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Table ronde sur la pénurie de personnel qualifié

Johann Schneider-Ammann a convoqué une table ronde vendredi. [Peter Klaunzer]
Johann Schneider-Ammann a tenu une conférence de presse après la table ronde. - [Peter Klaunzer]
Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a réuni vendredi une table ronde sur la pénurie de personnel qualifié. Partenaires sociaux, cantons et experts ont planché sur des mesures pour l'éviter via le marché du travail et la politique de la formation.

Johann Schneider-Ammann veut d'abord exploiter les potentiels de main d'oeuvre en Suisse pour éviter une pénurie de personnel qualifié. Le ministre de l'économie a reçu vendredi l'appui des cantons, des partenaires sociaux et des experts lors d'une table ronde.

 "La situation actuelle est un peu schizophrène: on a peur de perdre des emplois à cause de la conjoncture mais on manque déjà de personnel", a déclaré à la presse le ministre de l'économie. Selon lui, il serait trop risqué de s'en remettre uniquement aux étrangers pour combler le déficit qui frappe déjà l'industrie, l'école ou la santé par exemple.

L'immigration est un instrument qui a fait ses preuves, mais la compétition entre les pays pour attirer du personnel qualifié va s'intensifier. Il s'agit donc de recourir de manière ciblée à l'apport étranger pour conserver la flexibilité du marché du travail, mais d'exploiter d'abord les possibilités en Suisse.

Base de la discussion de vendredi, le rapport "Du personnel qualifié pour la Suisse" du Département fédéral de l'économie (DFE) identifie le plus gros potentiel chez les personnes qualifiées travaillant à temps partiel, notamment celles qui éduquent des enfants.

Concilier emploi et famille

Pour les faire travailler plus, il faut améliorer les conditions générales pour concilier emploi et vie de famille. Et le rapport d'évoquer l'augmentation du nombre de places de crèches, la déductibilité des frais de garde ou encore une meilleure rémunération des femmes. Pour éviter une pénurie, les salariés âgés doivent également rester actifs le plus longtemps possible.

Co-président d'Unia, Andreas Rieger y est favorable, mais insiste sur la nécessité d'améliorer les conditions de travail. Impossible de maintenir à leur poste des travailleurs trop usés au bout de 25 ans d'engagement total. Des efforts doivent pas ailleurs être faits pour permettre à 95% de jeunes de bénéficier d'une formation professionnelle (apprentissage ou diplôme). Et des possibilités de rattrapage être offertes aux adultes peu formés.

Formation continue

La formation continue des actifs doit absolument être encouragée, si possible par une loi fédérale ad hoc. Un point contesté par l'Union suisse des arts et métiers (USAM) pour qui il faut d'abord éclaircir la question des finances et mettre formation universitaire et perfectionnement professionnel sur un pied d'égalité.

Ce n'est pas normal que, dans certains cantons, les études de médecine coûtent moins de 10'000 francs alors qu'un maître menuisier doit débourser quatre fois cette somme pour sa formation, critique l'USAM. Son directeur Hans-Ulrich Bigler appelle le Parlement à augmenter les crédits 2012 pour la formation professionnelle de 100 millions à la session d'automne.

Obstacle financier

L'USAM réclame ensuite 500 millions de plus par an pour prendre en charge la formation professionnelle supérieure. Ce n'est pas si simple, cette somme n'est pas à disposition et devrait être prise autre part, a réagi Johann Schneider-Ammann.

Pour le co-président d'UNIA, les finances ne sont pas le seul obstacle à lever pour encourager la formation continue. Il faut faire un effort sur les cursus en cours d'emploi pour les employés à temps partiel notamment.

Le rapport table sur 312'000 actifs supplémentaires, soit 8% de plus qu'en 2009, si un cinquième de tous les potentiels existants en Suisse sont mobilisés. Le DFE va désormais s'atteler à l'application des mesures de sa compétence et examiner le dossier avec les départements qui peuvent être impliqués.

ats/ffi

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L'USS demande du concret

L'Union syndicale suisse (USS) juge favorablement les propositions esquissées dans le rapport "Du personnel qualifié pour la Suisse", selon un communiqué.

Le catalogue de mesures présentées reste cependant au stade de la déclaration d'intention. Les moyens à mettre en oeuvre pour leur réalisation sont encore loin d'être concrets, précise le communiqué.

L'USS dit attendre depuis plusieurs années l'élaboration d'une loi sur la formation continue qui permette enfin d'améliorer l'accès des adultes à une formation quel que soit l'âge et le niveau de qualifications. Elle ajoute que les obstacles à la formation du personnel peu qualifié et des femmes restent énormes.

Le DFE mettra en consultation d'ici la fin de l'année une nouvelle loi sur la formation continue. L'USS attend du projet de loi qu'îl présente de véritables améliorations pour les salarié(e)s, en particulier l'introduction d'un congé de formation payé, comme cela existe déjà dans les pays voisins, et une promotion systématique des compétences de base chez les adultes.

En parallèle, il est nécessaire,selon le syndicat, d'agir au niveau des conditions de travail et des conditions-cadre pour exercer une activité professionnelle. Encore trop de femmes avec charge de famille renoncent à exercer une activité professionnelle à la hauteur de leur compétence, parce que les conditions de travail et de salaires ne sont pas suffisamment attractives.

L'USS demande des améliorations significatives en particulier au niveau des salaires, des aménagements du temps de travail et des structures d'accueil pour la petite enfance et les enfants en âge scolaire.