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Budget de l'armée: le National reste inflexible

Soldats suisses en manoeuvre. [Arno Balzarini - Keystone]
Le projet du Conseil fédéral prévoit de réduire de moitié le nombre de soldats (de 170'000 à 80'000). - [Arno Balzarini - Keystone]
Le Conseil national campe sur ses positions concernant l'avenir de l'armée et l'achat de nouveaux avions de combat. Comme les Etats, il prône une armée à 100'000 hommes et désavoue le Conseil fédéral qui entendait la réduire à 80'000 hommes.

En revanche, la Chambre du peuple a accepté à une courte majorité un plafond de dépenses de 5 milliards de francs qui permettrait de ne pas soumettre au référendum le remplacement des avions de combat "Tiger". Le dossier retourne au Conseil des Etats.

PS contre une "armée de luxe"

"C'est une armée de luxe que vous voulez et la population n'en veut certainement pas", a plaidé en vain la conseillère nationale Evi Allemann (PS/BE). On fait tout pour empêcher le peuple de se prononcer, a-t-elle souligné. Et de réclamer de la droite qu'elle précise où trouver les 600 millions supplémentaires pour l'armée. Un programme d'économies au détriment d'autres domaines sera nécessaire, a-t-elle critiqué.

Selon Josef Lang (Verts/ZG), les différents chiffres avancés au fur et à mesure de l'avancement du dossier par le ministre de la défense Ueli Maurer sont totalement fantaisistes.

Mais les tentatives du camp rose-vert, qui ont appelé le PLR et le PDC à ne pas aller plus loin que ne le souhaite le Conseil fédéral, sont restées vaines. Par 112 voix contre 76, le National a refusé d'en revenir au concept du gouvernement: armée de 80'000 militaires, budget annuel de 4,4 milliards de francs, achat des avions reporté en attendant un financement spécial (lire l'encadré).

Le National ne veut pas de référendum

Pas question non plus de soumettre le financement de l'armée au référendum facultatif: cette proposition a été repoussée par 98 voix contre 93, malgré le soutien du PDC.

"Chaque fois qu'il s'agit d'assurances sociales, les caisses sont vides alors que pour l'armée, ce n'est pas le cas: la population ne comprendrait pas", a relevé Max Chopard-Acklin (PS/AG) qui voulait s'en tenir au projet du Conseil fédéral avec une armée à 80'000 hommes. "Reconnaissez que vous voulez supprimer l'armée", avait auparavant lancé à Josef Lang l'UDC zurichois Bruno Zuppiger.

Les UDC sont partagés

Le groupe UDC était lui partagé sur la question du référendum. Le PLR a soutenu la position du Conseil des Etats avec une armée à 100'000 hommes, un plafond de dépenses à 5 milliards de francs par an. Ce qui doit permettre de dégager 1,2 milliard pour combler les lacunes dans l'équipement. Il s'agit également de soutenir l'industrie des machines, a souligné Corina Eichenberger-Walther (PLR/AG).

"Les deux Conseils veulent les avions mais ont des divergences sur le calendrier", a observé Arthur Loepfe (PDC/AI). Il a souligné que le financement était tout à fait possible avec un plafond à 5 milliards. Les crédits militaires résiduels non utilisés se montaient à quelque 466 millions à fin 2010 et devraient atteindre quelque 666 millions à la fin de cette année. Ce qui va permettre d'acheter de nouveaux avions ce combat dans un délai beaucoup plus court que ne le prévoit le Conseil fédéral.


"Il faudra économiser ailleurs"

Selon Eveline Widmer-Schlumpf, il est clair que les dépenses militaires supplémentaires décidées mardi par les Chambres fédérales conduiront à des économies dans d'autres domaines. La ministre des Finances s'exprimait dans l'émission "Echo der Zeit" de la radio alémanique DRS.

La conseillère fédérale indique ainsi que les parlementaires ne peuvent pas compter sur des excédents budgétaires pour financer les dépenses supplémentaires de l'armée. Jusqu'à récemment, la Confédération comptait sur un budget excédentaire pour 2012. Elle prévoit désormais au mieux un budget équilibré.

"Il faut prendre cet aspect en compte dans toutes les décisions prises actuellement", a dit Eveline Widmer-Schlumpf. Pour pouvoir augmenter l'enveloppe destinée à l'armée, il faudra en conséquence économiser dans d'autres domaines, plus probablement dans l'infrastructure, la formation ou la recherche, a-t-elle précisé.

Avec un budget à 5 milliards, l'armée aura à disposition chaque année 900 millions de plus qu'actuellement et 600 millions de plus que ce que le Conseil fédéral avait prévu. Conseil national et Conseil des Etats n'ont pas encore défini d'où ces fonds supplémentaires devaient provenir.

agences/mej

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Le détail du projet du Conseil fédéral

De son côté, le ministre de la Défense a reconnu que le projet du gouvernement tablait sur 2020-2022 pour la livraison de nouveaux avions.

Le dernier rapport du Conseil fédéral sur l'armée prévoit de faire passer ses effectifs de plus de 170'000 soldats à 80'000 dans les prochaines années.

Les dépenses annuelles devraient se stabiliser au montant actuel de 4,4 milliards de francs par an. Le Conseil des Etats veut y ajouter 1,2 milliard pour combler les lacunes d'équipements.

Le ministre de la Défense, Ueli Maurer, s'y oppose, car il doute des possibilités de financer ce montant. L'autre divergence de taille porte sur l'acquisition de 22 avions de combat pour le remplacement partiel des F-5 "Tiger".

Le Conseil des Etats opte pour un financement spécial sur lequel pourrait se prononcer le peuple en cas de référendum. L'enveloppe a toutefois été réduite, passant de cinq à quatre milliards de francs, en vue de tenir compte de la force du franc, les offres des fabricants étant faites en euros.