On n'utilise pas "les forces liées à la sécurité de manière optimale dans ce pays", estime Olivier Guéniat dans un entretien accordé au Matin Dimanche. Avec 26 systèmes cantonaux autonomes, on multiple les doublons.
Sur la base de son expérience entre le Jura et Neuchâtel
Chaque canton veut ses plongeurs, dit Olivier Guéniat, chacun les forme et les entraîne de son côté. On a maintenant enfin regroupé les tireurs d'élite à Genève, mais auparavant tous les cantons avaient les leurs. "La Suisse était le pays du monde qui avait le plus de tireurs d'élite par habitant". Même chose pour les centrales d'alarme: "chaque canton a la sienne, qui fonctionne 24 heures sur 24, c'est extrêmement cher à maintenir. On est fou!", constate le commandant jurassien.
Olivier Guéniat est en train de réorganiser les polices neuchâteloise et jurassienne. "Nous avons identifié une trentaine de doublons". Si les deux polices fusionnent un jour "nous dégagerons entre 30 et 60 policiers supplémentaires". Reportez l'expérience à l'échelle nationale et "vous avez les 1000 à 1500 policiers" qui manquent en Suisse. Et Genève en aurait une centaine de plus.
Critique de la situation à Genève
A propos de Genève, Olivier Guéniat se demande si "les forces de sécurité se sont développées en adéquation avec le développement urbain", et s'il était juste de mettre en place, dans le quartier de la gare de Cornavin par exemple, une task force uniquement axée sur la répression.
"Je parie qu'une police de proximité du type de celle qu'on a développée à Neuchâtel depuis 2007, très proche des commerçants, des habitants, tournée vers la résolution de problèmes, est la solution pour les 30 premières années du XXIe siècle".
La criminalité est en augmentation en Suisse, c'est une conséquence logique de l'évolution de la société. La Suisse s'européanise, la démographie se développe, les flux entre les villes ou par-dessus les frontières s'intensifient, la population s'approprie l'espace public différemment, la nuit en particulier, c'est une évolution globalement positive, pour Olivier Guéniat. Il faut accepter ces changements, puis développer des stratégies.
"On manque de policiers pour couvrir l'ensemble de la palette des missions, c'est certain. L'effectif que nous devons déployer pour des manifestations politiques ou sportives est celui qui nous coûte le plus cher. Sortir cet effectif du travail ordinaire alors qu'on est en flux tendu, c'est problématique." Il faudrait donc utiliser les forces liées à la sécurité de manière optimale, si l'on veut faire face à l'évolution de la société.
ap/hof