du franc. Ce n'est pas la tâche des travailleurs et de travailleuses, mais celle de la Banque nationale suisse et de la Confédération", dit Paul Rechsteiner.
Et "indépendamment de cela, si certains prétendent que la force du franc reflète la grande productivité et la forte compétitivité de l'économie suisse, il serait grotesque de punir les salariés parce qu'ils sont si performants et si productifs", argumente-t-il.
Une argumentation qu'a tenue à étayer Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS. D'après lui, "près de 90% des salariés suisses travaillent dans des branches qui ne sont pas sensibles au taux de change".
Les principales branches affectées par le franc surévalué sont l'industrie MEM (machines, équipements électriques, métaux) et le tourisme. Quelque 250'000 personnes travaillent dans la première, et 80'000 dans l'hôtellerie. "Par rapport à l'emploi total - environ 4,1 millions de personnes - cela représente tout juste 10%", constate Daniel Lampart. C'est pourquoi il juge que le franc fort ne peut pas être utilisé comme argument général lors des négociations salariales 2011/12. Quant aux entreprises en difficulté, "il s'agira de les considérer au cas par cas".
ats/hof