En acceptant cette proposition, la majorité bourgeoise évite un référendum contre les avions, au grand dam de la gauche. Exit ainsi l'option du Conseil fédéral: 80'000 militaires, budget annuel de 4,4 milliards, acquisition des avions à l'horizon 2018-2020 sur la base d'un financement spécial.
Ce choix n'a pas déplu au ministre de la défense Ueli Maurer, qui a à peine soutenu l'option gouvernementale devant les députés.
La taille de la future armée est désormais fixée. Les deux Chambres ont accepté un effectif de 100'000 militaires. "80'000, c'est joli sur le papier mais insuffisant sur le terrain", a fait valoir Arthur Loepfe (PDC/AI). Il faut pouvoir assurer la relève dans un système de milice, a-t-il avancé.
Les cantons sont pour cette solution car au-dessous de cet effectif, l'armée ne pourrait plus continuer de soutenir les polices, a renchéri Corina Eichenberger (PLR/AG). L'UDC aurait même souhaité aller jusqu'à 120'000. Selon elle, seule cette solution, soutenue par la Société suisse des officiers, est à même d'assurer le maintien de la milice.
Démesure décriée
Les représentants de droite n'ont eu de cesse d'accuser le camp rose-vert de vouloir supprimer l'armée. La gauche, qui a de son côté pointé du doigt la démesure du camp bourgeois, s'est retrouvée seule à défendre une armée aux dimensions plus restreintes (80'000, 60'000 voire 30'000 personnes).
On ne répond pas aux défis actuels avec une armée d'antan et des avions de combat, a lancé Geri Müller (Verts/AG). La criminalité organisée, le terrorisme, les attaques informatiques et les changements climatiques sont les vraies menaces. Et ce n'est pas à l'armée d'y répondre, a renchéri Evi Allemann (PS/BE). En vain.
Avec l'option retenue, un contingent de 1000 soldats serait réservé à l'aide humanitaire et la promotion de la paix à l'étranger. Le reste des effectifs serait accordé à la défense (20'000), à l'appui aux autorités civiles (37'000), au contrôle de l'espace aérien (11'000) et aux prestations de base (31'000). La part de soldats en service long serait de 15%.
Pas de référendum contre les avions
La gauche a également dû faire le poing dans la poche concernant le financement de l'armement, point sur lequel le National et le Conseil des Etats divergent encore.
La Chambre des cantons n'avait pas fixé de plafond pour l'armée à 100'000 militaires, pourtant devisée par Ueli Maurer à 5,1 milliards de francs par an. Elle avait en outre prévu un financement spécial de 6,2 milliards pour acheter les avions (5 milliards) et combler les lacunes en équipements (1,2 milliard).
Le National a préféré passer uniquement par le budget ordinaire pour répondre à toutes ces exigences. Le plafond des dépenses serait relevé à 5 milliards par an. Le Chambre du peuple souhaite en outre que l'armée puisse disposer d'autres ressources: elle devrait se faire affecter les recettes de la vente ou de la location d'immeubles et de matériel militaires. Elle pourrait aussi facturer ses prestations.
Ce faisant, la majorité de droite évite la tenue d'un référendum contre l'achat d'avions, qui ne pourrait être lancé que contre la loi fixant le financement spécial.
On peut voter sur deux nouveaux minarets mais pas sur 22 avions de combat, s'est indigné Josef Lang (Verts/ZG). Les citoyens auront le dernier mot, a-t-il promis. Une nouvelle initiative pourrait être lancée.
La gauche s'est en outre inquiétée des coupes qui seront nécessaires dans la formation ou dans d'autres domaines pour débloquer davantage d'argent pour l'armée. Il n'y aura pas besoin de programmes d'économies, a répondu Ueli Maurer. Et d'affirmer que c'est l'armée qui sera soumise à une cure d'amaigrissement.
ats/lan