Selon les syndicats Unia et Syna, il s'agit du plus grand rassemblement de ce type depuis plus de dix ans. La Place fédérale débordait en début d'après-midi, les manifestants portant le drapeau de leur syndicat et des pancartes.
Sur celles-ci figuraient notamment des piques contre le conseiller national (PLR/TG) Werner Messmer, président de la Société suisse des entrepreneurs (SSE): "Messmer tu veux nous tuer à la tâche" ou "Messmer tu joues avec nos nerfs".
Venus de toute la Suisse, les manifestants, dont le nombre a dépassé les attentes des organisateurs, ont exprimé leur colère contre "le démantèlement social voulu par la SSE". Les entrepreneurs "veulent détériorer massivement la convention et ouvrir la porte au dumping salarial. Toutes les personnes n'ayant plus, aux yeux du chef, une 'pleine capacité de rendement' n'obtiendrait plus à l'avenir le salaire minimum".
La SSE critiquée
Les entrepreneurs remettent également en question la protection contre le licenciement en cas d'accident et de maladie, et même la retraite à 60 ans. Enfin, la SSE vise à exclure du champ de la convention des groupes professionnels entiers, comme les chauffeurs de chantier ou les conducteurs d'excavatrice dans les gravières".
Les revendications des travailleurs sont notamment de bénéficier d'une meilleure protection contre le dumping salarial, les risques menaçant leur santé et les pressions croissantes subies au travail. Ils ont aussi réclamé leur "juste part" de l'essor de la construction de ces dernières années, sous la forme d'une hausse de salaire de 100 francs.
Négociations suspendues
L'an dernier, le chiffre d'affaires de la branche de la construction a augmenté de 3,1%, tandis que l'emploi diminuait de 3,5%, relèvent les syndicats. "Ces chiffres parlent d'eux-mêmes: tant les pressions au rendement que la productivité augmentent massivement. Certaines entreprises travaillent quasiment jour et nuit, suppriment les pauses, font effectuer deux tournus de suite à leur personnel ou négligent les prescriptions de sécurité".
En outre, la main-d'oeuvre des chantiers attend depuis deux ans une augmentation des salaires minimums. La convention nationale du secteur principal de la construction, qui définit les conditions de travail de près de 100'000 personnes employées sur les chantiers, expirera en fin d'année.
Les syndicats et les entrepreneurs négocient depuis février dernier. Les syndicats tiennent à obtenir une convention renouvelée d'ici la fin de l'année, afin d'éviter tout vide conventionnel. La SSE a suspendu les négociations en mai dernier.
ap/lan