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Pactole hydro-électrique valaisan menacé

Le renouvellement de la concession de l’installation hydro-électrique de Barberine devait permettre à six communes de toucher 343 millions de francs. [ALESSANDRO DELLA BELLA]
Le renouvellement de la concession de l’installation hydro-électrique de Barberine devait permettre à six communes de toucher 343 millions de francs. - [ALESSANDRO DELLA BELLA]
Des membres du groupe de travail «forces hydrauliques» demandent au Conseil d’Etat valaisan de ne pas homologuer la convention de l’installation hydro-électrique de Barberine qui garantissait à 6 communes de la vallée du Trient de recevoir 343 millions de francs.

Le Conseil d’Etat valaisan confirme que le pactole n’est pas forcément acquis. Les 343 millions proviennent d’une convention passée l’an dernier avec les CFF pour le renouvellement de la concession de l’installation hydro-électrique de Barberine (dans le barrage d’Emosson), pour les années 2017 à 2097.

Ces millions devaient profiter aux communes de Finhaut, Salvan, Trient, et dans une moindre mesure  à Vernayaz, Martigny et Martigny-Combe.

Versements en cours

Les CFF, qui tirent leur courant électrique de ce barrage, devaient verser la moitié de la somme d’ici 2017, et l’autre moitié sous formes d’annuités entre 2017 et 2097. Les premières tranches ont été payées ces derniers mois.

Mais, selon les informations de la TSR, tout est désormais remis en cause. «Nous avons demandé au Conseil d’Etat de ne pas homologuer cette convention», indique Simon Epiney, président de la commune d’Anniviers et membre du groupe de travail «forces hydrauliques».

Ce groupe de travail a publié, le 7 juillet dernier, un rapport qui propose trois variantes pour la future politique cantonale en matière de retours de concessions hydrauliques.

Eviter les disparités

En effet, l’installation de Barberine n’est que la première d’une longue série. Les concessions de tous les barrages valaisans doivent être renouvelées dans les 30 à 40 prochaines années.

La classe politique valaisanne, quasi unanime, veut éviter que des petites collectivités deviennent riches à millions. Et que le reste du Valais (notamment le Canton et la plupart des villes) ne touchent rien. En clair, il faut changer la loi pour éviter de telles disparités.

Le processus législatif s’annonce long avec un passage au Grand Conseil et un éventuel référendum. Mais selon Simon Epiney, les communes de la vallée du Trient devraient aussi être soumises à ces nouvelles règles.

En effet, si la convention a été signée en 2010, elle n’a pas encore été homologuée par le Conseil d’Etat. Celui-ci a jusqu’en 2017 pour le faire. D’ici là, la nouvelle loi sera peut-être sous toit.

Argent déjà investi

Le conseiller d’Etat Jean-Michel Cina confirme qu’une remise en cause de la convention est du domaine du possible: «Si la loi change, nous devrons nous demander, au moment de l’homologation, quelle loi doit être appliquée. La loi en vigueur quand la convention a été signée, ou la nouvelle loi.»

Si la nouvelle législation s’applique, les six communes perdront probablement une partie de leur pactole. Car les trois modèles proposés passent tous par un meilleur partage des richesses tirées de l'hydro-électricité.

La commune de Finhaut a choqué certains dans le canton. Avec une partie des 112 millions qui lui sont promis, elle a d’abord envisagé de construire un centre wellness, puis a projeté d’acquérir la moitié des parts d'un groupe hôtelier de Chamonix.

L'avant-projet de wellness a été abandonné. Et le peuple a rejeté l'investissement en France voisine.

Sa voisine, Salvan, a fait les choses plus sereinement. Elle s’est engagée dans un processus de modernisation des remontées mécaniques des Marécottes. Mais une partie de l’argent est donc déjà engagé.

Laurent Dufour

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