Constat unanime dans les médias des deux côtés de la Sarine: Micheline Calmy-Rey a marqué de son empreinte les affaires étrangères de la Suisse en 9 ans. La conseillère fédérale a incarné à elle seule la diplomatie helvétique et notamment le concept de "neutralité active".
Et avec l'expression revient sans cesse - un "caractère bien trempé". Cette personnification a ses conséquences et la presse suisse s'en fait aussi l'écho: une ministre "agissante, mais irritante", "vénérée ou décriée", "pour le meilleur et pour le pire", "forte tête", "manières abruptes", "peu commode", "entêtée", etc.
Une Suisse plus audible
Sur les points positifs d'abord. Plusieurs journaux l'écrivent, à l'instar de la "Tribune de Genève", personne avant elle "n'a conféré une telle visibilité à la Suisse sur le plan international". Sur cette scène mondiale, "la petite musique helvétique est devenue plus audible", écrit aussi "La Liberté".
La "NZZ" abonde aussi dans ce sens, parlant d'"ardeur" dans sa tache. Une "incontestable visibilité nouvelle" à la politique étrangère suisse, lit-on dans "24 Heures". Ce dernier estime que la Genevoise a "secoué les tapis de la vieille tradition des bons offices".
Même constat dans la "TdG": elle a "osé casser la diplomatie molle et fuyante d'une Suisse figée dans sa neutralité". "Le Temps" estime que la socialiste "a contribué au décloisonnement" du pays.
Efficacité?
Mais certains journaux s'interrogent, à l'instar du "Temps", et là commencent les points négatifs: "Une diplomatie plus visible. Plus efficace pour autant?". Micheline Calmy-Rey "se sera finalement montrée hésitante et terriblement défensive dans les domaines stratégiques où la Suisse a le plus à gagner - et le plus à perdre", répond le quotidien qui trouve que les grands voisins de la Suisse ont été négligés (Berlin, Paris, Rome).
La presse revient aussi beaucoup sur les "brillants feux de paille" ou les "coups médiatiques" de Micheline Calmy-Rey. Quant aux deux dossiers essuyant le plus de critiques dans les médias helvétiques: incontestablement l'affaire libyenne et son attitude face à l'Union européenne (UE).
"La Liberté" regrette par exemple chez elle "un minimum de sensibilité au souffle historique de la construction européenne". Plusieurs médias, comme "Le Temps", parlent clairement d'échec dans le dossier de l'UE, évoquant "une impasse", une "voie sans issue".
Dure à l'interne
Autre critique récurrente: si Micheline Calmy-Rey est souvent brillante et souriante sur la scène internationale, elle peut être "cassante" et "dirigiste" dans son propre Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), notent des commentateurs, notamment outre-Sarine.
"Solitaire", "autoritaire", "égocentrique", "contrôlante", sont des qualificatifs qui reviennent souvent. Cela ne semble un secret pour aucun média: son "obstination" et "son obsession du contrôle de sa communication et de son image" ("TdG") ont parfois desservi sa politique et surtout laissé des traces au sein du DFAE.
"Elle peut être odieuse avec ses collaborateurs", écrivent "L'Express" et "L'Impartial" qui s'étonnent - comme le "St. Galler Tagblatt" de son manque de diplomatie dans son action personnelle, mais saluent sa "très grande intelligence".
D'autres journaux alémaniques reviennent aussi sur une "collégialité outrepassée", de l'époque des Blocher et Couchepin. Fin d'une époque, note la "NZZ".
Enfin, plusieurs médias alémaniques commentent aussi les conséquences tactiques de la démission de la socialiste. Le "TagesAnzeiger", par exemple, juge la situation désormais très délicate pour le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf. De son côté, la "Südostschweiz" n'hésite pas à parler d'une "passionnante partie de poker" à venir.
ats/mre